Comme toujours, avec les (bonnes) séries d'Image Comics, c'est un bol d'air frais qu'offre Skyward, loin du folklore des super-héros. La série de Joe Henderson et Lee Garbett est d'une constance remarquable dans l'originalité et l'efficacité, comme le prouve ce numéro. Où le salut n'est jamais loin d'une malchance tenace...
Au mépris du danger, Willa est donc sortie du train à l'arrêt en pleine forêt pour porter secours à un père de famille capturé par des insectes devenus géants à cause de l'absence de gravité terrestre. Mais elle comprend vite que l'objectif qu'elle s'est fixée risque d'être plus compliqué à tenir que ce qu'elle avait prévu.
Cependant, resté dans le train, Edison supplie le contrôleur de lui ouvrir la porte pour qu'il aille aider Willa, mais il essuie un refus catégorique car cela représenterait un trop grand danger pour les autres passagers si un insecte s'introduisait à bord. Willa, elle, se voit sauvée opportunément par un chevalier.
Chevauchant un papillon géant, Richard Serrano est armé d'une épée et accompagné par une troupe entraîné à tuer les insectes. Il ramène Willa au train et se présente aux passagers puis explique qu'il évacuera le maximum d'entre eux qui le souhaitent et laissera des vivres aux autres.
Willa retrouve Edison et le convainc de la suivre jusqu'à la ferme qui sert de repaire à leurs sauveurs. Elle ne s'aperçoit pas qu'au même moment Serena, une alliée de Serrano, désapprouve qu'il emmène des étrangers chez eux - mais il reporte cette discussion à plus tard.
Méfiant, Edison suit Willa et la troupe de Serrano. La jeune femme se réjouit de ce détour, convaincue que là où ils vont, Barrow ne les retrouvera jamais. Sauf que Edison lui fait remarquer que la ferme arbore le nom de leur ennemi...
Dans les bonus de cet épisode (où figurent les différentes étapes de la réalisation d'une planche et de la couverture), Joe Henderson revient sur l'élaboration de cet arc narratif. Il avait la volonté d'emmener Willa hors de sa zone habituelle, la ville, pour faire découvrir, à elle et au lecteur, le monde extérieur depuis les "G-Day". Ensuite se posait la question de l'imaginer, ce monde, et c'est en consultant diverses théories sur l'évolution végétale et animale qu'il a développé l'idée des insectes géants.
Ils tiennent donc logiquement la vedette dans cet épisode très mouvementé qui rappelle les aventures d'Atom chez DC, notamment quand Gil Kane les dessinait et que les histoires se déroulaient uniquement dans le Microvers, avec un Ray Palmer transformé en héros d'heroic fantasy dans un univers subatomique où chaque insecte était démesuré.
L'apparition de Richard Serrano, épée à la main, et plastron sur le torse, renvoie immédiatement à cela, transformant le récit en quelque chose d'inattendu, de délirant, mais validé par le contexte. Henderson oublie du coup un peu le motif de la cavale de Willa et Edison, et donc la traque de Barrow... Jusqu'au cliffhanger de la dernière page qui prouve que le monde est à la fois bien grand et bien petit.
Ce rebondissement final est peut-être un peu "too much" (à peine Willa croit-elle avoir définitivement échappé à Barrow qu'elle comprend son erreur), mais il est bigrement efficace. D'autant plus qu'il conclut donc un numéro riche en action et en grand spectacle (la lutte de Willa contre les insectes, l'intervention de la troupe de Serrano).
Et là, on voit que Lee Garbett et son coloriste Antonio Fabela se sont amusés comme des fous pour composer ces scènes. Le dessinateur donne vraiment le tournis au lecteur en multipliant les changements d'angles de vue, de valeurs de plans, donnant un rythme échevelée aux mouvements improvisés de Willa, avant de faire entrer en scène la "cavalerie" des papillons, comme dans un western.
Fabela a tout l'espace requis pour meubler les fonds de l'image et sa palette suggère merveilleusement un environnement forestier à la fois effrayant et chatoyant. C'est un exemple de colorisation car l'artiste a laissé son partenaire s'exprimer et celui-ci s'y emploie sans oublier de rester concentré sur les personnages, qui sont le repère du lecteur.
Garbett se montre généreux dans l'effort, mais surtout éclairé dans son découpage, toujours fluide, aéré, où les enchaînements sont à la fois vifs et aisés.
C'est grisant, fort bien écrit, captivant. Skyward est décidément une série jouissive.
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