Avec ce cinquième épisode des Terrifics, Jeff Lemire ouvre un nouvel arc narratif, signifiant ainsi qu'il exploite ses personnages comme un groupe constitué. Il est bien dommage qu'Evan Shaner signe son dernier épisode (même si l'artiste a laissé entendre qu'il pourrait revenir sur la série dans quelques mois) alors même que le récit prend son envol...
De retour à la demeure de Stagg après leur voyage sur BGZTL, chacun des Terrifics vaque à ses occupations : Mr. Terrific procède à ses examens sur Phantom Girl pour qu'elle recouvre sa forme tangible sans qu'elle ne ne fasse exploser ce qu'elle touche, Metamorpho annonce à Sapphire Stagg qu'il va la quitter car il ne veut plus être manipulé par son beau-père, et Plastic Man téléphone à sa femme qu'il n'a pas vu depuis cinq ans pour prendre des nouvelles de leur fils.
La tension règne donc mais bientôt une alerte prévient le groupe d'une menace à Belmont dans le Michigan, attaquée par un étrange phénomène qui transforme ses habitants en ersatz de Metamorpho. Ce dernier n'y comprend rien.
Le quatuor se rend sur place. Metamopho tente d'endiguer la contamination. Plastic Man évacue les civils. Phantom Girl se tient à l'écart. Mr. Terrific essaie de localiser la source du problème et pense à une manifestation magique.
C'est alors que Metamorpho est littéralement fracassé par Algon, l'Homme Elemental, libre après un millénaire de détention. Il créé un portail dimensionnel dans lequel il jette Metamorpho puis dans lequel se jettent ses amis pour le sauver.
Mais chacun atterrit dans une dimension parallèle distincte, tandis que Metamorpho, lui, est en compagnie d'Algon qui possède désormais l'Orbe de Ra à l'origine de leurs pouvoirs !
Pour certains observateurs, considérant les chiffres de vente des séries de la collection "The New Age of Heroes", il ne serait guère étonnant qu'elles ne passent pas l'année, et quelques-uns de leurs personnages seraient reversés dans de nouveaux titres (comme le retour tant attendu de Justice Society of America) ou remisés, voire supprimés (c'est d'ailleurs plus ou moins explicite avec ceux de The Unexpected)
Serait-ce si injuste et injustifié ? Sans doute pas quand on juge la faiblesse éditoriale de DC Comics pour construire cette ligne, bâtie d'abord sur la renommée de ses artistes qui, quasiment tous, n'ont pas été fichu d'aligner trois épisodes d'affilée - ce qui n'est pas idéal pour fidéliser des lecteurs.
Mais ce qui subsistera, si ces funestes oracles ont raison, c'est un sentiment de gâchis car The Terrifics, depuis le mois dernier en particulier, montre ce qu'aurait pu être cette série en particulier et la collection à laquelle elle appartient en général.
Jeff Lemire met beaucoup de conviction et d'énergie dans son écriture, on le sent vraiment attaché aux personnages, soucieux de proposer un divertissement de qualité, et ce cinquième épisode confirme ses bonnes intentions : maintenant que l'équipe des Terrifics est vraiment formée, son aventure contre Algon promet beaucoup, et ravive un esprit rétro, digne des comics des 60's, jubilatoire.
Evan Shaner colle si bien au style de son scénariste qu'il a même adapté son découpage en s'inspirant de celui en vogue il y a plus de 50 ans, privilégiant dans les premières pages des "gaufriers" de quatre cases façon Kirby, puis alignant de superbes pleines pages, généreuses et composées pour informer synthétiquement le lecteur de ce qui se passe.
Le trait de l'artiste, fin, élégant, expressif, est un régal, et la colorisation de Nathan Fairbain ne gâche pas la vue, avec des teintes douces et vives. Il s'en dégage une impression de bonne humeur, d'entrain, irrésistible. On peut douter, sans sévérité excessive mais avec la prudence requise, que Joe Bennett, le mois prochain, rivalise avec cette production (heureusement, en Août, c'est Dale Eaglesham qui prendra le relais).
Mais la réussite de l'ouvrage n'empêche jamais de penser à sa précarité : depuis son lancement, The Terrifics ressemble plus à une pépite prometteuse mais fragile, éditée n'import comment, que comme le joyau de la couronne qu'il pouvait ambitionner d'être. Cette relecture décalée des Fantastic Four recelait un potentiel bien entamé et a subi un traitement indigne de son grand scénariste.
Sa fin sera regrettable mais paraît programmée et presque souhaitable car aucune série ne mérite ça. En bon supporter, je soutiendrai ce titre autant que possible, mais sans illusion sur son avenir à long terme (Mr. Terrific ici, Hawkman de retour, Jay Garrick entraperçu dans Flash, Dr. Fate à l'affiche de No Justice et bientôt de Justice League Dark : en attendant ses autres vénérables membres iconiques, tout ça ressemble fort à une réunion de la JSA).
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