Je n'avais guère été satisfait du premier film Black Panther, en 2018. Aussi n'attendais-je rien de cette suite, sous-titrée Wakanda Forever, qui plus est tournée sans son acteur principal, Chadwick Boseman, mort en 2020. Ryan Coogler a relevé le défi d'écrire une sequel sans sa star dans un (très) long métrage. Dont il ne fallait éffectivement rien attendre.
Le roi T'challa meurt d'un mystérieux mal que sa soeur Shuri est impuissante à guérir après la destruction de l'herbe-coeur par Killmonger. Un an plus tard, le royaume du Wakanda est sous pression car la communauté internationale lui reproche de ne pas vouloir partager son vibranium, ce minerai rare qu'on trouve uniquement dans ses profondeurs. La reine Raimonda, mère de T'challa, implore Shuri de produire une herbe-coeur de synthèse pour désigner un nouveau Black Panther mais elle s'y refuse, estimant qu'il s'agit d'un vestige du passé. Au même moment, dans l'océan atlantique, une plateforme de forage est attaquée par des créatures sous-marines en tentant de forer les profondeurs pour en extrire du vibranium. La CIA accuse le Wakanda d'être responsable du massacre de l'équipage.
Namor, le chef des créatures sous-marines, aborde Raimonda pour lui proposer une alliance si elle lui remet la scientifique qui a conçu la foreuse. Shuri accompagne Okoyé aux Etats-Unis où l'agent Everett Ross leur donne l'identité de celle qu'elles cherchent. Elles convainquent Riri Williams de les suivre au Wakanda mais les soldats de Namor les enlèvent, elle et Shuri. Désespérée, Raimonda dégrade Okoyé et la chasse de sa garde rapprochée puis part pour Haïti où Nakia, l'amante de feu T'challa, s'est installée. Elle lui confie la mission de retrouver Shuri et Riri.
Celles-ci ont été conduites à Talocan, la cité sous-marine de Namor, qui leur explique pourquoi il hait les hommes, responsables du génocide de ses ancêtres méso-américains. Shuri tente de le raisonner en lui proposant de prendre la place de Riri qu'il laissera rentrer au Wakanda. Grâce aux bijoux géo-localisables de Shuri, Nakia la retrouve, elle et Riri, et organise leur évasion en tuant leur gardienne. Pendant ce temps, Namor rend visite à Raimonda pour savoir si elle accepte l'alliance entre leurs deux peuples.
De retour à Talocan, Namor comprend que Raimonda l'a diverti pour que Shuri et Riri s'évadent. En représailles, il va attaquer le Wakanda avec son armée. L'assaut provoque des dégats matériels énormes mais surtout la mort de Raimonda. Les wakandais sont obligés de se réfugier dans les montagnes, où habite la tribu des Jibari de M'baku. Seules Shuri et Riri restent en ville : le première pour développer une herbe-coeur de synthèse, la deuxième pour perfectionner des armes. Nakia assiste Shuri lors du rituel au cours duquel elle absorbe la potion à base d'hebe-coeur qui la dote des pouvoirs de Black Panther.
Avec le renfort de M'baku et ses soldats, les wakandais tendent un piège à Namor et son armée. en lui faisant croire à un nouveau forage sous-marin dans l'océan atlantique. Les wakandais et les créatures sous-marines se battent au large tandis que Shuri attire Namor sur une plage pour un duel. Défait, Namor est néanmoins épargné quand Shuri a la vision de sa mère lui rappelant d'être digne du titre de Black Panther. Le prince des mers ordonne à ses troupes de se replier. Shuri est couronnée nouvelle reine puis part à Haïti à l'invitation de Nakia, qui lui présente le fils qu'elle a eu de T'challa et qu'il lui avait demandé d'élever loin de la pression de la cour.
En définitive, je crois que le problème que j'ai avec Black Panther vient simplement que je ne suis pas fan du personnage dans les comics. Quand il est membre des Avengers, pourquoi pas, mais lorsque Jason Aaron en a fait le leader de l'équipe durant son run, cela ne m'a pas convaincu, comme s'il s'agissait d'un acte un peu forcé, pour changer de l'habituel direction bicéphale entre Captain America et Iron Man.
Mais je dois bien avouer que chaque fois que j'ai essayé de suivre la série Black Panther, cela m'est tombé des mains, et ce ne sont ni Ta-Nehisi Coates ni John Ridley ces dernières années qui y auront changé quoi que ce soit.
Alors quand Kevin Feige a voulu porter le personnage à l'écran avec l'ambition d'en faire l'égal de la trinité Iron Man-Captain America-Thor, j'ai d'abord demandé à voir. Dans Captain America : Le Soldat de l'Hiver, l'introduction de Black Panther était efficace, bien conduite. En revanche, lorsqu'il a été question de retrouver T'challa dans son propre film, le résultat m'a déçu. Avec son scénario banal et sa mise en scène impersonnel, culminant avec le duel Black Panther-Killmonger complètement illisible, ce fut une désillusion.
Le décès de Chadwick Boseman en 2020 a été un choc : ayant souffert en secret d'un cancer du colon, ce comédien charismatique, d'un courage exceptionnel, a laissé un vide qui semblait ne pouvoir être comblé. Pourtant, Kevin Feige comme Ryan Coogler n'abandonnèrent pas le projet d'une suite au gros succès commercial que fut Black Panther.
Je n'en attendais rien et j'ai d'ailleurs longuement hésité à aller voir le film puis à y consacrer une critique. Ayant joué la carte du suspense, d'une manière que je trouve déplacée, sur l'identité de celui qui succéderait à T'challa sous le masque de Black Panther, Marvel n'a pas brillé par sa subtilité comme en témoigne l'affiche où Leticia Wright occupe le centre de l'image. C'est déjà un problème.
Car de tous ceux qu'on pouvait imaginer dans le rôle, Ryan Coogler a choisi à la fois le plus évident, le plus facile et le moins charismatique. Lorsque vous dirigez des actrices comme Danai Gurira ou Lupita Nyong'o et que vous préférez donner le rôle de Black Panther à Leticia Wright, comment ne pas lever les yeux au ciel de dépit ? Et ça, c'est sans compter avec les déclarations antivaxx de la comédienne, opportunément oubliées pendant la promotion du long métrage et que les attachés de presse ont fait passer pour des propos déformés par les médias ou un malentendu.
L'autre souci, et il esst autrement plus embarrassant, c'est que le film se veut émouvant, évoquant Chadwick Boseman, son souvenir, son influence, son exemplarité. Or jamais le scénario ne parvient à rendre cela poignant. Le casting semble le plus souvent gêné de jouer le deuil dans une superproduction qui a un cahier des charges à respecter, avec son lot de scènes d'action spectaculaires, l'introduction de Namor et quelques subplots lourdingues (tout ce qui implique Everett Ross, la comtesse Valentina Allegra de Fontaine, Riri Williams) qui délaient inutilement la sauce (en rallongeant substantiellement la durée du film).
C'est une chose de rendre hommage à un acteur, c'en est une autre de vouloir le faire dans le cadre formaté d'un blockbuster, et à tout prendre, mieux aurait fallu s'en tenir à l'ouverture du film avec les obséques de T'challa, mort d'un mystérieux mal - encore que je me demande si, là aussi, le mieux n'aurait pas été de ne pas mentionner cettee maladie, citation maladroite au cancer qui emporta Boseman. Mais on a quand même échappé au pire avec un recasting de T'challa/Boseman...
Du coup, qu'est-ce qui reste ? Namor. Même si là encore je ne comprends pas le choix d'en avoir fait un méso-américain (autrement que pour les spectateurs ne le confondent pas avec Aquaman), il faut admettre que ça a de la gueule. Tenoch Huerta, pour son premier rôle, est une vraie révélation et il incarne avec autorité et sobriété le prince des mers. Les flashbacks sont plutôt fluides et surtout brefs pour justifier son attitude vis-à-vis des humains de la surface. L'acteur ne cherche jamais à en rajouter, du coup il en impose naturellement. A tel point que les meilleurs moments du film sont ceux où il est là, au premier plan, volant facilement la vedette à ses partenaires.
Mai bon, pas besoin de vous faire un dessin, je n'ai pas davantage aimé Wakanda Forever que Black Panther 1. Ryan Coogler n'a rien d'un bon metteur en scène ni d'un scénariste intéressant, il n'amène rien de spécial. A ce niveau, quitte à recevoir des cailloux, je préfère encore Taika Waititi qui ose, même s'il se plante. Coogler est ennuyeux, comme le premier opus la photo est souvent trop sombre, les acteurs semblent trop livrés à eux-mêmes (mais quand on a le talent de Lupita Nyong'o ou Angela Bassett, ça ne se voit pas trop). 2h 45 pour ça, c'est encore l'occasion de se demander où est passé le monteur car rien ne justifie un tel format pour une intrigue aussi paresseuse et empruntée.
Il paraît que Kevin Feige et Coogler ont encore envie de faire vivre la panthère noire. Si c'est le cas, ce sera sans moi. De toute façon, le grand architecte du MCU devra d'abord redresser son affaire après cette Phase IV si décevante. Rendez-vous aux alentours du 15 Février pour savoir si Ant-Man et la Guêpe : Quantumania réussira à redonner des couleurs aux films Marvel...
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