mercredi 25 juillet 2018

THE WEATHERMAN #2, de Jody LeHeup et Nathan Fox


The Weatherman fut, le mois dernier, une des excellentes nouveautés publiées par Image Comics. Avec son pitch original, son rythme soutenu et son graphisme singulier, le projet de Jody LeHeup et Nathan Fox donnait envie de s'y accrocher. Et c'est sur ces bonnes bases que la série continue avec un deuxième épisode aussi riche et percutant.


Nathan Bright est interrogé de façon musclée par un des agents sous les ordres d'Amanda Cross après qu'elle l'ait arrêté pour un génocide sur Terre. Pourtant il continue de jurer ne rien savoir d'une opération "Epée de Dieu" à l'origine de cette tragédie, alors même que, sur Mars, les survivants demandent des comptes aux responsables politiques.


Fitch, le supérieur d'Amanda, a identifié les trois mercenaires qui ont fait irruption chez Nathan pour l'enlever avant de fuir à l'arrivée de la police : il s'agit de trois mercenaires venus des environs de Vénus, ce qui signifie que leur commanditaire cherchent la même chose que les forces de l'ordre martiennes et que Bright en est la clé.


Après que son esprit ait été sondé par une télépathe, qui conclut que la mémoire de Nathan a été effacée, ce dernier écoute Amanda lui raconter l'histoire du soldat d'élite Ian Black, recruté par Jazen Jenner pour voler un dispositif capable d'anéantir la Terre. Ceci fait, ses souvenirs ont été gommés et son apparence modifiée par le Dr. Miriam Nyseth.


Mais Nathan continue de nier être Ian Black. On le renvoie dans sa cellule où l'attendent des documents accablants. Cependant, les méthodes d'Amanda lui valent un sermon de la part de Fitch qui veut utiliser Bright comme appât pour coincer les mercenaires et Jenner.


Nathan est finalement libéré mais reste sous la garde d'Amanda qui lui révèle son rôle d'appât. Il n'a pas le temps de s'en effrayer car la station spatiale où ils se trouvent est attaquée et explose à cause d'un agent double kamikaze tandis qu'Amanda et lui la quittent en urgence.

La variant cover de Marcos Martin

Ce qui est toujours agréable avec une série, quel que soit le genre qu'elle explore, c'est le potentiel de surprises qu'elle réserve. Si son pitch initial est déjà étonnant, c'est un bon début, mais il faut ensuite transformer l'essai, ne pas laisser le lecteur souffler, continuer à le surprendre, lui fournir des coups de théâtre à la fois spectaculaires mais pas trop invraisemblables dans le contexte de l'histoire.

Tout cela, The Weatherman l'accomplit avec brio depuis deux numéros. C'est encore trop peu pour prétendre qu'on tient là la série du moment, une sorte de "sleeper" (un comic-book que personne n'attendait et qui s'impose comme la BD hype), mais c'est déjà bien. On finit la lecture en ayant très envie de connaître la suite et en sachant que rien n'est prévisible.

Le premier chapitre se concluait sur un twist ahurissant : l'inoffensif présentateur de la météo Nathan Bright était accuser d'être l'auteur d'une terrible catastrophe terrienne depuis Mars. On le retrouve arrêté et incarcéré dans une station spatiale et passé à tabac pour qu'il avoue, mais ni les coups ni un sondage télépathique ne peuvent corroborer ces accusations atroces.

Lorsque sa fiancée, qui est une policière très remontée, lui raconte qu'il a été un soldat d'élite devenu mercenaire à la solde de l'auteur de la tragédie terrienne, le récit prend les proportions d'un cauchemar kafkaïen, à la fois crédible (compte tenu de l'état avancé de la technologie et de la science en 2770) et surréaliste par l'enchaînement des faits. On compatit pour le héros car on a du mal à imaginer que ce garçon fluet, plus bouleversé par la mort de sa chienne que par son propre sort, ait pu être un tueur à gages au service d'une terroriste.

Jody LeHeup se garde bien de lever le voile sur cette énigme ambulante. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, on ne saura pas (pas encore) si Nathan Bright est Ian Black. En revanche, la scénariste ne freine pas l'allure dans la dernière ligne droite de l'épisode où la station spatiale est attaquée puis détruite par une kamikaze, jetant le héros et Amanda Cross dans l'espace, livrés à eux-mêmes désormais, avec une bande de crapules aux trousses. La suite promet d'être pétaradante.

Nathan Fox illustre ce récit avec un dessin toujours aussi vif et expressif que vient souligner la colorisation pêchue de Dave Stewart. Les deux hommes s'entendent bien pour donner à la série un look très bariolé, presque psychédélique par moments, cru à d'autres, qui crée un contraste saisissant entre la vigueur du trait très fin de Fox et la palette flamboyante ici, acidulée là, de Stewart.

Il y a beaucoup d'informations à assimiler dans cet épisode, mais la narration les distribue de manière toujours abordable, compréhensible, avec un vrai souci de ne pas saturer le lecteur. L'histoire s'en trouve considérablement enrichie, avec un passé très dense, des ramifications accrocheuses. Il y a là matière à développer une vraie saga.

Avec le somptueux Isola (de Fletcher, Kerschl et Msassyk), The Weatherman s'impose comme la production la plus addictive d'Image Comics cet été.

Et, pour la peine, Nathan Fox s'est fendu d'une deuxième couverture wrapparound pour ce n°2.

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