vendredi 26 octobre 2018

THE TERRIFICS #9, de Jeff Lemire et José Luis


J'avais terminé le dernier numéro de The Terrifics en plein doute, ignorant si j'allais continuer à suivre la série, parce que la succession d'artistes me lassait. J'ai réfléchi entre temps et décidé d'aller au moins jusqu'à la fin de cet arc impliquant Tom Strong (ce qui ne devrait plus tarder). Jeff Lemire sait s'y prendre pour accrocher le lecteur et il est aidé cette fois, non pas par Victor Bodanovic (comme annoncé), mais par le revenant José Luis (qui avait terminé le #2).


Dans le Funnyland, Plastic Man, Pneuman et Salomon sont coincés jusqu'à l'arrivée surprise de Dhalua Strong. Warren Strong, le lapin, garde prisonnier le Dr. DuckDread. Pour Plastic Man et Dhalua, il s'agit de retrouver les autres Terrifics et Tom Strong.


Dans la dimension de l'Empire Aztech, Tesla tente de sauver Rex Mason et Phantom Girl jusqu'à l'arrivée de sa mère. Le groupe est presque au complet comme la famille Strong tandis que Dhalua explique comment elle a pu tous les pister en rejoignant par un portail dimensionnel Millenium City après l'attaque du Dr. Dread contre Attabar Teru.


Tom Strong et Mr. Terrific ont été capturés par Swamp Thing dans le marais qu'ils traversaient pour gagner Gotham. Une fois que la créature a reconnu le leader des Terrifics, il lui indique que Dr. Dread, après l'avoir combattu, s'est dirigé vers la Terrific Tower en ville.


Tom Strong et Mr. Terrific se jettent dans la gueule du loup où les attend leur adversaire qui a conçu une bombe pour dévaster la ville afin que la population les accable. Tom se jette sur le Dr. Dread pendant que Mr. Terrific tente de désamorcer l'engin. Mais plusieurs répliques du méchant les submergent.


Heureusement, Plastic Man, Phantom Lady, Rex Mason, Dhalua et Tesla Strong surgissent pour les aider. La bombe est désactivée mais Tom a découvert que même le Dr. Dread n'était qu'un robot. Mr. Terrific croit savoir qui tire les ficelles... Ainsi que Sapphire Stagg qui fait une étonnante découverte dans le labo de son père...

Il est indéniable que la série, malgré son efficacité narrative, a perdu de sa superbe depuis quelques numéros. Jeff Lemire reste un conteur exceptionnel, qui, toujours fidèle à un esprit très "silver age", emballe son récit avec beaucoup de rythme, mais il semble avoir atteint les limites de son concept.

Le plus étonnant d'ailleurs est que ces limites, il se les est lui-même posé. En effet en annulant le lien qui obligeait les Terrifics à rester ensemble, il a brisé leur dynamique de groupe elle-même. Une fois le compte du Dr. Dread réglé (ce qui ne saurait plus tarder compte tenu du cliffhanger de ce numéro), qu'est-ce qui justifiera que les quatre héros restent ensemble ? L'amitié, le goût de l'aventure, la curiosité des explorateurs ? Ce serait déjà pas mal. Mais aussi un peu artificiel.

Car, contrairement aux Fantastic Four dont il avait malicieusement repris la formule, Jeff Lemire ne peut compter sur les attaches familiales et amicales des membres de son équipe pour imposer au lecteur qu'elle est unie indéfectiblement. Rien ne lie Michael Holt à Lyanna ou Plastic Man ou Rex Mason. Et l'échec de Lemire aura été de créer quelque chose qui les rend inséparable au-delà de l'énergie du Dark Multivers, désormais annulée.

En fait, ce que révèle The Terrifics, c'est que Jeff Lemire n'est pas forcément un auteur doué pour animer un groupe de personnages - même dans Black Hammer (sa création), il s'agit d'individus agrégés par une manipulation. On retrouve aussi cette faille dans sa manière d'écrire Tom Strong et sa famille : il n'apporte rien aux personnages de Alan Moore. Il ne les abîme pas non plus (c'est déjà ça, contrairement à ce qui a été fait avec Promethea ou parfois les Watchmen), mais c'est plat, sans valeur ajoutée. Ce sont eux, mais ça pourrait être d'autres qu'on ne verrait guère la différence.

Reste un épisode de plus mais cependant agréable. Les dessins de José Luis sont conformes à ceux qu'il avait produits pour le deuxième épisode (inachevé par Ivan Reis) : son style réaliste classique a parfois des airs de ressemblance avec John Byrne, avec une certaine rondeur. Mais quelquefois aussi, il en fait un peu trop, inutilement (pourquoi Tom Strong arbore-t-il une barbe naissante alors qu'il est impeccablement rasé depuis son apparition ?).

José Luis respecte lui aussi le matériau sans lui donner un cachet particulier, que ce soit le Funnyland, l'Empire Aztech. La meilleure scène est celle avec Swamp Thing, à qui il donne une présence puissante. Et la bagarre finale dans la tour Terrific de Gotham ne manque pas de punch (Lemire pousse l'analogie avec le Dr. Doom des FF jusqu'à faire intervenir des répliques du Dr. Dread).

Le dénouement de cette saga devrait avoir lieu le mois prochain : nous verrons ce qu'il en est, ce qu'il vaut, avec Jon Bodanovic au dessin. Et ensuite, on avisera.

1 commentaire:

Présence a dit…

Jeff Lemire n'apporte rien aux personnages de Alan Moore. - C'est exactement l'a priori qui m'a retenu de me lancer dans la lecture de cette série, malgré la présence d'Ivan Reis au départ.

Il ne les abîme pas non plus. - C'est vrai que c'était également une de mes craintes, une exploitation mercantile et sans âme de Tom Strong et sa famille.