vendredi 14 décembre 2018

SUPERMAN #6, de Brian Michael Bendis et Ivan Reis


Une fois encore, la couverture de ce numéro 6 de Superman spoile le dénouement de l'épisode, même si l'image est trompeuse. C'est là tout le problème de la promotion d'une série avec des mois à l'avance où l'artiste doit composer avec des éléments du scénario les plus attrayants. Mais ceci mis à part, Brian Michael Bendis et Ivan Reis nous en mettent plein la vue, en s'amusant avec le format du média.


La Zone Fantôme est le théâtre d'un combat de titans : Superman et le général Zod ont uni leurs forces contre Rogol Zaar. La puissance des coups échangés n'a d'égale que leur rapidité - car Superman l'a compris : il faut en finir rapidement.


Pourtant, dans le feu de l'action, l'homme d'acier s'interroge sur la raison de la venue de Zod : est-il là pour prouver qu'il est le champion de Krypton comme il l'a toujours prétendu ? Ou pour faire taire Zaar ? Superman frappe alors ce dernier en révélant qu'il a tué les habitants de Kandor.


C'est alors qu'il se lance à l'assaut que Superman est extirpé de la Zone Fantôme par Atom et Adam Strange qui ont utilisé le projecteur en inversant son fonctionnement. L'homme d'acier veut pourtant retourner aider Zod. 


Le destin de Krypton est en jeu mais ses amis l'en dissuadent car la Terre a besoin de lui. Il cède tandis que Zod est vaincu par Zaar et jure de ne pas en rester là bien qu'i soit prisonnier de la Zone Fantôme.


Après avoir aidé quelques civils en difficulté depuis le retour de la Terre dans notre galaxie, Superman vole paisiblement dans le ciel de Metropolis. Il sent une présence familière derrière lui et se tourne : son fils, Jon, apparaît... Et c'est désormais un adolescent !

A bien des égards ce sixième épisode de la série marque un tournant - peut-être aussi la fin de l'Unity Saga, son premier arc narratif, bien que Rogol Zaar soit promis à un retour et que Zod est laissé dans un triste état.

Mais ce qui distingue immédiatement le numéro, c'est sa forme. Il y a quelques années, quand il dessinait Batwoman, J.H. Williams III avait, lassé des pages de pub dans les fascicules de la série, découpé un épisode de Greg Rucka uniquement en doubles pages - toute la réclame était donc reléguée à la fin.

Peut-être a-t-il inspiré Brian Michael Bendis et Ivan Reis (même s'il est peu probable que ces deux-là aient été exaspérés par la pub). En tout cas, les trois quarts de l'épisode alignent les doubles pages spectaculaires, sans bulles de dialogues mais la voix-off de Superman en accompagnement.

Ce choix narratif et graphique n'a qu'un but, simple : celui de traduire au mieux la démesure de la bataille entre Zod, Superman et Rogol Zaar. Et le résultat est effectivement impressionnant. Reis réalise des images d'une intensité extraordinaire où le choc des coups portés et reçus, la puissance des adversaires, la grandiloquence de ces surhommes sont parfaitement retranscrits. Au diable donc les décors (on est dans l'espace vicié de la Zone Fantôme), place au fracas, au sang, à la fureur. Il faut pas moins de deux encreurs (Joe Prado et Oclair Albert) pour passer derrière les crayonnés très poussés (visibles sur sa page FB) de Reis.

Le texte de Bendis fait la part belle aux doutes de Superman dans le feu de l'action, quand Zod, déchaîné, s'en prend seul, la plupart du temps, à Zaar. Quelles sont les motivations réelles du général kryptonien, par ailleurs son rival ? Comment a-t-il atterri dans la Zone ? Est-il capable d'écraser l'ennemi ? Superman insiste en tout cas d'entrée sur ce qui lui semble être la clé du combat : la vitesse. Plus vite on en finira avec Rogol Zaar, plus ce sera simple. Mais simple, évidemment, ça ne l'est pas...

Le retour de Superman sur Terre est habilement et rapidement imaginé. Peut-être un peu trop ? Trop providentiellement ? Mais pas illogiquement en tout cas. Et nous voilà déjà à la dernière page et sa (presque) surprise : Jon Kent est de retour, après Lois Lane. Et le garçon est désormais un adolescent ! Cela était mentionné dans les pages d'Action Comics, par sa mère, et il appartiendra à Bendis d'expliquer cette croissance express, d'en gérer aussi les conséquences (Damian Wayne ne va pas être ravi...). Bien entendu, les détracteurs du scénariste hurlent déjà pour avoir transformer ce personnage (les mêmes qui ont récemment félicité Dan Slott d'avoir vieilli Franklin et Valeria Richards dans Fantastic Four)...

Bendis remue le cocotier en tout cas, entre épique et intime. C'est, à mon sens, ce qui évite aux comics de se pétrifier. 
La variant cover d'Adam Hughes.

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