Skyward est une série qui s'achemine visiblement vers sa fin : le public n'a pas adhéré à la proposition de Joe Henderson et Lee Garbett, et le scénariste semble préparer sa sortie. Il est certain qu'il avait des plans à plus long terme. Mais il y a un souci louable de conclure en beauté. L'occasion de savourer encore davantage cet épisode.
Les travailleurs de la Ferme ont attiré Roger Barrow dans un piège en lui révélant que Willa s'y trouvait. Cette dernière s'interroge légitimement sur la suite qu'ils comptent donner à cette situation tandis que les fermiers se demandent pourquoi la jeune femme est si activement recherchée par leur otage.
Edison Davies questionne aussi Willa sur sa volonté de supporter ce qui semble bien être un groupe d'activistes radicaux qui sacrifieront sans doute Barrow. Serrano invite Willa à dîner.
Serrano montre à la jeune femme des insectes adultes en captivité et lui révèle qu'à cet âge ils deviennent inoffensifs car herbivores. Il lui révéle aussi pourquoi elle ne peut plus aller à Kansas City. Pendant ce temps, Edison a un discussion avec Barrow.
Barrow explique à Edison que les fermiers sont des terroristes qui vont s'en prendre à leurs familles, dont les entreprises sont en conflit avec eux. Willa apprend, elle, que Kansas City a été décimée par les insectes lors d'un raid des fermiers ayant voulu pirater la technologie de la ville et les ayant accidentellement attirés.
Willa retrouve Edison et ils échangent leurs informations. Ils conviennent de quitter la Ferme. Mais, pour rejoindre Chicago et la sauver, il leur faut aussi emmener Barrow...
Bien entendu, je peux me tromper en affirmant que Skyward n'en a plus pour longtemps, mais soyons lucides, il faudrait un miracle pour que ses ventes décollent (le titre est en dessous de 5 000 exemplaires écoulés/mois : une misère). Par ailleurs, l'économie du creator-owned engage ses créateurs personnellement et à moins d'avoir de grosses économies, ils ne peuvent produire leur série indéfiniment.
C'est regrettable car l'histoire entreprise par Joe Henderson, depuis le début de ce deuxième arc narratif, ouvrait des perspectives prometteuses, de quoi alimenter une vaste saga, explorer ce monde sans gravité, avec la quête de son héroïne.
On peut spéculer sur les raisons pour laquelle une série ne marche pas, le déplorer, mais auteurs comme lecteurs doivent se résigner au couperet. Pourtant, l'élégance de Henderson dans cette situation est de continuer comme si de rien n'était, sans sombrer dans une direction prévisible.
On sent à peine en effet que le terminus est imminent car le scénario produit encore des rebondissements : la description des fermiers, de leurs méthodes, le récit de leur raid à Kansas City et ses consquences dramatiques, aliment richement l'histoire, la rendant ambigue alors qu'on croyait avoir rencontré de braves renforts. De même, l'attitude de Willa et Edison demeure complexe, chacun semblant se jouer de l'autre mais poursuivant un rôle identique (leurrer le fermiers, sceller des alliances, préparer leur sortie). Un suspense efficace se dessine qui aboutirait à un final explosif mais satisfaisant.
Lee Garbett se cale sur son scénariste en refusant de bâcler son travail : ses planches débordent de la même énergie qu'au départ de l'aventure. Même si l'action de cet épisode se circonscrit aux murs de la Ferme, l'artiste s'adapte en soulignant l'expressivité des protagonistes.
Garbett traduit parfaitement l'atmosphère de méfiance, de défiance entre les fermiers (en particulier l'autoritaire Serena, qui se demande pourquoi Barrow en veut tant à Willa) et les héros (qui, eux, veulent savoir ce que mijotent leurs hôtes et s'ils ont intérêt à les aider).
En filigrane, on trouve un discours discret mais sensé sur les dérives de groupes radicaux, prêts à toutes less extrémités pour ce qu'ils estiment être une justice. Ici, cela se voit dans les manières des fermiers dont la conduite tient autant de la vengeance contre les citadins que de l'envie de révéler une vérité longtemps cachée (à savoir leurs conditions de travail et de vie, la technologie qui a protégé les villes des insectes). Leur logique est aussi discutable que la profitabilité recherchée par Barrow grâce à la disparition de la gravité (quitte à n'en faire bénéficier qu'une classe sociale favorisée).
Ce n'est ni l'ambitio, ni l'intelligence, ni le divertissement qui manquaient à Skyward. Pourtant, tout ça n'a pas suffi. Joe Henderson rebondira certainement vite, tout comme Lee Garbett (que Marvel doit avoir sur ses tablettes après lui avoir confié un épisode de The Immortal Hulk). Mais leur série valait mieux qu'une poignée d'épisodes.
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