La troisième collection d'histoires courtes de Moon Knight : Black, White & Blood est une nouvelle fois excellente. Chaque paire d'auteurs à l'eouvre ici a su exploiter une part du personnage, réussissant même parfois à glisser quelques traits d'humour - ce qui n'a rien d'évident avec un tel héros.
- No Empty Sky. (Ecrit par Jim Zub et dessiné par Djibril Morrissette-Phan.) - Moon Knight fait irruption dans le repaire d'une secte dont les adeptes sont sur le point de sacrifier une jeune fille...
- Astronuts. (Ecrit par Ann Nocenti et dessiné par Stefano Raffaele.) - Marc Spector accepte d'aider la jeuneZest à saboter le voyage vers la lune du Dr. Gem qui veut en exploiter les gisements d'hydrogène...
C'est à croire que le premier numéro de Moon Knight : Black, White & Blood n'avait pas été bien lu avant publication par les editors de cette collection car depuis on a droit à des histoires de plus en plus plaisantes et bien faites. La preuve par trois avec ce pénultième numéro.
On commence par ce Wrong Turn très amusant et c'est déjà une surprise en soi parce que se permettre d'être drôle avec un personnage comme Moon Knight est un sacré pari. Pourtant la scénariste Erica Schultz (qui a auparavant surtout travaillé sur des titres comme Vampirella et Xena chez Dynamite Comics) accomplit cet exploit en mettant en scène une cavale mouvementée au cours de laquelle Jake Lockley doit convoyer malgré lui trois braqueurs de banque. Ceux-ci ignorent évidemment qu'il y a un cinquième passager dans la voiture avec Moon Knight qui murmure à l'oreille du chauffeur.
David Lopez a trouvé le temps, entre deux épisodes de son creator-Owned BlackHead & IronHand (sur la plateforme Panel Syndicate et Image Comics en vo, Urban Comics en vf), de prêter son talent mésestimé à ce court récit. Il dessne un Jake Lockley/Moon Knight malicieux et plein de charme, qui mène en bateau ses passagers en trouvant in fine le temps de leur filer quelques sueurs froides. Le trait rond et expressif de Lopez s'accorde à merveille au texte plein d'esprit de Schultz.
On enchaîne avec No Empty Sky où Jim Zub utilise le Moon Knight des origines, dans son costume entièrement blanc, le poing de Khonshu, implacable et tourmenté. Comme pour le premeir récit, il s'agit en fait d'une longue séquence d'action où la course est remplacée par une baston en règle contre des adeptes d'une secte sur le point de sacrifier une jeune fille innocente. Le dénouement interroge la notion de servitude quand MK doute d'aider la victime en la liant à Khonshu.
Djibril Morrissette-Phan illustre cela avec une efficacité redoutable. Habitué aux productions indés chez Image Comics mais collaborant aussi avec Marvel à l'occasion, c'est un excellent artiste, au trait vif. Son découpage prouve sa maîtrise narrative avec une grande variété dans les angles de vue et les valeurs de plans. Il mériterait d'être testé sur un format plus long.
Enfin, Ann Nocenti se montre très en verve sur Astronuts et ça fait toujours plaisir car quand elle est aussi en forme, c'est l'assurance d'une bonne lecture. De manière troublante, j'ai eu l'impression qu'elle accomplissait ici ce que Jonathan Hickman a complètement échoué à faire sur son segment dans le premeir numéro, c'est-à-dire une aventure déjantée avec Moon Knight dans l'espace. Comme Schultz, Nocenti se permet d'être drôle avec succès, ce qui est rafraîchissant et démontre qu'on pourrait écrire MK autrement que dans des intrigues tortueuses et sombres.
Stefano Raffaele devrait refaire parler de lui (ou alors ce serait une grosse injustice) car jusqu'à présent il a surtout bossé en Europe (pour les Humanos) ou Valiant Comics. Mais j'ai découvert un dessinateur remarquable aux prises avec un script qui oblige à l'excentricité mais aussi à la rigueur pour ne pas sombrer dans l'illisible. Son découpage est sensationnel, avec des décadrages, un flux de lecture foutraque, et pourtant tout est parfaitement lisible. Mieux : l'action est tonique à souhait et sert à la perfection le script, déjà bien survolté.
Le mois prochain marquera la fin de cette série tricolore, avec encore du beau monde (dont une histoire de Christopher Cantwell et une autre par Paul Azaceta, plus une couv' magnifique de Rod Reis).
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