C'est le quatrième et pénultième chapitre du crossover The Witching Hour qui se présente dans les pages de Wonder Woman #57, avec à nouveau aux commandes James Tynion IV et Emanuela Lupacchino. La fin de Justice League Dark #4 voyait l'amazone sous l'emprise totale de la déesse Hécate qui lui commandait de tuer ses amis. Le scénario donne toujours la part belle au grand spectacle et, enfin, à une riposte magique des héros...
Wonder Woman se réveille sur la Lune aux côtés du spectre de Witchfire qui lui explique que c'est ici que Hécate garde les âmes de celles qu'elle a marquées pour refaçonner le monde à son image par la magie. Ce qui signifie, autrement dit, que Diana continue de se battre physiquement sur Terre, à Nand Parbat contre ses amis.
Témoins de la destruction qu'elle sème, Zatanna et John Constantine sont impuissants face à la force de Diana possédée par Hécate et se cache. Zatanna compte pourtant sur Constantine pour répliquer mais il lui révèle être atteint d'un cancer incurable et que son état a empiré depuis son affrontement contre l'Homme Inversé qui a empoisonné son sang démoniaque.
Cependant, Chimp et Man-Bat ont, avec Deadman, évacué les moines de Nanda Parbat dans ce qui reste du bar Oblivion. Manitou Dawn les y retrouve, déterminée à les tuer, lorsque Nightshade, l'Enchanteresse et Traci Thirteen surgissent de la dimension des ombres, où elles s'étaient réfugiées, pour la maîtriser.
Swamp Thing, de son côté, tente, en vain, de stopper Black Orchid qui ravage le Parlement des Arbres. Constantine et Zatanna n'ont pas le choix : le monde est en train de s'effondrer sous les assauts des disciples de Hécate. Ils sortent de leur cachette et défient Wonder Woman.
Zatanna fait diversion pendant que Constantine délivre un sort en invoquant la magie terrestre encore intacte. Ainsi l'emprise de Hécate sur Manitou Dawn et Black Orchid faiblit. Pour Wonder Woman sur la Lune, l'effet est plus inattendu et dramatique puisque Witchfire pense qu'elle est réellement morte désormais !
James Tynion IV ne cesse de me plonger dans des abîmes de perplexité : où veut-il en venir au juste ? Depuis qu'il a abandonné le Bat-univers pour s'investir dans le monde de la magie avec la Justice League Dark - qu'il présentait comme "le projet de [mes] rêves" - , force est d'avouer qu'il enchaîne des épisodes avec bien peu de magie. Du moins émanant de ses héros.
Si l'objectif est d'opposer un groupe de personnages dysfonctionnel et au potentiel limité dans ce domaine face à des menaces d'ampleur, c'est réussi, rien à redire. Mais on peut émettre quelques doute lorsqu'on choisit des protagonistes tels que Zatanna (la magicienne la plus puissante du DCU), John Constantine (le détective du surnaturel avec du sang de démon) ou même Chimp (ancien membre du défunt Shadowpact).
Tout se passe néanmoins comme si Tynion IV était en quelque sorte empêché par la vedette de sa série, celle dont la popularité permet à sa série d'être exposée, en l'occurrence Wonder Woman. L'amazone est, pour chaque scénariste, comme une page blanche (alors qu'elle est là depuis quasiment aussi longtemps que Superman et Batman) : chacun lui ajoute des secrets, des cadavres dans le placard, des pouvoirs insoupçonnés. Comme un chantier en perpétuels travaux. Ici, donc, elle est l'arme de Hécate, marquée depuis l'enfance par la déesse de la magie.
On s'étonne donc qu'il ait fallu, toutes séries confondues, six épisodes avant de voir Zatanna et Constantine lancer un sortilège contre un adversaire... Qui se trouve être leur amie Wonder Woman ! La situation ne manque pas d'interroger. D'autant que si elle satisfait d'un côté, elle souligne des manques de l'autre - Chimp ne fait toujours pas grand-chose, Man-Bat ne sert vraiment à rien, et Swamp Thing (pourtant une des entités les plus puissantes du DCU) est écarté d'un revers de la main par Black Orchid. Cette Justice League magique n'impressionne guère tant elle est ballottée ou passive.
Visuellement, par contre, Tynion IV profite à plein de dessinateurs très efficaces : Emanuela Lupacchino fait ici ses adieux à Wonder Woman (puisque le mois prochain, la série de l'amazone aura une nouvelle équipe artistique avec G. Willow Wilson au scénario et Cary Nord au dessin). Ses planches sont plein de tonus, elle ne cherche pas à épater la galerie mais livre une copie très propre et efficace.
Le point fort de l'italienne est dans l'expressivité des personnages grâce à son trait rond, bien servi par l'encrage de Ray McCarthy, qui donne une sorte de légèreté à l'aventure. Zatanna y apparaît moins inquiète que mutine et son duo avec Constantine fonctionne à plein (signe qu'il faut l'intégrer à plein temps dans l'équipe). Avec des seconds rôles qui n'ont pas grand-chose à jouer, comme Chimp et Man-Bat, elle joue sur leurs grimaces, leurs faciès, tirant leur apparition vers la comédie, ce qui est un peu déroutant dans cette ambiance de fin du monde mais malin pour les rendre plus mémorables.
Le cliffhanger est convenue puisqu'on sait bien qu'il ne saurait être question de tuer Wonder Woman. Tout en étant laborieux et peu inventif, ça se lit tout de même bien. Mais avec ce casting, cette intrigue, cet univers, on aimerait que ce soit mieux que "bien".
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