lundi 30 juillet 2018

STARMAN, VOLUME 9 : GRAND GUIGNOL, de James Robinson, Peter Snejbjerg et Paul Smith


Grand Guignol est le neuvième recueil des aventures de Starman, écrit par James Robinson et dessiné par Peter Snejbjerg avec le concours de Paul Smith (pour l'épisode 69). Il comprend les épisodes 61 à 73 de la série, publiés en 2000-2001. L'histoire débute avec le retour de Jack Knight à Opal City, après son périple spatial narré dans les volumes sept et huit.


A peine arrivé chez lui, Jack est abordé par Ralph Dibny/Elongated Man qui lui explique que The Shade, accusé de plusieurs meurtres et disparitions - parmi lesquels Matt et Hope O'Dare et Dee Tyler/Phantom Lady - est activement recherché par d'autres héros - comme Black Condor. Sadie Falk, la fiancée de Jack, est aussi introuvable mais personne ne sait qu'elle aide Jon Valor/the Black Pirate à se disculper du meurtre de son fils. Jack retrouve son père juste avant qu'une série d'explosions ne ravage Opal City.


Ralph Dibny et Black Condor, d'un côté, et Matt et Hope O'Dare, de l'autre, tentent d'endiguer la vague de criminalité en ville. Adam Strange est aussi de la partie, coincé sur Terre en attendant d'être ramené sur Rann par le rayon Zeta. Ted Knight s'interroge sur la santé mentale de The Shade en se souvenant du nombre de fois où il a agi alternativement pour le Bien et le Mal. Sadie et Jon Valor sont enlevés par The Shade.
  

Barry O'Dare trahit sa famille en livrant Matt et Hope à The Shade. Jack porte secours aux civils touchés par les explosions puis rentre chez lui tenter de se reposer. Mais il en est empêché par The Mist qui tente de l'abattre. Ralph Dibny  retrouve sa femme, Sue, indemne. The Shade tient également Mikaal Tomas, revenu sur Terre depuis peu, après avoir accompagné Jack dans l'espace. Puis il créé un dôme noir qui isole Opal City avant que Jack n'ait eu le temps d'appeler Alan Scott/Sentinel et la JSA à la rescousse.


Quelques jours auparavant, Mikaal Tomas revenait sur Terre avant Jack et avait une discussion avec le fantôme de David Knight qui tentait de le préparer au chaos engendré par The Shade. Mais, averti trop tard malgré tout, il était capturé par les complices de ce dernier.


Les forces de police sont massacrés par les acolytes de The Shade - The Mist, Salomon Grundy, Ragdoll, The Spider, les Bodine, Crusher et Dr. Phosphorus. Ce dernier affronte Ted Knight qui réussit à le semer. Exhibant ses prisonniers sur la grande place d'Opal City, The Shade menace de tuer Sadie si Jack ne se montre pas et Starman apparaît... Pour voir son adversaire défaillir et Simon Culp surgir de ses entrailles !
  

Londres, 1838. Simon Culp rencontre Dickie Swift/The Shade et découvre qu'ils partagent le même pouvoir. Ils vivent plusieurs aventures ensemble, en Inde en 1850, en Autriche en 1866, et à Opal City en 1882. Traqués par les Ludlow, leurs chemins se séparent. Quand ils se recroisent en 1941 à Londres, devenus rivaux, Culp est aspiré dans les ténèbres de The Shade à la suite de l'explosion d'une bombe.

 

Adam Strange et Black Condor interviennent pour permettre à Jack, Sadie, Phantom Lady, Clarence, Matt et Hope O'Dare d'échapper à Culp. Pendant ce temps, les Dibny reprennent les recherches de Sadie sur le passé de Jon Valor/The Black Pirate afin de comprendre pourquoi The Shade l'a enlevé et consultent Hamilton Drew, qui a également enquêté sur le sujet il y a longtemps. Ted Knight comprend que le Dr. Phosphorus l'a irradié mortellement. Et "Bobo" Bennetti se délivre de la croix à laquelle on l'a attaché sur la grande place.


Autrefois. Désormais prisonnier du corps de The Shade, Culp s'emploie à contrôler son esprit, ce qui explique le comportement ambivalent de Dickie Swift au fil des ans. Accédant grâce aux ténèbres au néant, il recrute ses alliés : Ragdoll, Grundy, The Spider, les Bodine, The Mist, Dr. Phosphorus. Durant la même période,Hamilton Drew enquête sur le cas de Jon Valor/The Black Pirate, accusé d'avoir tué son propre fils, et découvre qu'il est devenu une puissante force occulte capable de canaliser ou développer les ténèbres en mourant.
   

Jack se retranche dans l'observatoire en ruines de Ted et ils élaborent un plan pour contre-attaquer Culp et sa bande. Ted, se sachant condamné, trouve dans le souvenir d'une étrange aventure passée avec la JSA, où les compagnes des héros prirent leur place pour les sauver sous la direction de Wonder Woman, l'inspiration pour livrer sa dernière bataille. Culp initie le rite qui va lui permettre, grâce à la condition spéciale de Jon Valor/The Black Pirate, d'anéantir ce qu'aime le plus son ennemi The Shade : Opal City !
  

Clarence O'Dare gagne avec Phantom Lady, Matt et Hope, la station de radio locale et lance le rappel des troupes de police pour donner un dernier assaut contre les forces de Culp. Ted affronte une nouvelle fois Dr. Phosphorus et le tue. Adam Strange travaille à un moyen d'activer le rayon Zeta pour téléporter à Opal City l'armée de Rann. Mikaal combat Grundy. The Shade est sauvé de The Spider par Matt et Hope O'Dare. Hamilton Drew accompagnent les Dibny à la recherche de l'endroit où Culp retient Jon Valor/The Black Pirate.


Ragaillardi, The Shade affronte Culp que Jack n'arrive pas à neutraliser et que The Mist, en renfort, a blessé. Grâce à un elfe noir, Dickie Swift récupère ses pouvoirs en les arrachant à Culp. Mikaal neutralise Grundy. Adam Strange se débarrasse des Bodine en même temps que les renforts provenant de Rann débarquent. Le dôme enveloppant Opal City disparaît. Culp joue son va-tout en menaçant de tuer The Mist lorsque le père de celle-ci surgit et exécute le nabot !
  

Clarence, Matt et Hope règlent leurs comptes avec Barry O'Dare. The Mist exécute sa fille après avoir appris qu'elle a eu son enfant de Jack puis révèle qu'il a piégé le bâtiment de manière à détruire la ville. Ted neutralise The Mist et fait ses adieux à Jack avant d'entraîner tout l'immeuble dans l'espace où il explose.

Matt O'Dare meurt des suites de la fusillade contre son frère Barry. Les Dibny et Black Condor décident de s'installer à Opal City. Sadie disparaît avec son frère Will. Jack reste seul avec le fils que lui a laissé la fille de The Mist et clôt les funérailles de son père auxquelles sont venus assister tous les héros, avec des discours d'Alan Scott/Sentinel, Jay Garrick/Flash et Ted Grant/Wildcat.

Ce pénultième tome de Starman est une vraie saga puisque sa publication originelle a duré plus d'un an, avec treize épisodes ! C'est une sorte d'apothéose avant l'heure, même si James Robinson livrera encore six épisode pour conclure son run.

Après le long périple spatial de Jack Knight, ce dernier revient donc à Opal City et ne tarde pas à découvrir que The Shade semble avoir perdu la tête en y faisant régner la terreur. Une incongruité pour celui qui a toujours affirmé aimé autant cette ville que les Starmen. 

Sur ce mystère, Robinson ne se contente pas de broder une intrigue pleine d'action et de rebondissements, mais s'emploie à résoudre des subplots parfois anciens, comme celui concernant le Black Pirate Jon Valor ou les origines de The Shade. Il dispose également d'un casting très fourni auquel il trouve une utilité précise dans ce vaste canevas.

Il faut toute cette matière, très dense, qui exige du lecteur une disponibilité absolue, pour alimenter cette fresque dont la lecture est captivante. Rien que la révélation sur le passé de Simon Culp, le véritable vilain de l'histoire, occupe deux chapitres ! Pourtant, jamais on n'est perdu dans ce flot d'événements, même au coeur du dôme de ténèbres qui enveloppe Opal City.

Robinson a le goût du symbole simple mais percutant et c'est cela qui rend son récit fluide malgré tout : il est question de lumière et de nuit, de mort et de renaissance, d'amour et de sacrifice. C'est à s'attachant à cela qu'on comprend que ce spectacle crépusculaire et mouvementé vaut surtout pour l'émotion qu'il produit à la fin, lorsque l'un des personnages principaux rencontre son destin.

L'héritage, notion fondamentale de la série, est aussi présent : qu'il s'agisse de transmettre le relais du rôle de protecteur de la cité, de la paternité, de la connaissance, du mal incarné, tout  ici traduit cela. Ted passe la main définitivement à Jack, Jack récupère son fils, les Mist connaissent une fin tragique à la mesure de leurs méfaits, les Dibny s'instruisent au contact du grand détective Hamilton Drew, The Shade se délivre de son démon Simon Culp. Et n'oublions pas le règlement de comptes entre les O'Dare. Il y a une évidente volonté pour Robinson de solder plusieurs dossiers avant de terminer sa série.

Il est une fois encore bien soutenu par la prestation impressionnante de Peter Snejbjerg au dessin qui enquille sans problème, sans faiblir, les treize épisodes de l'arc narratif. L'artiste livre des planches mémorables sans compter ni ménager ses efforts, assumant aussi l'encrage : une vraie performance. Mais son style s'épanouit dans ces scènes entre chien et loup, très expressionnistes.

On a du mal à comprendre pourquoi, aujourd'hui, Snejbjerg ne dessine plus aucune série en vue chez un des "Big Two" (Marvel ou DC) quand on note sa régularité sans failles et son talent énorme. Ce type devrait être une star.

Pour le soixante neuvième épisode, le lecteur a aussi la joie de savourer une poignée de planches composées par Paul Smith à l'occasion d'un flash-back de Ted Knight avec une JSA en jupons : c'est magnifique et c'est un rappel de la glorieuse équipe que forma Robinson avec le ce grand artiste sur JSA : The Golden Age et Leave it to Chance.

L'épilogue de cette histoire est aussi sobre qu'élégante et annonce la fin de la série avec des adieux poignants mais dignes encadrant une réflexion peu commune sur la retraite volontaire d'un héros.

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