Ainsi s'achève le projet The Best Defense : après quatre épisodes consacrés à chacun des membres du non-groupe le plus célèbre de Marvel, les Defenders vont se réunir pour empêcher le train du Conducteur Céleste de détruire la Terre sur son passage. Ce final est écrit par Al Ewing et dessiné par Joe Bennett et illustre surtout que le trop est l'ennemi du bien...
Le cerveau du Conducteur Céleste est infecté par le parasite cosmique Nebulon. Le Surfeur d'Argent le découvre et tente de l'arrêter pour que le train ne soit pas la prochaine planète à alimenter le moteur de la machine infernale.
Mais le héraut de Galactus, qui cherche surtout à gagner du temps avant que son maître n'intervienne, est impuissant à raisonner son adversaire. Il l'ignore mais, pendant ce temps, sur Terre, des alliés à sa cause s'affairent.
Hulk qui est entré en possession de l'Oeil d'Agamotto voit apparaître la forme astrale du Dr. Strange venu du futur et le prévenant de la catastrophe à venir. Il le convainc de l'aider en échange d'un traitement contre la maladie dont souffre le colosse de jade.
Au même moment, Namor uni à la planche du Surfeur d'Argent vient à sa rescousse. Hulk et Strange descendent aux Enfers pour y négocier avec Mephisto contre Nebulon.
Mephisto capture Nebulon et renvoie Namor à l'océan et Hulk sur Terre. Le Surfeur d'Argent rejoint Galactus, repu et prêt à en découdre avec le Conducteur Céleste. Quant à Strange, il s'est sacrifié et est détenu par Mephisto - qui ingore que son prisonnier a un plan pour s'échapper...
Petit rappel des faits d'abord : dans un futur lointain, le Conducteur Céleste et son train ont dévasté la Terre dont Dormammu a fait son nouveau royaume. Seul le Dr. Strange défend encore la planète et, au péril de sa vie, il terrasse son ennmi et remonte le temps sous sa forme astrale via l'Oeil d'Agamotto. L'artefact est retrouvé par Bruce Banner sans comprendre comment un sans-abri a pu le récupérer... Pendant ce temps, le Surfeur d'rgent doit urgemment trouver une planète que Galactus pourra dévorer pour être assez fort afin d'affronter le Conducteur. Mais son surf lui échappe. La planche sauve Namor, qui vient d'affronter un seigneur aquatique ayant refusé de se joindre à sa guerre contre les humains. Leur duel les entraîne dans l'espace où le surf d'argent sauve le prince des mers...
Al Ewing est de tous les scénaristes émergeant chez Marvel celui qui est le plus chien fou. Je n'ai que quelques-uns de ses épisodes de New Avengers/U.S.Avengers et cela m'a suffi pour constater que si ce garçon a une imagination débridée, il lui manque (selon moi) la rigueur pour rendre ses idées digestes. Depuis une dizaine de mois, il a en charge le destin de la série The Immortal Hulk (issu de la saga Avengers : No Surrender) dont il a fait un succès critique et public en l'inscrivant pourtant dans le registre risqué de l'épouvante.
Après avoir, logiquement, écrit The Best Defense : The Immortal Hulk, il a le redoutable honneur de conclure ce curieux projet qui, en vérité, n'aboutit pas à une reformation des Defenders.
Et c'est en fait là où le bât blesse car on se rend compte que ces cinq chapitres n'aboutissent qu'à un terminus brouillon et surtout à des teasers pour le futur des quatre héros (même si j'ai du mal à voir ce que Mark Waid tirera de la situation dans laquelle Ewing laisse le Dr. Strange...). Hulk va poursuivre ses aventures en Enfer ; Namor persévérer dans son projet de guerre contre les humains (suivant l'idée idiote de Jason aaron dans Avengers) dans un prochain titre Invaders ; et le Surfeur d'Argent va intervenir dans le relaunch de Guardians of the Galaxy.
Tout ça pour ça ! L'épisode, long comme un Annual (soit une trentaine de pages) est grandiloquent et boursouflé : on découvre que le Conducteur est manipulé par un parasite mais n'attendez pas de grandes batailles contre lui ou entre Galactus et le Céleste. C'est une ficelle grosse un cable et un deus ex machina bien pratique qu'utilise Ewing pour dénouer tout ce bazar : Mephisto, jamais loin quand le Surfeur d'Argent est concerné, devient l'allié bien pratique et providentielle de ces Defenders animés sans alchimie. Bien entendu, il y a un prix pour son intervention, mais les scénariste le traite avec une telle désinvolture qu'elle perd tout son sens (et place donc Strange dans une position abracadabrantesque).
The Best Defense affiche un bilan très inégal deux superbes one-shots (Doctor Strange et The Silver Surfer), deux autres médiocres (Namor, The Immortal Hulk), et des liaisons maladroites, forcées. On se plaît à rêver à ce qu'Alan Davis aurait fait de ça, lui qui excelle à synthétiser des éléments disparates en un tout admirablement cohérent et intense...
Et il aurait dessiné ça autrement plus puissamment que Joe Bennett. L'artiste s'en sort honorablement mais son trait est parfois inutilement chargé et manque d'énergie, un comble pour un récit manipulant des êtres aussi démesurés. Il reste des planches mémorables (le Conducteur qui attrape des planètes pour les balancer dans la fournaise de son train, Nebulon accroché au cerveau du géant céleste, Mephisto, les Enfers). Mais ça ne fait pas une narration graphique.
Ron Garney, qui a signé les couvertures de tout le projet, aurait été bienvenu pour contribuer au-delà (mais il est parti s'occuper d'une série sur Conan, dont Marvel a récupéré les droits).
Le compte n'y est pas donc. C'est déplorable car on a le sentiment d'avoir ét roulé dans la farine avec la promesse d'une reformation des Defenders d'origine, mais pris entre une histoire improbable et les plans d'autres auteurs pour les héros, c'était pour ainsi dire injouable.
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