Ce deuxième épisode de Scarlet Witch confirme les bonnes dispositions de la série initiée par Steve Orlando et Sara Pichelli. Une fois encore, l'intrigue se présente sous la forme d'un done-in-one très efficace et joliment mis en images. Mais un subplot commence à courir et va alimenter la suite... En prime, pour le Black History Month, le numéro est agrémenté d'une back-up story où Wanda fait équipe avec Tornade.
Viv Vision, la fille de Vision, s'adresse à Wanda car elle est la proie de cauchemars récurrents altérant ses fonctions d'androïde et la poussant au suicide. Scarlet Witch pénètre sa mémoire et affronte la DreamQueen, responsable de la situation...
Et si cette série était vraiment la bonne surprise de ce début d'année 2023 ? En tout cas, Steve Orlando semble avoir trouvé la bonne formule pour écrire Wanda et l'inscrire dans un nouveau chapitre de son existence tourmentée.
Le scénariste ne réussira certainement pas à égaler sa prestigieuse référence (All-Star Superman, de Grant Morrison et Fran Quitely, qui l'a, dit-il, inspiré), mais en deux numéros, il est parvenu à extraire Scarlet Witch de son itinéraire doloriste en la dotant d'un caractère et d'une mission qui se nourrissent de son passé sans qu'elle en soit prisonnière.
Ce nouvel épisode la met en présence de Viv Vision, la fille synthézoïde de Vision, apparue pour la première fois (corrigez-moi en commentaire si je me trompe) dans la mini-série Vision (de Tom King, Gabriel Hernandez Walta et Michael Walsh). Or la mère de Viv a été programmée à partir de la personnalité de Wanda, qui fut longtemps la compagne de Vision (vous suivez ?). C'est donc presque une affaire de famille.
Orlando n'a pas peur, dès le deuxième épisode de sa série, d'aborder de front un thème aussi grave que le suicide puisque Viv souffre de cauchemars récurrents qui la poussent à en finir. Le scénariste traite l'affaire avec pudeur et subtilité, grâce à des dialogues soignés. Il prend son temps pour poser la situation et nous faire partager à la fois le malaise de Viv mais aussi l'attention que lui prête Wanda.
Ainsi établit-il un parallèle bien vu entre la jeune fille et la sorcière qui, elle aussi, a été sujette à un profond mal de vivre. Il est question de résilience pour Wanda qui, il n'y a encore pas si longtemps, était une paria, considérée comme une des pires criminelles pour les mutants (à cause des événements de House of M), mais aussi à cause de la séparation des Avengers (remontant au début du run de Bendis sur New Avengers avec la saga Disassembled), de sa possession par Chton, etc.
Le grand mérite de Orlando est donc de ne pas occulter toutes les épreuves de son héroïne mais sans la réduire à cela. Wanda a surmonté tout cela et veut désormais aider ceux qui sont au bord du précipice comme elle le fut. La source des ennuis de Viv amène Scarlet Witch à affronter DreamQueen, qui se repaît de la tristesse, du mal-être des vivants, quelle que soit leur nature. Viv est une proie facile pour elle car elle a vu sa mère tuer quelqu'un avant de mourir à son tour.
Sara Pichelli est en très grande forme et illustre cette histoire avec un mélange de finesse et d'énergie qui fait plaisir. Le dialogue entre Wanda et Viv permet d'apprécier le talent de l'artiste italienne pour restituer l'expressivité des personnages, sans verser dans la grimace, les moues ou une gestuelle trop démonstratives.
Puis quand Scarlet Witch se débat contre DreamQueen, la manifestation de la magie est mise en scène de façon suffisamment spectaculaire pour que le lecteur en ait pour son argent, avec des représentations puissantes et originales. Pichelli donne aux deux adversaires des silhouettes distinctes et marquantes, l'élégance du costume de Wanda contre celui plus vulgaire et baroque de DreamQueen.
Bref, c'est du tout bon, et les dernières pages introduisent un subplot impliquant Darcy Lewis, l'assistante de Wanda à l'Emporium, qui va alimenter la série dans les prochains numéros (tout comme l'intrigue secondaire concernant la pierre récupérée dans le premier numéro et soumise à l'expertise de Polaris).
- AN UNLIKELY FORECAST (Ecrit par Stephanie Williams et dessiné par Chris Allen.) - Tornade évoque avec Wanda la mort récente de Magneto puis accepte de l'aider à collecter un ingrédient pour une potion...
Le mois de Février est l'occasion de célébrer l'Histoire de la communauté noire aux Etats-Unis, et pour l'occasion (comme dans d'autres séries, je présume, mais je n'ai pas vérifié), Scarlet Witch a droit une back-up story de 8 pages.
Elle est écrite par Stephanie Williams (scénariste en plein essor actuellement chez DC, mais surtout avec son creator-owned Grim chez Boom ! Studios) et dessinée par Chris Allen (qui a fait partie de la dernière promotion des "Stormbreakers" de Marvel, ces artistes sur lesquels mise l'éditeur).
Bon, on ne va pas se cacher que le résultat est très anecdotique. La présence de Tornade doit justifier le Black History Month, mais l'histoire n'a rien de revendicatif ni d'instructif. C'est bien la limite de ce genre de commémorations, très américaines, pleines de culpabilité judéo-chrétienne, très communautaristes aussi.
Chris Allen dessine cela très bien, c'est effectivement un talent prometteur (il sera d'ailleurs l'artiste titulaire de la prochaine série Black Panther à partir de Juin 2023).
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