lundi 8 octobre 2018

WONDER WOMAN & JUSTICE LEAGUE DARK : THE WITCHING HOUR #1, de James Tynion IV et Jesus Merino


Cette couverture affreuse vend très mal le prologue du crossover entre les séries Wonder Woman et Justice League Dark intitulé The Witching Hour. Cette histoire, écrite par James Tynion IV, va durer tout le mois d'Octobre, en se poursuivant dès le Mercredi 10 dans Wonder Woman #56, le 17 dans Justice League Dark #4, le 24 dans Wonder Woman #57 et le 31 dans Wonder Woman & Justice League Dark : The Witching Hour #2. Ce premier acte, de près de cinquante pages, est dessiné par Jesus Merino et reprend là où s'arrêtait Justice League Dark #3.


Enfant, Diana a surpris une cérémonie de sorcières sur l'île de Themyscira, invoquant Hécate, le déesse de la magie. Ses disciples marquèrent au fer rouge le front de la jeune amazone mais Hécate les punit pour leur manque de discrétion et de vigilance.


Aujourd'hui. Après avoir difficilement renvoyé l'Homme Inversé d'où il venait, Wonder Woman révèle la menace qu'il représente et le fait que Nabu a usurpé l'identité du Dr. Fate à la Justice League. Zatanna demande le soutien des héros afin de mieux cerner ce danger et le contrer - mais sans dire comme l'amazone a vaincu l'Homme Inversé.


Une fois les deux femmes parties, Hécate efface de l'esprit des membres de la Ligue le souvenir de cet échange. Au bar Oblivion, Traci 13 a réuni les magiciennes et sorcières afin de préparer la riposte. Mais Hécate manipule Rebecca Carstairs/Witchfire pour les toutes les brûler vives - à l'exception de Traci et Nightshade qui réussissent à s'échapper dans une autre dimension.


De retour à leur quartier du Hall de Justice, Diana et Zatanna retrouve Swamp Thing, Chump et Man-Bat lorsque Hécate active à nouveau le pouvoir magique de l'amazone. Elle a besoin d'elle pour reconquérir la magie menacée par Nabu. Mais Zatanna et Chimp s'interposent.


Chimp entraîne ses amis dans la cave qu'il a emménagé et qui conduit au bar Oblivion. La JLD y trouve John Constantine au milieu des cadavres carbonisés des sorcières et magiciennes et qui prévient qu'ils ne seront pas à l'abri ici non plus...

J'ai déjà eu l'occasion de dire que je trouvais précipitée l'idée d'organiser une histoire commune entre la Justice League Dark et Wonder Woman, qui d'ailleurs aurait pu être circonscrite à la série de l'équipe. Et c'est d'autant plus vrai que l'intrigue de ce crossover fait directement suite aux événements de Justice League Dark #3.

L'avantage dans cette entreprise, c'est que tout cela sera réglé en un mois, en allant et venant entre deux séries encadrées par ce prologue et un épilogue. Le tout écrit par le même scénariste, James Tynion IV. L'auteur devra néanmoins prouver que ce qu'il a à raconter en vaut la peine (alors que son premier arc de la JLD m'a laissé sur ma faim) et surtout que sa drôle d'équipe, pas vraiment magique, peut résoudre ce problème.

Car, c'est le souci depuis le début, la JLD de Tynion IV peine à (me) convaincre quant à son domaine de compétence. Zatanna est la seule véritable magicienne d'une formation agissant dans ce milieu. John Constantine rode autour du groupe sans en faire partie tout en agissant comme s'il en était (et qu'il en savait plus que les autres). Man-Bat est un scientifique. Chimp un détective mystique. Swamp Thing une force élémentaire.

Et Wonder Woman ? Tynion IV l'a investie d'un pouvoir magique jusqu'ici inconnu, y compris d'elle-même, et bigrement providentiel. Ce crossover appuie sur cet élément en essayant de le légitimer via la déesse Hécate qui aurait ainsi marqué plusieurs personnes afin de les réactiver le moment venu - et nous y sommes puisque Nabu a décidé de détruire la magie.

Le coût du pouvoir, des "agents dormants" magiques, une déesse préservatrice, un sorcier fou, tout ça n'est pas très original. Mais reconnaissons que c'est emballé avec efficacité. Plus long qu'à l'accoutumée avec presque cinquante pages, ce prologue mêle provisoirement la Justice League (vite hors-jeu) à l'affaire et décime promptement une assemblée de mages féminines. Ce coup de balai est radical, comme si DC avait voulu se débarrasser d'un paquet de personnages, mais ne sert guère l'image Hécate qui, entre marquer ses agents et tuer des alliées potentielles, a a une drôle de manière de s'y prendre pour paraître sympa (encore que ça n'a pas l'air d'être sa préoccupation première) et stratège dans le combat qui l'attend (à moins que le récit prépare le retour au premier plan d'autres personnages magiques - du Phantom Stranger au Spectre en passant par Blue Devil et le vrai Dr. Fate, il y a de quoi faire).

Jesus Merino, encore aujourd'hui, reste surtout connu pour avoir été longtemps l'encreur privilégié de Carlos Pacheco, alors même que les deux hommes, fâchés, ne travaillent plus ensemble depuis des années et que Merino est devenu dessinateur à temps plein. On peut d'abord vérifier que la rondeur du trait qu'on lui prêtait quand il embellissait les planches de Pacheco n'est pas la sienne : son style est un peu plus anguleux mais s'inscrit dans le même réalisme classique et élégant que son compatriote espagnol.

Merino réalise de belles pages, aux décors fournis et détaillés, avec des personnages qui ne manque pas d'allure ni de personnalité. Le casting assez nombreux prouve qu'il maîtrise tous les personnages, quel que soit leur sexe, mais sans faire des hommes des culturistes ou des femmes des bimbos.

Assumant toujours l'encrage (après avoir avoir un temps collaboré avec un autre partenaire sur ce poste), il se laisse parfois aller à des fioritures, alors que la colorisation suffirait à souligner les effets de volume ou de texture qu'il souligne. Mais l'ensemble a du chien, c'est très abouti, très solide.

Le comble, c'est que, hormis la puissance significative et le côté vicieux d'Hécate, ce prologue ne permet pas de savoir vraiment quelle direction va emprunter cette histoire. Souhaitons que cela progresse dès ce Mercredi dans Wonder Woman #56 (dessiné par Emanuela Lupacchino).   

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