lundi 28 août 2023

DONJONS ET DRAGONS : L'HONNEUR DES VOLEURS n'a vraiment pas eu le succès qu'il mérite


Sorti en Avril dernier en France, Donjons et Dragons : L'Honneur des Voleurs est l'adaptation du jeu de rôles sur table. Et bien que tous ceux qui l'ont vu aient loué ses qualités cinématographiques, ce film n'a pas été un succès commercial. Un échec inexplicable tant le résultat est jubilatoire, servi par une réalisation, une écriture et une interprétation impeccables;


Edgin Darvis fit partie de l'ordre des bardes qui traquait les magiciens rouges. Mais ces derniers se vengèrent en tuant sa femme. Dévasté, il élève seul sa fille Kira et s'allie à une bande de brigands, formée par Holga Kilgore, Forge Fitzwilliam, Simon Aumar et la mystérieuse Sofina. Jusqu'à ce qu'ils entreprennent de cambrioler un repaire des bardes et ne tombent dans un piège. Holga et Edgin sont arrêtés et jetés en prison tandis que Forge promet de s'occuper de Kira.


Après deux ans de détention, Edgin et Holga s'évadent et rejoignent Forge pour récupérer Kira. Mais leur ancien complice est devenu un seigneur avec l'appui de Sofina et surtout il a raconté à Kira que son père avait préféré l'abandonner pour faire fortune. Sofina fait arrêter Holga et Edgin pour qu'ils soient exécutés mais ils réussissent à s'échapper. 


Ayant appris que Forge va organiser des jeux du cirque auxquels il a conviés les puissants de plusieurs royaumes, Edgin veut le dépouiller à cette occasion mais il lui faut assembler une équipe. Avec Holga il retrouve Simon Aumar la magicien qui les convainc de recruter Doric, une métamorphe qui veut protéger les habitants de sa forêt contre l'armée de Forge.
 

Dans le butin de Forge se trouve une tablette de résurrection volée jadis au repaire des bardes et avec laquelle Edgin pourrait ramener sa femme à la vie et convaincre sa fille de partir avec lui. Mais la salle des trésors de Forge est protégé par un sort puissant que seul le casque de disjonction peut leur permettre de franchir. Ce casque est en possession de Xenk Yendar, un ancien magicien rouge devenu paladin qui accepte de le céder si Edgin reverse le trésor au peuple.


Mais une fois en possession du casque, Simon est incapable de l'utiliser correctement. Edgin imagine un plan B mais Forge et Sofina piège la bande et l'expédie dans l'arène lors des jeux du cirque où ils doivent éviter d'être dévorer par un griffon. Cependant, Forge fait transférer le trésor dans un bâteau et livre la ville à Sofina qui invoque un sort pour transformer les habitants en une armée de zombies. Edgin et ses amis réussissent à quitter l'arène et arrêter Forge.


Mais alors qu'ils prennent le large, ils voient le sort de Sofina s'abattre sur la ville et font demi-tour pour l'affronter. Au terme du combat, ils la tuent mais Holga est mortellement blessée. Edgin utilise la tablette de résurrection pour la sauver. Comme il l'avait promis à Xenk, le trésor est laissé à la population qui célèbre la bande comme des héros. Xenk lui envoie Forge en prison.

On devine que pour le studio Paramount Donjons et Dragons : L'Honneur des Voleurs représentait une opportunité pour bâtir une franchise de plusieurs longs métrages. Le jeu de rôles sur table commercialisé par Hasbro a connu un énorme succès à travers le monde et le projet d'adaptation cinématographique a d'abord failli se faire chez Warner.

Mais, inexplicablement, le public n'a pas suivi. Le film a remboursé son budget mais sans faire de gros profits (à peine 200 millions $ de recettes pour une mise de 150 millions $) et il paraît désormais très improbable qu'on ait droit à une suite. Quel dommage !

Je l'avoue, je n'avais pas prévu d'aller voir le film en salles mais ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est que tous ceux qui en parlaient après l'avoir vu en disaient le plus grand bien, louant un divertissement très bien écrit, réalisé et joué. Comment alors justifier que les spectateurs n'aient pas été plus nombreux ?

C'est un vrai mystère auquel je n'ai pas la réponse. Tout démarre par une narration très accrocheuse : on est présenté à Edgin le barde et Holga la guerrière alors qu'ils plaident leur cause devant un jury qui doit décider s'ils peuvent être libérés de prison. Un flashback explique comment et pourquoi ils sont là et tout est rapidement expliqué. L'univers du récit est précisément posé et les personnages sont bien campés. Il y a là un mélange d'aventures médiévales, de fantasy et de heist movie franchement épatant. Puis Edgin et Holga s'évadent, sans entendre que le jury avait choisi de les relâcher.

Découvrant qu'un complice les a trahis, le duo planifie sa vengeance et recrute des alliés. Un magicien maladroit et une métamorphe se joignent à eux, et cette improbable équipe se met en route pour trouver une relique qui leur permettra de pénétrer une salle aux trésors protégée par un puissant sortilège. Le quatuor rencontre ainsi un ancien sorcier devenu paladin et l'aventure se poursuit de plus belle pour un troisième acte encore plus endiablé.

Il n'y a aucun temps mort, aucune faute de goût, aucune erreur de parcours dans ce script. Vraiment, comment ne pas être emballé par cette succession de péripéties où l'humour est malicieux à souhait, les protagonistes superbement caractérisés, les décors exotiques, l'action permanente, jusqu'à la dernière partie elle aussi irréprochable ? Les voies du box office sont impénétrables, plus encore que la salle des trésors de Forge Fitzwilliam.

Je n'ai jamais joué à Donjons et Dragons, les jeux de rôles ne m'intéressent pas, mais je me suis laissé entraîner sans aucun préjugé dans le film qui fonctionne sans que le spectateur ait besoin d'être un connaisseur. Au contraire, tout est formidablement accessible. La mise en scène (assurée comme le scénario) par le binôme Jonathan Goldstein et John Francis Daley est un modèle du genre, elle n'impose pas un montage haché ni des effets spéciaux bâclés : tout est soigné, cadré, c'est de la belle ouvrage, avec une sorte de classicisme qui fait penser davantage aux films de chevalerie comme ceux de Richard Thorpe et George Sidney - et peut-être que, pour certains, c'était la limite, cet aspect presque old school.

Mais vraiment, c'est regrettable. D'autant que le casting, même s'il ne comportait aucune vedette, était solide et présentait même le mérite d'une authentique fraîcheur, favorisant de bons acteurs, correspondant aux rôles. Chris Pine, par exemple, n'a jamais brillé à mes yeux, que ce soit dans Star Trek ou Wonder Woman, mais dans la peau de ce barde filou, il est fabuleux. Michelle Rodriguez trouve ici plus à jouer que dans la franchise Fast and Furious et son rôle de guerrière est épatant. Justice Smith, que j'avais beaucoup aimé dans Tous nos jours parfaits, est une fois encore parfait en magicien malhabile. Sophia Lillis, l'extraordinaire révélation de la série Netflix I'm not OK with this (hélas ! annulée au bout d'une saison), est la plus charmante des métamorphes avec ce côté piquant irrésistible. Quant à Regé Jean-Page, on regrette qu'il ne soit pas davantage présent. Et Hugh Grant excelle à jouer les méchantes fripouilles aux côtés de la flippante Daisy Head.

Il y a donc là matière à réfléchir sur les attentes du public en matière de films de divertissement. Non, définitivement, il n'y a pas de recettes pour attirer les spectateurs dans les salles. Mais ça n'empêche pas de s'en désoler quand un film comme celui-ci n'a pas eu l'accueil positif qu'il méritait.

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