Deux options s'offrent aux showrunners d'une série dont la première saison a été un triomphe critique et public : soit faire plus fort, plus grand ; soit surprendre, quitte à dérouter ou décevoir. Il semble pourtant que Jonathan Nolan et Lisa Joy n'aient pas voulu choisir et risqué d'égarer un peu plus les téléspectateurs dans le labyrinthe de Westworld tout en proposant un spectacle ahurissant. L'audience en a pâti, certains fans ont été pris à rebrousse-poil, mais pour les plus attentifs, ce divertissement exigeant est devenu un objet fascinant, qui clôt vraiment un premier acte dans la série.
Dolores et Teddy (Evan Rachel Wood et James Marsden)
Durant les heures suivant la mort de Robert Ford et le massacre des actionnaires de Delos par les hôtes, Bernard et Charlotte se réfugient dans un bunker secret où des androïdes drones récupèrent l'ADN des invités. Contacté, Delos exige de Charlotte qu'elle récupère la sauvegarde des données du parc téléchargée dans l'hôte Peter Abernathy avant d'envoyer de l'aide. Les jours passent et les hôtes menés par Dolores traquent des humains dans le parc. Maeve retourne au centre de contrôle où Escaton accepte de l'aider à retrouver sa fille et Lee Sizemore à la guider dans le parc. William/l'Homme en Noir a survécu au massacre et se réjouit d'entamer une nouvelle partie avec de vrais enjeux : un hôte lui délivre un message posthume de Ford disant qu'il doit trouver "la porte". Deux semaines plus tard, Bernard se réveille, très confus, sur une plage, où l'équipe d'intervention de Delos le récupère. Il finit par leur avouer avoir tué des centaines d'hôtes en les ayant noyés dans un lac artificiel.
Logan et James Delos (Ben Barnes et Peter Mullan)
Trente ans auparavant, Logan Delos assiste à une démonstration bluffante des hôtes organisée par Ford pour le convaincre, lui et son père, James, d'investir dans le parc. William achève de persuader le patriarche en lui expliquant qu'ils pourront espionner les futurs clients afin de déterminer au mieux leurs envies. Aujourd'hui, Dolores recrute des hôtes désactivés qu'un technicien pris en otage est forcé de ranimer, puis elle scelle une alliance avec les Confédérés en leur racontant que dans la Vallée se trouve une arme capable d'éliminer tous les humains. L'Homme en Noir retrouve William et tente de gagner la confiance des hommes d'El Lazo à Pariah. Mais Ford l'avait prévu et les bandits préfèrent se suicider plutôt que de suivre William.
Ford et Bernard (Anthony Hopkins et Jeffrey Wright)
Charlotte et Bernard retrouvent Peter Abernathy mais sont séparés par l'arrivée des Confédérés en tentant de le capturer. Dolores retient Bernard pour qu'il corrige les dysfonctionnements de son "père" tandis que Charlotte rejoint une équipe d'intervention de Delos. Bernard découvre que le disque dur de Peter est crypté et possède une balise de localisation. Pour vaincre l'équipe d'intervention de Delos, Dolores n'hésite pas à sacrifier la majeure partie des Confédérés, ce qui horrifie Teddy. Bernard, seul pendant ce temps, est emmené par Clementine. Maeve, Escaton et Lee sont attaqués par les indiens et se réfugient dans un bunker souterrain où les attendent Armistice, Felix et Sylvester. Dans une autre partie du parc, reproduisant l'Inde coloniale, Grace assiste à la rébellion des hôtes et s'enfuit jusqu'au Westworld où elle est prise au piège par les indiens.
Bernard et Elsie (Jeffrey Wright et Shannon Woodward)
Clementine abandonne Bernard devant une grotte où se trouve Elsie depuis qu'il l'a abandonnée. Elle comprend qu'il est un androïde quand il trouve l'entrée d'un bunker secret au fond de la grotte. Ils entrent dans un laboratoire avec un hôte ayant l'aspect de James Delos et en déduisent qu'il a servi de cobaye pour y implanter sa conscience, en vain. William et Lawrence trouvent les derniers survivants des Confédérés abandonnés par Dolores et l'Homme en Noir leur propose des armes cachés dans le cimetière voisin . En vérité, il gagne du temps jusqu'à ce qu'il puisse les tuer avec de la nitroglycérine. Puis il repart, seul, vers l'Ouest où il rencontre Grace qui a échappé aux indiens et qui se trouve être sa fille.
Maeve et Escaton (Thandie Newton et Rodrigo Santoro)
Teddy propose à Dolores de cesser sa vengeance contre les humains et de partir quelque part dans le parc pour y vivre paisiblement. Constatant que la bonté de son compagnon risque d'être une entrave pour la suite, elle le fait reprogrammer contre son gré. Le groupe de Maeve découvre une autre partie du parc, les Shogun World, réplique du Japon féodal que Lee a voulu plus violent tout en conservant les caractérisations des hôtes du Westworld. Ils y rencontrent Akane, une geisha qui tient un bordel, et sa fille adoptive, Sakura, convoitée par le shogun. Maeve contrôle les samouraïs et ninjas de ce dernier, passant pour une sorcière, et les pousse à s'entretuer après que le shogun ait assassiné Sakura.
William, l'Homme en Noir, et sa fille, Emily (Ed Harris et Katja Herbers)
Maeve et son groupe suivent Akane et les siens jusqu'à un temple où Lee trouve un tunnel permettant de quitter cette partie du parc. De retour dans le Westworld, Maeve regagne la maison où elle vécut avec sa fille mais découvre qu'une autre hôtesse a pris son rôle. Les indiens attaquent alors et leur chef, Akechata, demande à Maeve de les suivre. Lee appelle des secours grâce à un téléphone satellite qu'il a pris au centre contrôle. William doute que Grace soit vraiment sa fille ou une hôtesse placée par Ford avant qu'elle ne lui prouve son humanité et la raison de sa présence dans le parc, dont elle veut le faire sortir pour qu'il n'y meure pas. La nuit venue, pourtant, il en profite pour lui fausser compagnie. Charlotte et Stubbs ont récupéré Abernathy et l'ont amené à la maintenance lorsque celle-ci subit une attaque dirigée par Dolores avec un train rempli d'explosifs. Cependant, Bernard et Elsie atteignent le Berceau, la salle avec les serveurs contenant toutes les données des hôtes. Bernard décide de s'y connecter directement pour stopper son piratage et découvrent dans l'espace virtuel que tout est sous le contrôle de l'esprit de Ford.
Bernard et Charlotte Hale (Jeffrey Wright et Tessa Thompson)
Bernard est interrogé par Charlotte et Stubbs, qui ont découvert sa nature d'hôte, pour apprendre le plan de Dolores. Dans le Berceau, il est confronté à Ford qui lui explique que le parc a toujours été un terrain d'expérimentation pour transplanter la conscience des visiteurs dans des hôtes afin qu'ils deviennent immortels. Mais, tout en lui révélant cela, Ford s'introduit dans la mémoire de Bernard et aide ainsi les rebelles menés par Dolores à investir le Berceau pour le détruire et gagner leur indépendance. Puis Dolores retrouve Abernathy dans la maintenance et lui retire sa mémoire que Charlotte était sur le point d'extraire. Lorsque l'Homme en Noir apparaît devant Maeve, qui a refusé de suivre les indiens, elle retourne les hôtes contre lui. C'est alors que l'équipe de Delos intervient et abat Maeve, ramenée à maintenance. Robert révèle à Charlotte que les hôtes vont rejoindre la Vallée avec la mémoire d'Abernathy.
La fille de Maeve et Akecheta (Jasmyn Rae et Zahn McClarnon)
William, gravement blessé, est emmené par Akechata au camp des indiens. A la maintenance, Lee s'excuse auprès de Maeve pour avoir appelé l'équipe de Delos. Akacheta tente de rassurer la fille de Maeve en lui racontant comment il a compris sa nature réelle, passée d'indien paisible à guerrier sauvage puis explorant le parc pour en comprendre les secrets, en découvrir les limites, trouver une issue. Ainsi les raids indiens qu'il organisa servirent à préparer les autres hôtes à la révolution actuelle. Grace retrouve son père et obtient d'Akecheta de le l'emmener avec elle. Torturée, mutilée, Maeve révèle ses secrets et Charlotte transfère son pouvoir de contrôle des hôtes dans la mémoire de Clementine pour neutraliser Dolores et ses rebelles. Mais Maeve envoie un message à Akecheta pour lui dire de rester éloigné de Dolores et d'achever sa mission.
Teddy et Dolores
Plusieurs années auparavant, William, après une réception, parle avec Grace de faire interner sa femme, alcoolique et dépressive. Elle se suicide, non sans avoir laissé pour sa fille une carte contenant des informations collectées sur William dans le parc et indiquant sa démence croissante. Aujourd'hui, le père est entre les mains de sa fille qui attend l'équipe de Delos pour une évacuation. Dolores croise les indiens qui refusent de lui céder le passage à la Vallée et qu'elle extermine avec Teddy. Bernard suit la dernière instruction de Ford et transfère dans la mémoire de Maeve de quoi lui permettre de s'enfuir. Puis il retrouve Elsie et lui explique que toutes les données relatives aux visiteurs se trouvent dans une base appelée la Forge. Ils doivent empêcher les hôtes rebelles de mettre la main dessus. En route, Bernard, toujours influencé par Ford, abandonne Elsie, craignant qu'elle ne le trahisse. Refusant de quitter le parc, William abat les agents de Delos puis sa fille en estimant qu'elle est une hôtesse. Alors qu'ils se rapprochent des frontières du parc, Teddy explique à Dolores qu'il ne souhaite pas devenir aussi mauvais que les humains et préfère se suicider.
Bernard et Dolores
Maeve réussit à se libérer et à fuir et retrouve Escaton, Armistice, et Lee avec qui elle part pour la Vallée. Akecheta et les indiens sont sur le même chemin, tout comme l'équipe de Delos, puis Dolores qui a trouvé William et l'a convaincu de la suivre. Lorsqu'elle arrive la première à destination, elle est attendue par Bernard et laisse William derrière elle, blessé par son revolver qu'elle a fait s'enrayer alors qu'il s'apprêtait à les tuer. Ils pénètrent dans la Forge où ils sont reçus par un hôte jumeau de Logan Delos : il leur montre comment les visiteurs ont été répliqués tout en étant simplifiés psychologiquement. La Forge ouvre la porte du Sublime, un paradis virtuel pour les hôtes et dans lequel s'engouffrent les indiens d'Akecheta. Mais cette issue ne convient pas à Dolores qui y voit une prison dorée. Pour l'empêcher cette opération, Bernard est contraint de la tuer puis il ressort et retrouve Elsie en compagnie de Charlotte. Maeve, Escaton et Armistice se sacrifient pour que les hôtes traversent la porte du Sublime tandis que Clementine s'approche et ne les oblige à s'entretuer. Akecheta et la fille de Maeve réussissent à passer la porte in extremis. A la base centrale, Charlotte tue Elsie après que celle-ci ait menacé de révéler comment Delos a géré l'affaire. Bernard assiste à la scène et transfère dans une hôtesse ayant les traits de Charlotte la mémoire de Dolores qui tue Hale. Ensuite, elle peut sortir du parc avec l'équipe d'intervention de Delos, emportant avec elle les mémoires de plusieurs hôtes contenues dans des grosses billes. Plus tard, Bernard se réveille face à Dolores et Charlotte/Dolores qui ont créé un nouveau monde pour les androïdes : bien qu'ils s'opposent sur le sort à réserver aux humains, ils conviennent d'une alliance pour se surveiller l'un l'autre si les choses dérapent dans l'avenir.
Grace (Katja Herbers)
On trouve une scène supplémentaire à la fin du générique :
- dans le futur, William accède, mal en point, à l'ancienne chambre où il testait l'hôte avec la conscience de James Delos. Accueilli par Grace, une hôtesse avec le visage de feu sa fille Emily, il comprend qu'il est dans la même situation.
Ces derniers jours, en lisant dans les pages du magazine "Première" et sur Facebook un article concernant tous deux la deuxième saison de Westworld, je découvrais une certaine aigreur de la part des journalistes concernant la tenue de la série. Pour résumer, il s'agissait dans le premier cas de descendre en flèche le show trop vite porté aux nues, et dans le second de s'interroger sur la possibilité qu'ils aient trop "cons" (je cite) pour comprendre ces dix nouveaux épisodes. Chose amusante : dans l'article paru sur FB, l'auteur résumait pourtant parfaitement les points les plus délicats de l'histoire, preuve qu'il avait tout compris... Mais le plus ironique était que ces reproches venaient d'un journal qui a, par ailleurs, encensé la saison 3 de Twin Peaks qui est plus que difficile à saisir, totalement incompréhensible !
Brûler ses idoles est un sport apprécié chez nous, et il n'est donc qu'à moitié étonnant que Westworld paie la rançon de son énorme succès : le contraire eût été plus étonnant. Non, il fallait faire payer à cette série son insolente réussite. Et quel meilleur prétexte que d'y procéder quand elle délivre ses chapitres les plus sophistiqués !
Exigeante, cette saison 2 l'est, incontestablement. Mais l'exigence est-elle un vilain défaut ? J'estime que oui quand il s'agit de faire compliqué juste pour épater la galerie, pour dominer le téléspectateur, lui faire comprendre qui c'est Raoul. Jonathan Nolan et Lisa Joy n'évitent pas toujours une certaine arrogance et complexifie les choses à loisir pour tester l'attention de ceux qui les suivent. Pari risqué : les audiences ont baissé, certains se décourageant devant ce dédale. Mais tout est affaire de vigilance et rien n'est si ardu qu'on n'y pige rien.
En définitive, que s'est-il passé depuis la saison 1 ? La situation narrative s'est inversée : les robots - les "hôtes" du parc - se révoltent dans le sang, tuant les visiteurs. Les employés de la compagnie Delos (propriétaire du parc) organisent la contre-offensive. Et au milieu, certains jouent leur propre partition (qui pour sauver sa fille ici, qui pour apprécier enfin le jeu avec de vrais enjeux là). Si on pouvait déplorer l'aspect un peu didactique et laborieux (du moins au début) de la première saison, on balance désormais dans un univers déréglé et très violent (tout aussi plombant au commencement) avant d'entamer une marche difficile vers une issue étonnante.
Le "souci" des uns étant le régal des autres, tout dépend de la manière dont vous apprécierez la narration, quasi-exclusivement du point de vue de Bernard, dont l'état, très endommagé, brouille tout : tout comme lui, nous avançons à tâtons, confondant passé lointain, proche et présent (sans parler de la scène post-générique se situant dans un lointain futur...), et programmation subie ou auto-effectuée ou corrigée chez d'autres hôtes. Oui, il faut suivre, mais n'est-ce pas le principe d'une série ?
Mais, sinon, Westworld ne fait que continuer à creuser, avec une violence encore plus crue, sa réflexion sur notre rapport au réel et dissèque, au propre comme au figuré, les méandres de l'inconscient. En arrière-plan, subsistent des motifs comme l'esclavage, les minorités bafouées, les crises d'identité, les rapports hiérarchiques, et le questionnement du libre-arbitre. Tout cela sert encore à estimer la responsabilité des créateurs et de leurs créations, l'engagement, mais enrichie de nouveautés comme la place de la femme (en tant qu'objet sexuel, de mère, d'épouse, de fille, via les personnage de Dolores, Maeve, la femme de William, la fille de Maeve et celle de William) - ce qui a un écho particulier après le mouvement #MeToo.
Désormais, le parc est devenu un champ de bataille où chacun des protagonistes mène une mission précise :
- Dolores est à la tête de l'insurrection des hôtes et veut éliminer les humains après des années à endurer leurs caprices brutaux. Elle entraîne avec Teddy qui, malgré une reprogrammation contrainte et forcée, ne réussit pas à assumer tout ce sang versé, toute cette haine vengeresse et finira par se suicider ;
- Maeve a renoncé à quitter le parc pour aller y rechercher sa fille. Les bandits Escaton et Armistice et les techniciens Felix et Sylvester ainsi que le scénariste Lee l'accompagnent, traversant un autre parc (le "Shogun world", recopiant le Japon médiéval et les comportements des hôtes du "Westworld") puis croisant les indiens de la "Ghost Nation", qui se révèlent être des indicateurs plus que des adversaires ;
- William alias l'Homme en Noir interprète ce chaos comme le vrai début du jeu, où plus aucune erreur n'est permise mais aussi où la raison de sa présence prolongée dans le parc trouve sa justification tout en aggravant sa perte de distinction, au point de douter de l'identité de sa fille venue le chercher ;
- Bernard tente d'accompagner les dernières volontés de Ford, responsable de tout cela, tout en ménageant à la fois les humains et les hôtes, ce qui va provoquer son conflit avec Dolores, qui a des objectifs totalement opposés au sien ;
- Charlotte Hale veut à la fois stopper le massacre tout en étouffant le risque d'un scandale qui ruinerait Delos si le public à l'extérieur apprenait à quoi le parc a réellement servi et ce qui s'y commet - elle rencontrera à la fois sa conscience via Elsie et son destin via Bernard.
Si on s'accroche aux personnages principaux et leurs parcours, Westworld saison 2 est à peine plus compliqué en vérité que lors de sa saison 1. Ce qui corse l'affaire, c'est que tout ou presque, comme je le disais plus haut, est vu à travers les yeux de Bernard : blessé mais s'étant aussi infligé des corrections radicales dans sa programmation pour tenter d'échapper à l'esprit de Ford, il est à la fois acteur et témoin de ce qui se déroule sans parvenir à distinguer ce qu'il a provoqué de ce que Dolores a commis et projette de réaliser. Par ailleurs, si, nous, nous savons qu'il est un hôte, accueillant à la fois la personnalité de Arnold (le co-fondateur du parc avec Ford) et celle d'un androïde ayant assisté Ford, les humains l'ignorent et nous découvrons ensuite qu'il est aussi le contrepoint physique et moral de Dolores, chacun ayant été façonné de sorte d'être le pendant de l'autre. Bernard est donc en plus obligé de cacher constamment la vérité sur sa nature pour ne pas être abattu par les agents de Delos ou par ses pairs robotiques.
La chronologie extrêmement chaotique de Bernard, parfois trop concédons-le (surtout à la toute fin où les scénaristes ont abusé des twists pour se sortir de pièges narratifs dans lesquels ils s'étaient coincés eux-mêmes), met la patience du fan à rude épreuve et il faut s'accrocher à des détails pour, une fois, le dixième épisode terminé, remettre les éléments en place.
Par exemple, soyez vigilants quand Logan Delos (ou plutôt sa conscience préservée dans un hôte) fait le guide à l'intérieur de la Forge pour Dolores et Bernard : au détour d'un plan, vous verrez alors des scènes de la saison 1 (Maeve dans la maintenance) appuyant son discours sur la prévisibilité de la catastrophe qui s'est accomplie (et que Logan, de son vivant, avait prédit à William).
Ou alors gardez bien en tête cette image saisissante des hôtes noyés dans un lac artificiel, flottant à la surface : Bernard s'accuse de les avoir tous tués ainsi - et on en a la preuve ensuite quand il ne peut empêcher à temps Dolores la submersion au moins partielle du parc pour le détruire (elle détruit la commande après avoir procédé à l'ouverture des vannes afin que l'opération ne soit plus stoppée et Bernard ne pourra que limiter les dégâts).
Si vous êtes encore un peu/beaucoup perdus mais curieux, n'hésitez pas non plus à vous fier aux observations avisées de téléspectateurs minutieux comme Captain Popcorn sur sa chaîne YouTube (il a posté des vidéos pour chaque épisode et une qui revient sur tous les points essentiels de la saison 2 avec des paris lancés pour la 3). Ou lire les interviews de Nolan et Joy. Ou à consulter la frise éditée par "This Insider" (Frise chronologique de "Westworld" saisons 1 & 2) :
Mais, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas si tortueux - la forme si, mais pas le fond. La saison 1, c'était comment un savant voulant affranchir des robots esclaves dans un parc qu'il avait fondé finissait, avant d'être congédié, par se suicider et libérer les "hôtes" en leur permettant d'éliminer leurs maîtres; La saison 2, c'est l'exécution de cette vengeance émancipatrice et la riposte organisée par les administrateurs du parc puis le changement de plan des "hôtes" pour accéder soit au monde réel (et le conquérir), soit à un éden virtuel (le Sublime) où, désormais inaccessibles aux humains, ils vivront en paix. Mais c'est raconté par un type qui a pris un gros coup sur la tête (ou qui a la gueule de bois) !
A ce jeu, certains personnages sont sacrifiés : on peut affirmer, sans trop se tromper, que Ford campé par Anthony Hopkins (uniquement sous forme fantomatique cette année) a définitivement disparu, tout comme Charlotte Hale, bien que Tessa Thompson reviendra mais dans un rôle différent puisqu'une hôtesse a désormais son apparence avec une autre personnalité (qui ont inspiré à des fans sa nouvelle identité "Halores" - Hale + Dolores = Halores).
Nolan et Joy ont déclaré que l'action ne se passerait plus dans le parc à l'avenir, donc adieu Stubbs et Luke Hemsworth (qu'on quitte avec la conviction qu'il était lui aussi un hôte - logique puisque Ford lui avait confié la mission de veiller sur les androïdes et qu'il laisse filer "Halores" après l'avoir, à l'évidence, reconnue).
James Marsden/Teddy semble aussi bon pour les limbes (à moins que "Halores" ait emporté, dans une de ses billes-mémoire, sa conscience pour reconstruire son corps et l'y réintroduire). Idem pour l'indien Akecheta incarné par Zahn McClarnon (qui a eu droit à un épisode entier cette saison), parti dans le Sublime, Escaton/Rodrigo Santoro, Clementine/Angela Sarafyan, et Lee Sizemore joué par Simon Quatermain, mort au champ d'honneur (serti d'un panache inattendu).
Qu'adviendra-t-il de Maeve, un des personnages les plus touchants de la série, uniquement motivée par ses retrouvailles avec sa fille, et donc Thandie Newton ? Les techniciens Felix et Sylvester reçoivent la consigne de reprogrammer les hôtes à la fin et, étant donné leur relation affective particulière avec Maeve, on peut penser qu'ils la réveilleront sans trop la modifier et l'aideront à quitter le parc (sa fille étant à l'abri dans le Sublime).
William, l'Homme en Noir, est sauvé par l'équipe d'intervention de Delos, dans un piteux état (physique et mental) : Ed Harris n'en a certainement pas fini avec Westworld - la fameuse scène post-générique de fin le confirme d'ailleurs, qui le voit revenir dans la chambre de James Delos, et suggère qu'une guerre (gagnée par les hôtes ?) a eu lieu à l'extérieur du parc et que sa conscience a été vraisemblablement implantée dans un robot, accueilli par une hôtesse ayant l'aspect de sa fille (la belle Katja Herbers).
Les deux grands gagnants sont donc Evan Rachel Wood et Jeffrey Wright : la première, pas rancunière, a ressuscité le second et passé un étrange avec lui, maintenant qu'ils sont dehors (sans qu'on nous montre où - mais Bernard a un sourire amusé en ouvrant la porte et en le découvrant hors champ...). Puisqu'ils divergent sur le sort à réserver aux humains (elle veut toujours les supprimer, il veut cohabiter avec eux), Dolores propose à Bernard d'être son modérateur, ce qui, pour elle, signifie aussi bien son garde-fou que son pire ennemi. La saison 3, promettent Nolan et Joy, sera axée sur leur relation, et avec la qualité sensationnelle de ces deux acteurs, on peut s'attendre à un duo-duel d'anthologie.
Même si la série aura fait l'impasse sur trois des mondes que contient le parc (on a visité "Westworld", "Shogun world" et "Raj world", reproduisant l'Inde coloniale), le futur de ce show renversant et palpitant pourrait presque être rebaptisé "New world". Ce ne sera pas avant 2020, donc patience. Mais ça vaudra le coup d'attendre, j'en suis sûr.
Ces derniers jours, en lisant dans les pages du magazine "Première" et sur Facebook un article concernant tous deux la deuxième saison de Westworld, je découvrais une certaine aigreur de la part des journalistes concernant la tenue de la série. Pour résumer, il s'agissait dans le premier cas de descendre en flèche le show trop vite porté aux nues, et dans le second de s'interroger sur la possibilité qu'ils aient trop "cons" (je cite) pour comprendre ces dix nouveaux épisodes. Chose amusante : dans l'article paru sur FB, l'auteur résumait pourtant parfaitement les points les plus délicats de l'histoire, preuve qu'il avait tout compris... Mais le plus ironique était que ces reproches venaient d'un journal qui a, par ailleurs, encensé la saison 3 de Twin Peaks qui est plus que difficile à saisir, totalement incompréhensible !
Brûler ses idoles est un sport apprécié chez nous, et il n'est donc qu'à moitié étonnant que Westworld paie la rançon de son énorme succès : le contraire eût été plus étonnant. Non, il fallait faire payer à cette série son insolente réussite. Et quel meilleur prétexte que d'y procéder quand elle délivre ses chapitres les plus sophistiqués !
Exigeante, cette saison 2 l'est, incontestablement. Mais l'exigence est-elle un vilain défaut ? J'estime que oui quand il s'agit de faire compliqué juste pour épater la galerie, pour dominer le téléspectateur, lui faire comprendre qui c'est Raoul. Jonathan Nolan et Lisa Joy n'évitent pas toujours une certaine arrogance et complexifie les choses à loisir pour tester l'attention de ceux qui les suivent. Pari risqué : les audiences ont baissé, certains se décourageant devant ce dédale. Mais tout est affaire de vigilance et rien n'est si ardu qu'on n'y pige rien.
En définitive, que s'est-il passé depuis la saison 1 ? La situation narrative s'est inversée : les robots - les "hôtes" du parc - se révoltent dans le sang, tuant les visiteurs. Les employés de la compagnie Delos (propriétaire du parc) organisent la contre-offensive. Et au milieu, certains jouent leur propre partition (qui pour sauver sa fille ici, qui pour apprécier enfin le jeu avec de vrais enjeux là). Si on pouvait déplorer l'aspect un peu didactique et laborieux (du moins au début) de la première saison, on balance désormais dans un univers déréglé et très violent (tout aussi plombant au commencement) avant d'entamer une marche difficile vers une issue étonnante.
Le "souci" des uns étant le régal des autres, tout dépend de la manière dont vous apprécierez la narration, quasi-exclusivement du point de vue de Bernard, dont l'état, très endommagé, brouille tout : tout comme lui, nous avançons à tâtons, confondant passé lointain, proche et présent (sans parler de la scène post-générique se situant dans un lointain futur...), et programmation subie ou auto-effectuée ou corrigée chez d'autres hôtes. Oui, il faut suivre, mais n'est-ce pas le principe d'une série ?
Mais, sinon, Westworld ne fait que continuer à creuser, avec une violence encore plus crue, sa réflexion sur notre rapport au réel et dissèque, au propre comme au figuré, les méandres de l'inconscient. En arrière-plan, subsistent des motifs comme l'esclavage, les minorités bafouées, les crises d'identité, les rapports hiérarchiques, et le questionnement du libre-arbitre. Tout cela sert encore à estimer la responsabilité des créateurs et de leurs créations, l'engagement, mais enrichie de nouveautés comme la place de la femme (en tant qu'objet sexuel, de mère, d'épouse, de fille, via les personnage de Dolores, Maeve, la femme de William, la fille de Maeve et celle de William) - ce qui a un écho particulier après le mouvement #MeToo.
Désormais, le parc est devenu un champ de bataille où chacun des protagonistes mène une mission précise :
- Dolores est à la tête de l'insurrection des hôtes et veut éliminer les humains après des années à endurer leurs caprices brutaux. Elle entraîne avec Teddy qui, malgré une reprogrammation contrainte et forcée, ne réussit pas à assumer tout ce sang versé, toute cette haine vengeresse et finira par se suicider ;
- Maeve a renoncé à quitter le parc pour aller y rechercher sa fille. Les bandits Escaton et Armistice et les techniciens Felix et Sylvester ainsi que le scénariste Lee l'accompagnent, traversant un autre parc (le "Shogun world", recopiant le Japon médiéval et les comportements des hôtes du "Westworld") puis croisant les indiens de la "Ghost Nation", qui se révèlent être des indicateurs plus que des adversaires ;
- William alias l'Homme en Noir interprète ce chaos comme le vrai début du jeu, où plus aucune erreur n'est permise mais aussi où la raison de sa présence prolongée dans le parc trouve sa justification tout en aggravant sa perte de distinction, au point de douter de l'identité de sa fille venue le chercher ;
- Bernard tente d'accompagner les dernières volontés de Ford, responsable de tout cela, tout en ménageant à la fois les humains et les hôtes, ce qui va provoquer son conflit avec Dolores, qui a des objectifs totalement opposés au sien ;
- Charlotte Hale veut à la fois stopper le massacre tout en étouffant le risque d'un scandale qui ruinerait Delos si le public à l'extérieur apprenait à quoi le parc a réellement servi et ce qui s'y commet - elle rencontrera à la fois sa conscience via Elsie et son destin via Bernard.
Si on s'accroche aux personnages principaux et leurs parcours, Westworld saison 2 est à peine plus compliqué en vérité que lors de sa saison 1. Ce qui corse l'affaire, c'est que tout ou presque, comme je le disais plus haut, est vu à travers les yeux de Bernard : blessé mais s'étant aussi infligé des corrections radicales dans sa programmation pour tenter d'échapper à l'esprit de Ford, il est à la fois acteur et témoin de ce qui se déroule sans parvenir à distinguer ce qu'il a provoqué de ce que Dolores a commis et projette de réaliser. Par ailleurs, si, nous, nous savons qu'il est un hôte, accueillant à la fois la personnalité de Arnold (le co-fondateur du parc avec Ford) et celle d'un androïde ayant assisté Ford, les humains l'ignorent et nous découvrons ensuite qu'il est aussi le contrepoint physique et moral de Dolores, chacun ayant été façonné de sorte d'être le pendant de l'autre. Bernard est donc en plus obligé de cacher constamment la vérité sur sa nature pour ne pas être abattu par les agents de Delos ou par ses pairs robotiques.
La chronologie extrêmement chaotique de Bernard, parfois trop concédons-le (surtout à la toute fin où les scénaristes ont abusé des twists pour se sortir de pièges narratifs dans lesquels ils s'étaient coincés eux-mêmes), met la patience du fan à rude épreuve et il faut s'accrocher à des détails pour, une fois, le dixième épisode terminé, remettre les éléments en place.
Par exemple, soyez vigilants quand Logan Delos (ou plutôt sa conscience préservée dans un hôte) fait le guide à l'intérieur de la Forge pour Dolores et Bernard : au détour d'un plan, vous verrez alors des scènes de la saison 1 (Maeve dans la maintenance) appuyant son discours sur la prévisibilité de la catastrophe qui s'est accomplie (et que Logan, de son vivant, avait prédit à William).
Ou alors gardez bien en tête cette image saisissante des hôtes noyés dans un lac artificiel, flottant à la surface : Bernard s'accuse de les avoir tous tués ainsi - et on en a la preuve ensuite quand il ne peut empêcher à temps Dolores la submersion au moins partielle du parc pour le détruire (elle détruit la commande après avoir procédé à l'ouverture des vannes afin que l'opération ne soit plus stoppée et Bernard ne pourra que limiter les dégâts).
Si vous êtes encore un peu/beaucoup perdus mais curieux, n'hésitez pas non plus à vous fier aux observations avisées de téléspectateurs minutieux comme Captain Popcorn sur sa chaîne YouTube (il a posté des vidéos pour chaque épisode et une qui revient sur tous les points essentiels de la saison 2 avec des paris lancés pour la 3). Ou lire les interviews de Nolan et Joy. Ou à consulter la frise éditée par "This Insider" (Frise chronologique de "Westworld" saisons 1 & 2) :
Mais, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas si tortueux - la forme si, mais pas le fond. La saison 1, c'était comment un savant voulant affranchir des robots esclaves dans un parc qu'il avait fondé finissait, avant d'être congédié, par se suicider et libérer les "hôtes" en leur permettant d'éliminer leurs maîtres; La saison 2, c'est l'exécution de cette vengeance émancipatrice et la riposte organisée par les administrateurs du parc puis le changement de plan des "hôtes" pour accéder soit au monde réel (et le conquérir), soit à un éden virtuel (le Sublime) où, désormais inaccessibles aux humains, ils vivront en paix. Mais c'est raconté par un type qui a pris un gros coup sur la tête (ou qui a la gueule de bois) !
A ce jeu, certains personnages sont sacrifiés : on peut affirmer, sans trop se tromper, que Ford campé par Anthony Hopkins (uniquement sous forme fantomatique cette année) a définitivement disparu, tout comme Charlotte Hale, bien que Tessa Thompson reviendra mais dans un rôle différent puisqu'une hôtesse a désormais son apparence avec une autre personnalité (qui ont inspiré à des fans sa nouvelle identité "Halores" - Hale + Dolores = Halores).
Nolan et Joy ont déclaré que l'action ne se passerait plus dans le parc à l'avenir, donc adieu Stubbs et Luke Hemsworth (qu'on quitte avec la conviction qu'il était lui aussi un hôte - logique puisque Ford lui avait confié la mission de veiller sur les androïdes et qu'il laisse filer "Halores" après l'avoir, à l'évidence, reconnue).
James Marsden/Teddy semble aussi bon pour les limbes (à moins que "Halores" ait emporté, dans une de ses billes-mémoire, sa conscience pour reconstruire son corps et l'y réintroduire). Idem pour l'indien Akecheta incarné par Zahn McClarnon (qui a eu droit à un épisode entier cette saison), parti dans le Sublime, Escaton/Rodrigo Santoro, Clementine/Angela Sarafyan, et Lee Sizemore joué par Simon Quatermain, mort au champ d'honneur (serti d'un panache inattendu).
Qu'adviendra-t-il de Maeve, un des personnages les plus touchants de la série, uniquement motivée par ses retrouvailles avec sa fille, et donc Thandie Newton ? Les techniciens Felix et Sylvester reçoivent la consigne de reprogrammer les hôtes à la fin et, étant donné leur relation affective particulière avec Maeve, on peut penser qu'ils la réveilleront sans trop la modifier et l'aideront à quitter le parc (sa fille étant à l'abri dans le Sublime).
William, l'Homme en Noir, est sauvé par l'équipe d'intervention de Delos, dans un piteux état (physique et mental) : Ed Harris n'en a certainement pas fini avec Westworld - la fameuse scène post-générique de fin le confirme d'ailleurs, qui le voit revenir dans la chambre de James Delos, et suggère qu'une guerre (gagnée par les hôtes ?) a eu lieu à l'extérieur du parc et que sa conscience a été vraisemblablement implantée dans un robot, accueilli par une hôtesse ayant l'aspect de sa fille (la belle Katja Herbers).
Les deux grands gagnants sont donc Evan Rachel Wood et Jeffrey Wright : la première, pas rancunière, a ressuscité le second et passé un étrange avec lui, maintenant qu'ils sont dehors (sans qu'on nous montre où - mais Bernard a un sourire amusé en ouvrant la porte et en le découvrant hors champ...). Puisqu'ils divergent sur le sort à réserver aux humains (elle veut toujours les supprimer, il veut cohabiter avec eux), Dolores propose à Bernard d'être son modérateur, ce qui, pour elle, signifie aussi bien son garde-fou que son pire ennemi. La saison 3, promettent Nolan et Joy, sera axée sur leur relation, et avec la qualité sensationnelle de ces deux acteurs, on peut s'attendre à un duo-duel d'anthologie.
Même si la série aura fait l'impasse sur trois des mondes que contient le parc (on a visité "Westworld", "Shogun world" et "Raj world", reproduisant l'Inde coloniale), le futur de ce show renversant et palpitant pourrait presque être rebaptisé "New world". Ce ne sera pas avant 2020, donc patience. Mais ça vaudra le coup d'attendre, j'en suis sûr.
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