Pour une série dont je n'attendais strictement rien (qui plus est après la désillusion que fut Moon Knight), Ms. Marvel frappe fort et juste. A tel point que l'adaptation du comic-book créé par Sana Amanat, G. Willow Wilson et Adrian Alphona se place d'entrée de jeu parmi mes productions Marvel/Disney + favorites. En six épisodes, c'est un vrai souffle d'air frais sur le MCU , porté par une actrice lumineuse et une histoire plus profonde qu'il n'y paraît.
Kamala Khan, 16 ans, est une fan de Captain Marvel et se prépare pour le concours de cosplay lors de l'AvengerCon, contre l'avis de ses parents, Yusuf et Muneeba. Pour améliorer son déguisement, Kamala trouve dans une malle du grenier familial un vieux bracelet ayant appartenu à son arrière-grand-mère, Aisha. Finalement, elle fait le mur, le soir venu, et part avec son meilleur ami Bruno Carelli. Mais une fois sur place, alors qu'elle se présente sur la scène où défilent les cosplayers, Kamala constate que le bracelet irradie et l'investit de pouvoirs. Elle sauve une de ses rivales, Zoe Zimmer, d'un accident et fuit avec Bruno. De retour chez elle, est est grondée par Muneeba. Par ailleurs, l'organisation Damage Control mène l'enquête sur ce qui s'est passé à la convention...
Avec l'aide de Bruno, Kamala apprend à comprendre le fonctionnement du bracelet et s'entraîne. Ils se rendent ensuite à la fête donnée par Zoe où Kamala fait la connaissance de Kamran, qui se présente comme un lointain cousin des Khan et qui la séduit. La police arrive pour demander aux jeunes de faire moins de bruit et, pensant qu'elle va être arrêtée, Kamala s'enfuit. Enhardie, elle patrouille en se servant de ses pouvoirs mais attire l'attention une nouvelle fois en sauvant un enfant d'une chute mortelle. Damage Control la prend en chasse et elle ne doit son salut qu'à Kamran dans la voiture duquel elle monte et où elle rencontre Najma, la mère du garçon.
Chez Najma, Kamala est présentée aux Clandestins qui lui racontent l'histoire de Aisha. Tous viennent d'une dimension parallèle via le Noor, un portail qu'on peut ouvrir avec le bracelet. Kamala souhaite les aider à rentrer chez eux mais demande un temps de réflexion. Elle se confie à Bruno qui la met en garde contre le danger d'ouvrir le Noor. Najma s'impatiente et décide d'arracher de force le bracelet à Kamala lors du mariage d'Aamir, son frère. Kamran avertit Kamala qui affronte les Clandestins, mais, dominée, elle doit battre en retraite. C'est alors qu'elle reçoit un appel de Sana, sa grand-mère, qui la presse de la rejoindre au Pakistan.
Kamala s'envole pour Karachi en compagnie de sa Muneeba. Sur place, Sana lui confirme les dires des Clandestins et sur la disparition mystérieuse de Aisha lors de la partition entre l'Inde et le Pakistan. Kamala enquête du côté de la gare où elle est abordée par Kareem, un membre de l'organisation des Red Daggers. Il la conduit à Waleed, leur chef, qui détaille les conséquences de l'ouverture du Noor : les Clandestins ne veulent pas seulement rentrer chez eux mais envahir notre Terre avec leur peuple. Najma et sa bande surgissent et attaquent. Kareem entraîne Kamala à l'abri mais ils sont rattrapés dans la cour d'un immeuble. Lors du combat qui s'ensuit, Najma frappe avec un poignard le bracelet et ouvre une faille spatio-temporel qui envoie Kamala en Inde en 1942 !
1942. Aisha fuit les Clandestins après avoir deviné leur projet d'invasion. Elle trouve refuge auprès de Hasan avec qui elle se marie et a une petite fille, Sana. Mais Najma la retrouve et les britanniques décident de la partition entre l'Inde et le Pakistan. Aisha force Hasan à fuir avec Sana pendant qu'elle affronte Najma dans la gare bondée. Najma tue Aisha mais Kamala l'empêche de récupérer le bracelet et le remet à Sana. Revenue à notre époque, Kamala voit Najma ouvrir le Noor et le franchir mais elle est désintégrée. Ses pouvoirs de djinn sont transmis à Kamran qui, à New York, se présente chez Bruno pour qu'il l'aide. Lorsque Damage Control arrive, Kamran provoque une explosion...
De retour avec Muneeba à New York, Kamala apprend par son ami Nakia Bahadir que l'immeuble de Bruno a été détruit. Il se cache, blessé, avec Kamran dans le lycée. Elle les rejoint et, avec Nakia, Zoe, Aamir, elle élabore un plan pour empêcher Damage Control des les arrêter, elle et Kamran. Mais la situation dégénère quand Kamala révèle la mort de Najma, déclenchant la colère de Kamran qui s'en prend aux agents de Damage Control, au risque de blesser les civils amassés devant le lycée. Kamala doit alors à la fois calmer Kamran et contrer les attaques de Damage Control. Elle couvre la fuite de Kamran à qui elle conseille d'aller voir Kareem à Karachi puis, protégée par les habitants du quartier, échappe à Damage Control, acclamée coomme une héroïne... Quelques jours après, Bruno révèle à Kamala qu'elle peut contrôler ses pouvoirs à cause d'une mutation de son ADN.
Une scène post-générique de fin conclut le dernier épisode : de retour d'une patrouille, Kamala réintègre sa chambre. Mais son bracelet se met à luire et elle disparaît subitement tandis que Carol Danvers. Captain Marvel prend sa place dans sa chambre, sans comprendre ce qui se vient de se passer et où elle est.
Décidément, les séries Marvel sur Disney + contredisent tous les pronostics. Alors que, comme beaucoup, je plaçais beaucoup d'espoir dans l'adaptation de Moon Knight, j'ai franchement déchanté à la fin des six épisodes complètement tarabiscotés, malgré la prestation investie de Oscar Isaac.
Le successeur de Moon Knight était Ms. Marvel et c'est peu dire que je n'étais pas hypé par cette perspective. Je n'ai rien contre ce personnage, mais je n'en attendais rien, je voyais plus loin avec She-Hulk. Sauf qu'entretemps un premier teaser de cette dernière était mis en ligne et que ce n'était vraiment pas emballant (espérons que d'ici sa diffusion le mois prochain, notamment sur le plan des effets spéciaux, il y ait eu des améliorations).
Ms. Marvel a d'abord été l'alias de Carol Danvers, créée en 1968 par Roy Thomas et Gene Colan. Puis en 2013, dans un épisode de Captain Marvel dont Carol Danvers assumait désormais le surnom apparut Kamala Khan, une jeune pakistanaise fan de la super-héroïne. C'est l'editor Sana Amant qui eut, la première, l'idée de ce personnage, en quête de plus de diversité ethnique. Avec l'aide de la scénariste G. Willow Wilson, convertie à la religion musulmane, et du dessinateur Adrian Alphona, et avec un design de Jamie McKelvie, elle eut rapidement droit à sa propre série au lendemain de l'event Infinity en 2014.
Son origine dans les comics est donc liée aux Inhumains quand Black Bolt déclenche une bombe destinée à "réveiller" des nu-inhumans en sommeil parmi la population humaine. Les brumes terrigènes de la bombe atteignirent Kamala une nuit où elle s'était rendue à une fête et la dotèrent de pouvoirs.
On comprend en sachant ceci qu'il était sinon impossible en tout cas très compliqué de respecter cette origin story pour une adaptation en série télé. D'abord parce que les Inhumains sont absents du MCU et ensuite parce que les événements de Infinity n'ont jamais eu lieu. On verra que les scénaristes ont contourné le problème pour introduire un concept très attendu par les fans (même si d'autres râlent au sujet de ce changement).
Bisha V. Ali, le showrunner, a voulu une série qui s'adresse à un public jeune, ce qui constitue une rupture avec les précédentes séries Marvel sur Disney +. Cela se traduit d'abord visuellement avec des effets graphiques inspirées du film Scott Pilgrim d'Edgar Wright d'après la BD de Brian O'Malley. Ainsi des dessins s'inscrustent dans l'image pour représenter les idées et humeur des personnages. La photographie met aussi en valeur les couleurs bariolées des habits traditionneles pakistanais et indiens. Tout ça donne du pep's au look de la série.
La réalisation est également très énergique, avec des épisodes assez brefs (aux alentours de 40', parfois moins). Pas de temps morts, mais des dialogues qui fusent, de l'action fréquemment, des décors dépaysants (avec les épisodes 4 et 5), mais aussi, et ça, c'est nouveau et ça contredit la légèreté de surface de la série, une volonté manifeste de revenir sur des faits historiques douloureux et méconnus pour alimenter le background de l'héroïne.
Car Kamala Khan/Ms. Marvel est certes la première super-héroïne musulmane et pakistanaise, mais ce n'est pas un gadget communautariste destinée à draguer un public qui échappe à Marvel/Disney. La volonté des auteurs est quasi pédagogique et, de ce point de vue, la protagoniste est sûrement un des personnages avec le passé le plus fouillé de tout le MCU. Songez que les racines de Kamala remontent la partition entre l'Inde et le Pakistan, une tragédie oubliée survenue à la suite du départ des anglais de leur colonie en 1942, et qui obligea des millions de personnes à l'exode.
Les auteurs ont ajouté un élément fantastique qui a suscité une petite polémique, comme les réseaux sociaux adorent en inventer car l'aïeule de Kamala, Aisha, est une djinn, or pour les musulmans, ces divinités sont des entités généralement maléfiques. Pourtant, ça ne signifie pas que Kamala soit elle-même une djinn, comme ce sera révélé dans le dernier épisode, mais ça explique de manière exotique et habile la provenance de son bracelet magique et des Clandestins.
On a aussi reproché à la série son manque de méchants, et là, je m'en étonne car entre Damage Control (qui traque les "altérés", terme employé pour des individus aux pouvoirs supposément dangereux), et les Clandestins, l'adversité ne manque pas pour former Kamala.
Tout ça en vérité ne sont que des prétextes avancées par les grincheux de service contrariés apr la révélation finale de la série (attention : spoilers !) : Kamala Khan est une mutante, et c'est donc la première du MCU, en tout cas la première qu'on rencontre (car je pense que l'introduction des X-Men révélera qu'ils se cachaient depuis un moment). La série fait docn d'une inhumaine dans les comics une mutante pour le MCU, et c'est comme un retour de bâton car quand les Inhumains revinrent sur le devant de la scène à l'occasion de l'event Infinity, à l'époque Disney ne possédait pas encore les droits d'exploitation ciné des mutants et Marvel envisagea d'éliminer les mutants dans les comics pour les remplacer par les Inhumains. Le flop des séries Inhumanity, Uncanny Inhumans, All-New Inhumans et de la série Inhumans sur ABC sonnèrent le glas de ces personnages (ensuite décimés dans Death of Inhumans de Donny Cates et Ariel Olivetti).
La série doit beaucoup, et même énormément à son casting, qui ne mise que sur des inconnus, là encore une nouveauté bien inspirée. Matt Lintz (Bruno), Yasmin Fletcher (Nakia), Laurel Marsden (Zoe), Saagar Shaikh (Aamir, désopilant), Aramis Knight (Kareem), et le couple Zenoba Shroff (Muneeba) - Mohan Kapur (Yusuf) ssont tous formidables. Ils campent des personnages aimables, attachants, profonds, complémentaires.
Mais c'est bien Iman Vellani qui remporte tous les suffrages. Remarquée lors d'une audition, elle a tapé dans l'oeil du directeur de casting et conquis toute l'équipe de production car elle ne joue pas son personnage, elle est Kamala. Comme elle, c'est une véritable geek, passionnée de comics, incollable sur la série Ms. Marvel (au point de débattre avec Kevin Feige sur le fait que la Terre du MCU n'est pas la 616, comme c'était établi dans Spider-Man : No Way Home et Doctor Strange in the Multiverse of Madness). Cette jeune actrice débutante est prodigieuse, son naturel est confondant, c'est une vraie bourrasque d'air frais dans le MCU, éclipsant ses vedettes avec une facilité confondante. Une vraie star déjà, sy drôle, si vive, irrésistible.
Lorsque, dans la scène post-générique du dernier épisode, Brie Larson échange sa place avec elle, c'est non seulement jubilatoire mais c'est aussi le teaser le plus efficace qui soit pour The Marvels, la suite de Captain Marvel, qui sortira l'an prochain.
Si vous n'aimez pas Ms. Marvel, je ne peux rien pour vous. Cette série fait un bien fou, son actrice principale est fantastique, et savoir qu'on va retrouver Kamala aux côtés de Monica Rambeau et Carol Danvers me met en noie, ça va être ouf.
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