Avant de retrouver Dan Mora (qui signe quand même la couverture de ce numéro) et d'entamer avec lui un nouvel arc narratif le mois prochain, Mark Waid livre un épisode qui revient sur la fameuse soirée catastrophe évoquée par Robin et Supergirl dans Batman - Superman : Wordl's Finest #2. Que s'est-il exactement passé ? Réponse dans les pages de ce chapitre très drôle, illustré par Emanuela Lupacchino.
Ce Jeudi-là, Robin a donné rendez-vous pour un dîner en tête-à-tête à Supergirl. Elle découvre qu'il est attablé dans son costume. Le reste va s'avérer désastreux car chacun est trop centré sur ses propres problèmes pour écouter l'autre. Sans compter avec les ravages causés par un chien en fuite...
Si vous vous êtes procuré le tome 1 de Batman - Superman : World's Finest paru récemment chez Urban Comics, vous vous serez certainement demandé pourquoi à l'arrivée de Supergirl dans le manoir de la Doom Patrol, elle et Robin ne sont ravis de se voir et encore moins d'être obligés de travailler ensemble.
Il est évoqué une soirée en tête-à-tête qui aurait mal tourné, mais guère plus. Dan Mora étant toujours aussi occupé (il dessine actuellement en parallèle une mini-série Teenage Ninja Mutants Turtles/Mighty Morphin' Powers Rangers et s'active déjà sur le premier épisode de Shazam !, à paraître en Mai !), Mark Waid propose à nouveau un épisode de transition avec un artiste invité entre deux arcs narratifs.
Après avoir collaboré avec Travis Moore sur World's Finest #6, le scénariste est cette fois assisté par Emanuela Lupacchino, que DC installe un peu partout dès qu'il y a une place vacante. La dessinatrice italienne n'a jamais réussi à vraiment percer, à s'imposer, même si elle fait toujours du bon boulot, très propre, très pro.
Elle profite désormais de l'encrage de Wade von Grawbadger, abandonné par Stuart Immonen après une très longue collaboration, mais son dessin manque toujours de cette consistance qui sépare les bons artistes des très bons, sur lesquels misent les éditeurs. Cette fois ne fait pas exception : elle produit des planches très lisibles, avec des personnages expressifs, mais qui manquent cruellement de saveur, d'énergie.
Passer après Dan Mora est terrible et cela résume un peu la carrière de Lupacchnio qui n'a jamais bénéficié du crédit qu'on accorde à une dessinatrice remarquée pour sa régularité et la fermeté de son style. Il n'y a rien à lui reprocher, sinon de faire des images et pas de raconter visuellement une histoire. La faute à des compositions paresseuses, à un trait banal. Lupacchino est une artiste aimable mais pas de celles qu'on cite comme un espoir ou une confirmation. Ce ne sera jamais Bilquis Evely ou Carmen Carnero, mais plutôt l'équivalent de la girl's next door des comics.
C'est une peu sévère ce que j'écris à son sujet mais c'est ce qu'on ressent en lisant sa production ici. Von Grawbadger ne lui apporte rien et on mesure là aussi à quel point cet encreur était exceptionnel parce qu'il assistait un artiste de la trempe de Immonen et pas le contraire. En comparaison, Travis Moore faisait bien meilleur figure sur le n°6 de la série alors que là, on a l'impression fâcheuse que Lupacchino a été sollicité faute de mieux.
Pourtant le script de Mark Waid était du pain béni. Découvrir ce qui s'est passé lors de ce fameux repas entre Robin et Supergirl est une leçon de comédie : c'est spirituel, très drôle, rythmé, parfait pour respirer entre deux arc trépidants.
Surtout Waid règle en quelque sorte la question qui a pu préoccuper des lecteurs : pourquoi Robin et Supergirl n'ont-ils jamais été plus que des amis alors que leurs mentors, Batman et Superman, sont comme des frères ? Le scénariste imagine donc une soirée qui part mal dès le début, avec l'idée saugrenue de Robin d'aller au restaurant dans son costume de héros, obligeant du même coup Supergirl, lorsqu'elle l'aperçoit, à se changer en quatrième vitesse puisqu'elle arrivait en tenue civile.
La suite n'est qu'une confirmation de ce malentendu où les deux personnages étaient convaincus que la soirée serait romantique. Robin évoque très vite les circonstances tragiques qui l'ont fait devenir qui il est et en vérité il est resté ce petit garçon qui a vu ses parents mourir devant ses yeux, adopté par Batman pour devenir son sidekick, et qui ne vit pas une vie normale, avec des relation sociales normales.
Idem pour Supergirl dont l'arrivée sur Terre s'est produite au cours de péripéties tragiques et qui en est encore à s'acclimater quand son cousin a grandi parmi les humains depuis l'enfance. Lorsqu'elle parle de ses faiblesses et donc s'ouvre un peu, Robin s'impatiente de ne pas voir leur repas arriver. Plus tard, après une scène d'action farfelue, il se rend compte qu'il a oublié son portefeuille et décrit comment il compte remédier à ce problème. Supergirl lui dit qu'elle va règler l'addition pour en finir et il s'y résigne, conscient de l'échec total de la soirée.
Waid fait le portrait de deux adolescents autocentrés, qui ne savent pas communiquer et encore moins s'abandonner à un quelconque jeu de la séduction. Ce n'est même pas qu'ils ne sont pas faits l'un pour l'autre, c'est qu'ils n'ont rien à partager, ils ne sont absolument pas prêts ni disposés. Encore aujourd'hui demeure l'image d'une Supergirl célibataire, sans véritable amant durable, tandis que Robin flirtera plus tard avec Batgirl, couchera avec Starfire et reviendra auprès de Barbara Gordon.
On saisit ainsi mieux pourquoi ils n'étaient pas ravis de faire équipe dans World's Finest #2 : ils ne se détestent mais ont partagé un moment embarrassant et en se revoyant, ils le revivent. Waid pousse même le bouchon un peu plus loin en inscrivant l'épisode dans un flashback et en montrant le lendemain quand Robin reproche à Batman de lui avoir tout appris sauf à être un séducteur quand Supergirl se confie à Superman et reconnaît avoir été rude avec Robin (son cousin la félicité alors avec une pointe de malice pour s'auto-analyser avec autant de lucidité).
Même quand elle souffle un peu, World's Finest reste une série irrésistible. Rendez-vous en Mars pour une nouvelle aventure dont Métamorpho sera la vedette...
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