Si hier j'écrivais que World's Finest était ma série mainstream (au moins parmi celles publiées par DC) favorites, Nightwing sombre chaque mois un peu plus dans mon classement. Ce 94ème épisode ne fait pas vraiment exception à la règle : non qu'il soit horrible à lire, mais parce que rien d'intéressant ne s'y passe. Et en prime, Bruno Redondo est (encore) absent, remplacé par Geraldo Borges. Quand ça veut pas...
La procureur général de Blüdhaven déclenche une vague d'arrestations dans la police. Melinda Zucco avertit le commissaire MacLean de fuir mais il est rattrapé par Nightwing, aussi prévenu par sa soeur.
Des dossiers compromettants sont ainsi collectés par Oracle tandis que la procureur général présente la remplaçante de MacLean : Maggie Sawyer, ex du CGPD et venant de Metropolis.
Ces manoeuvres déplaisent à Bockbuster qui convoque Melinda, en menaçant sa mère. Elle lui explique ,n'avoir pas le choix pour Sawyer, pressée par la procureur.
Blockbuster l'emmène dans un hangar où il détient celui qu'il pense être la taupe ayant dénoncé McLean : l'Electrocuteur. Melinda obtient de rester seule avec lui et en profite pour appeler Nightwing.
Il y a quelque chose de profondément triste à voir une série qui vous plaisait ne plus vous plaire. C'est comme du sable qui vous glisse entre les doigts, vous ne pouvez rien y faire. Le charme s'est rompu, dissipé, la magie n'opère plus, l'histoire se passe sans plus vous emporter avec elle.
Je ne vais pas revenir sur les débuts du run de Tom Taylor et sa collaboration si grisante avec Bruno Redondo. Mais un point statistique éclire de manière troublante la déliquescence du titre et du duo : depuis le début de l'année, sept numéros de Nightwing sont sortis, et seulement quatre ont été déssinés par Redondo. Lequel Redondo n'a signé que les deus derniers chapitres de la série et est remplacé une nouvelle fois ce mois-ci par Geraldo Borges.
Est-ce un rendement digne ? Sans trop en demander, je ne le crois pas. Hier encore, j'évoquais la force de travail impressionnante d'un Dan Mora, qui livre une quarantaine de pages par mois, produit deux séries simultanèment, des couvertures à la pelle. Sans aller aussi loin, deux épisodes pour Redondo qui se fait ensuite suppléer, ce n'est pas sérieux.
J'ai souvent beaucoup passé de choses à des artistes que j'aime dans le passé, comme David Aja qui était lui aussi très fâché avec les délais. Mais d'une part, à chaque fois, il sortait des épisodes de malade, et ensuite, Hawkeye était une série que Marvel laissait filer, consciente qu'il fallait mieux accepter ses retards que casser ce miracle qui leur rapportait des prix et du prestige. Toutefois, Redondo n'est pas Aja, et je ne saurais l'excuser avec autant d'indulgence.
Geraldo Borges fait ce qu'il peut et ma foi, il se débrouille honorablement. Mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a tromperie sur la marchandise. DC nous a vendu Nightwing par Tom Taylor et Bruno Redondo, pas par Taylor et Borges. Ce dernier livre quelques pages vraiment de bon niveau (la course-poursuite entre Nightwing et MacLean), mais l'ensemble reste léger, parfois btouillon, avec un trait tremblant.
Adriano Lucas reste aux couleurs et assure donc une cohérence graphique à la série, mais c'est ttout. Lui aussi n'est pas un coloriste de la trempe d'un Matt Hollingsworth, d'un Matt Wilson, d'un Marte Gracia, d'un Dave Stewart, ce genre de partenaires qui donne un vrai cachet à une série.
Voilà pour la forme. Passons au fond. Et, pardon pour le jeu de mots, mais on touche un peu le fond avec cet épisode. Alors qu'on pouvait penser après le précédent épisode et le retour de Heartless, que le scénario allait grimper dans les tours, Taylor freine à nouveau de façon exaspérante, comme s'il ménageait trop ouvertement sa monture (pour atteindre le n°100 de la série où on aurait droit à un vrai climax ?).
Règler l'affaire des flics ripoux, pourquoi pas ? Mais que c'est mou ! Taylor introduit dans la série le personnage de Maggie Sawyer que DC balade déjà pas mal. Celle qui fut une des héroïnes du formidable Gotham Central a ensuite poursuivi sa carrière à Metropolis, et la voilà mutée à Blüdhaven avec l'appui de Melinda Zucco et de la procureur général. Flic intraitable, elle promet bien entendu que plus personne ne sera au-dessus des lois. Nous voilà rassurés...
Evidemment, Blockbuster n'est pas content et cela nous conduit à la fin de l'épisode avec une chute téléphoné au possible (et c'est vraiment le cas de le dire puisqu'un coup de fil va provoquer un effet domino). Ce sont là les maux de Nightwing depuis plusieurs mois : tout est mou et prévisible, l'intensité est absente.
Tom Taylor plaisante souvent sur Twitter qu'on le confonde avec Tom King lors des dédicaces (et King en rit aussi). Pourtant, s'il y a bien une raison de les associer, au-delà du fait qu'ils écrivent tous les deux pour DC, c'est qu'ils semblent définitivement plus à leur avantage dans le format des mini-séries que dans celles des ongoing. Comme King sur Batman, qui, passé le 50ème épisode, avait sérieusement piqué du nez, Taylor semble incapable de conserver à Nightwing ce qu'il avait réussi à lui injecter de satisfaisant au début. La question peut vraiment se poser de savoir si, comme King, il ne devrait pas se contenter de faire ce qu'il sait le mieux en abandonnant une publication mensuelle - mais je doute que ça arrive de sitôt (il est désormais exclusif DC, ce qui signifie que l'éditeur compte sur lui, et puis il adore Nightwing - même s'il l'écrit de moins en moins bien).
Cette fois, c'est sûr, il me faudra un 95ème épisode bien meilleur pour que je continue à m'accrocher, faute de quoi l'aventure Nightwing s'achèvera en Août pour moi.
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