Sauf miracle improbable, je m'attendais à lire ce nouvel épisode de Catwoman comme le dernier. Et le miracle n'a pas eu lieu. Cette relance de la série consacrée à Selina Kyle est un échec total, qui a mal commencé et n'a jamais réussi à redresser la barre ensuite. Joelle Jones a raté son pari.
Catwoman s'est introduit dans une clinique jusqu'à la chambre d'une patiente, sa soeur Maggie. Celle-ci est murée dans son silence, prostrée, comme en état de choc. L'occasion pour Selina de se remémorer leur passé et d'assumer sa part...
Les deux soeurs ont grandi avec des parents se disputant sans arrêt. Adultes, Selina est devenue voleuse professionnelle tandis que Maggie s'est rangée en s'apprêtant à épouser Simon, qu'elle présente à sa soeur. Sans se douter que cela va sceller son destin...
Car être proche de Catwoman, c'est devenir la proie de ses ennemis, en l'occurrence du terrible Black Mask qui enleva Maggie et Simon. Le malfrat, sadique, tortura à mort le jeune homme devant sa fiancée, traumatisée à vie, avant que Selina ne le neutralise.
Culpabilisant, Selina n'a pas le temps d'échanger davantage avec Maggie car des visiteurs approchent. Un médecin et une infirmière entrent dans la chambre. Puis l'homme, qui se dit mandaté par la famille du gouverneur Creel, reste seul pour faire une mystérieuse injection à Maggie sans savoir que Selina l'observe...
Il n'y a pas plus dangereux pour un auteur débutant comme scénariste d'une série avec un personnage emblématique que de citer un de ses prédécesseurs, surtout quand, comme Ed Brubaker en l'occurrence, on a littéralement révolutionné Catwoman dans un run mémorable (aux côtés de Darwyn Cooke, Cameron Stewart, Guy Davis - excusez du peu).
Alors qu'a-t-il pris à Joelle Jones d'invoquer l'arc traumatisant Relentless dans ce quatrième épisode ? On pourrait presque penser à du masochisme tant on mesure alors tout ce qui sépare son travail amateuriste au chef d'oeuvre de Brubaker.
Quand elle a pris les rênes de Catwoman, Jones avait dessiné quelques arcs du Batman de Tom King scellant la relation de couple entre le Bruce Wayne et Selina Kyle (plus un diptyque avec Wonder Woman). On pouvait apprécier son dessin plein de caractère et espérer beaucoup de ses efforts en solo. Mais Joelle Jones est une dessinatrice qui, à l'évidence, montre le meilleur d'elle-même quand elle dispose d'un script solide et qui n'a pas de disposition pour écrire elle-même.
Sa médiocrité comme auteur n'a fait que se confirmer d'épisode en épisode depuis quatre mois, développant une intrigue sans nerf, ni originalité, dont on se demande toujours où elle va, et qui, cette fois, comme si ce n'était pas déjà assez laborieux, s"offre une sorte de pause avec des flash-backs sur le passé de Selina et Maggie Kyle... Sans rien nous apprendre de neuf !
Car, outre le rappel aux tortures commises par Black Mask, Jones ajoute une anecdote parfaitement dispensable sur la jeunesse des deux soeurs, soulignant que Selina a souvent voulu aider son prochain mais en usant de méthodes maladroites et brutales. L'épisode s'achève sur un cliffhanger malin mais trop tard, en tout cas pas suffisant pour donner envie de poursuivre l'aventure (surtout pour un arc qui doit durer encore deux mois).
Comme je le dis plus haut, Jones est une artiste talentueuse, son trait a une vraie beauté et du tempérament. Mais son redesign du costume de Catwoman reste moche, ses scènes d'action empruntées : Tom King lui donnait des scripts très découpés qui lui évitaient ces maladresses dans la composition, les valeurs de plans, etc. Elle n'a pas ce talent-là (ou le temps pour peaufiner cela).
L'épisode est au trois-quarts dessiné par Fernando Blanco, dont la prestation est elle-même en-dessous de ce qu'il faisait sur Batwoman, certainement à cause d'un script plus lâche sur les indications de plans. Mais qu'importe, même des dessins exceptionnels ne sauveraient pas cette entreprise.
Catwoman mérite mieux que ça, à commencer par un(e) vrai(e) scénariste (produisant une histoire plus captivante et maîtrisée). En renaissant au lendemain de Batman #50, il y avait quelque chose de l'ordre du cadeau empoisonné : Joelle Jones a-t-elle réellement pensé qu'elle disposait des armes nécessaires pour succéder à Tom King ? DC a-t-il mesuré la fiabilité de l'auteur-artiste ? Quoi qu'il en soit (et sans connaître les chiffres de vente du titre), la série est une terrible déception. J'arrête donc les frais.
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