Ce cinquième épisode marque la fin du premier de la série Batman - Superman : World's Finest. Comme depuis le début, c'est un concentré d'action, mené sur un train d'enfer, et servi par des dessins spectaculaires. Mark Waid et Dan Mora affichent une complicité jubilatoire et le lecteur est comblé (ou alors je n'y comprends plus rien !).
Le temps est compté : Nezha va bientôt reprendre connaissance et il faut l'enfermer dans sa tombe. Mais un des héros doit le suivre. Pendant qu'ils se disputent à ce sujet, Nezha se ressaisit.
D'abord possédé par Nezha, Superman est délivré de cette emprise par Robotman sur lequel le démon n'a pas d'emprise. Superman ramène illico presto une arme de sa forteresse de solitude.
Il envoie Nezha dans la zone fantôme mais le démon réussit à s'en extraire par une brêche. Superman lui fonce alors dessus et s'enferme dans al tombe avec lui.
Toutefois Batman remarque que la brêche sur la zone fantôme n'est pas refermée et que Superman a embarqué avec lui le piistolet qui l'a ouvert. Tous les héros s'emploient à aider leur ami à revenir...
Réussiront-ils ? Ha, ha, je ne vous le dirais pas ! Mais à elle seule, cette scène résume cet épisode : de la tension, de l'énergie, de la volonté, des coups de théâtre, jusqu'au bout - avec un épilogue qui annonce non pas la suite directe de la série mais le futur projet de Mark Waid pour la rentrée (Batman vs Robin, que dessinera Mahmud Asrar).
Je ne craignais pas grand-chose mais en finissant la lecture de cinquième épisode, j'ai été comblé car il est aussi réussi et enthousiasmant que les quatre précédents. Pour moi, il n'y a pas photo : World's Finest est la meilleure série mainstream actuelle, celle que je lis avec le plus de plaisir, que j'attends avec le plus d'impatience.
Le retour de Mark Waid chez DC est donc une réussite et quand je vois ce qu'il prépare dans les prochains mois (Batman vs Robin donc, mais aussi un titre Black Label sur Superman avec Bryan Hitch) je suis comme un gosse devant des sucreries. J'ai toujours eu de l'intérêt et de l'admiration pour ce scénariste, qui a souvent travaillé avec quelques-uns de mes artistes favoris (dont Wieringo et Samnee), et je constate qu'il ne se repose pas sur ses lauriers, il en a encore sous le pied, le bougre.
Cet épisode ne comporte en fait qu'une séquence, avec ds personnages au pied du mur, devant un cas de conscience terrible : qui va accepter de s'enfermer avec Nezha pour qu'il ne s'échappe plus ? Supergirl le souhaite parce qu'elle culpabilise d'avoir perdu Robin dans le flux spatio-temporel ; Superman est prêt car, hé bien, c'est Superman et qu'on peut toujours compter sur lui ; et les trois membres de la Doom Patrol se considèrent eux-mêmes comme négligeables.
Mais pendant que tout ce beau monde débat, Nezha se réveille et prend possession de Superman puis Elasti-Girl puis Negative Man. Fort habilement, Waid fait de Robotman le joker de cette bataille car sa technologie l'immunise contre l'influence du démon. Le temps pour Superman de reprendre ses esprits, de filer jusqu'à la forteresse de solitude et de revenir et Nezha est envoyé dans la zone fantome. Rideau ?
Non, et c'est là que ça devient grisant parce que Waid réussit le plus délicat : rebondir sur un terme qui serait déjà convenable pour la majorité. Il enchaîne avec quelques autres moments forts, intenses, qui mettent en valeur à la fois Superman même quand il est hors champ (et qui prouve qu'il n'est pas bête, aussi malin que Batman à l'occasion) et le groupe formé par la Doom Patrol, Batman et Supergirl quand il reste une chance de sauver Kal-El (et non, je ne vous dirais pas s'ils y arrivent).
Bien entendu, il faut pour soutenir un script un dessinateur à la mesure, quelqu'un qui fasse croire par la puissance de ses images à ces coups de la dernière chance. Dan Mora met le paquet, en affichant une invention intacte après quatre épisodes débridés.
La force de travail de Mora a quelque chose de bluffant, vu qu'il tourne à une moyenne de quarante pages/mois (avec cette série et Once & Future) sans oubleir les couvertures et variantes qu'il signe. A quand dort-il ? A quand récupère-t-il pour avoir encore le ressort nécessaire à la production de planches aussi dynamiques ? C'est fort !
La qualité de son trait ne souffre jamais, il campe des personnages toujours dans le mouvement, dans l'expression, sans jamais rechigner sur les détails, les cases exigeantes, le découpage lisible et electrisant. Mora commence à avoir quelques heures de vol, il dessine énormément, il s'adapte à des auteurs très différents (Morrison, Gillen, Tamaki, Waid), sans donner l'impression de forcer. Evidemment, ce n'est qu'une impression. Pour un tel talent, il faut du travail, et vice-versa. Mais quand même, le gars en impose. C'est une bête, qui rend moins indulgent vis-à-vis de ceux qui tirent la langue au bout de quatre épisodes (ou même moins).
La série va faire une pause avec son dessinateur puisque le mois prochain, Travis Moore jouera les fill-in de luxe. Mais Mora revient au #7 et Waid a prévenu qu'il avait des plans sur le long terme pour ce titre. Tant mieux : j'ai encore faim de ce World's Finest de feu.
*
Je vous poste, en bonus, le très bel hommage qu'on trouve dans les séries DC sortant cette semaine en mémoire de Neal Adams, écrit par Tom King et dessiné par Josh, le fils de l'artiste :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire