Pour son pénultième épisode, Cosmic Ghost Rider poursuit son aventure avec le même goût de l'absurde que d'habitude, mais aussi avec une note plus sérieuse, grave. Donny Cates se calme un peu, histoire de souligner les conséquences de son intrigue - et de préparer son personnage pour l'intégrer au futur relaunch des Guardians of the galaxy en Janvier prochain ? Le tout servi par le graphisme toujours déchaîné de Dylan Burnett.
Le Thanos du futur, habillé comme le Punisher, a surgi à la fin de la bataille entre le Cosmic Ghost Rider et les différents formations des Gardiens de la galaxie, tel qu'il sera après avoir été éduqué par Frank Castle. Ce dernier le suit avec bébé Thanos pour découvrir l'avenir qu'ils ont bâti.
Et là, c'est la surprise : le monde est devenu un paradis ! Castle n'en revient pas et croit d'abord avoir réussi à avoir rééduquer le titan fou pour en faire un bâtisseur juste. Cependant, en explorant cette Terre pacifiée, il découvre le revers de la médaille rapidement...
... Car Thanos et son père de substitution ont parqué dans une gigantesque fosse une ville entière peuplée d'insurgés, refusant leur autorité. Castle est furieux car il n'a jamais voulu cela. Pourtant Thanos se défend en jurant que c'était la seule solution pour préserver la sécurité et quelque chose de plus intime et précieux.
Castle voit alors une maison à l'écart de tout où il habite avec sa femme encore vivante, sauvée des malfrats qui ont tenté de l'assassiner par Thanos dans cette ligne temporelle. Bouleversé, Castle interprète pourtant cela comme une damnation.
Il ne peut accepter la condamnation de milliers (millions) d'innocents dans un ghetto pour la survie de son couple. Et, pour tenter de réparer cela, il menace de tuer bébé Thanos. Le titan adulte ne le permet pas et impose alors sa loi à son tuteur : la mort ou être son héraut.
Jusque-là, on avait bien ri de l'énormité du délire conçu par Donny Cates avec le Punisher transformé en Ghost Rider cosmique par Galactus puis trahissant le dévoreur de mondes pour s'allier à Thanos avant de mourir. Se réveillant au Valhalla, Odin lui offrait une seconde chance qu'il mit à profit pour remonter le temps pour tuer Thanos encore bébé puis, se ravisant, entreprenant de l'élever pour en faire un adulte bien.
Le format de Cosmic Ghost Rider en mini-série de cinq épisodes autorisait tout à son scénariste, à la manière d'un sprint complètement déchaîné. Mais, entre temps, la côte de Cates a fait un bond au sein de Marvel et celui qui a assuré l'intérim entre Jason Aaron et Mark Waid sur Doctor Strange est devenu le nouvel espoir de la "Maison des Idées" qui lui a confié le relaunch des Guardians of the galaxy début 2019.
Depuis peu, on sait, par Cates lui-même, que le Cosmic Ghost Rider devrait apparaître, sinon dans l'équipe des Gardiens, au moins dans leur série. Et cela explique peut-être le virage de ce quatrième épisode, plus sérieux, plus grave, comme s'il fallait freiner afin que le personnage devienne plus présentable, plus apte à intégrer un titre qui sera moins fou.
Est-ce un mal ? Un peu pour la rigolade, oui, car on aurait aimé que la mini-série aille au bout de sa démarche, soit un feu d'artifices, finisse en apothéose et accède ainsi au rang de production culte, sans lendemain.
Mais en même temps, Cates a le cran de ne pas s'en tenir à la blague et de traiter directement, sans détour, des enjeux de son délire. Soudain, donc, on saisit la portée de sa réflexion, ses interrogations sur l'éducation, le déterminisme, les conséquences inhérentes aux altérations temporelles. Bébé Thanos en laisse, Thanos adulte et instruit selon les principes de Frank Castle, on voit que mauvais sang ne saurait mentir : le titan est en quelque sorte condamné à mal tourner car même s'il n'applique pas ses propres théories sur l'équilibre cosmique, il interprète trop radicalement les leçons de vie de son tuteur en bâtissant sur Terre une société tyrannisée, avec ceux qui acceptent ses règles et les autres, parqués dans une fosse fumante. La preuve que, même avec les meilleures intentions du monde, le "père" comme le "fils" sont incapables de corriger l'autre : Castle est un professeur trop intransigeant pour ne pas former un despote, Thanos est un sujet trop extrémiste pour ne pas produire un monde injuste.
Le graphisme de Dylan Burnett paraît complètement décalé, presque déplacé, devant ce constat, mais en vérité il souligne la pertinence du scénario de Cates. Avec les couleurs flamboyantes de Antonio Fabela, et le trait nerveux, vif, souple, et généreux de Burnett, la vérité devient plus douloureuse encore. Parce que tout a vraiment très mal tourné, le dessiner de manière presque comique rend le propos plus acerbe, plus acide, plus radical.
Que nous réserve, à ce train-là, à ce compte-là, Cates pour la conclusion de sa mini-série ? Cela donne furieusement envie de la savoir, surtout en prenant en compte la situation bien compromise du Cosmic Ghost Rider à la fin de ce quatrième épisode.
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