Le premier épisode de Tony Stark : Iron Man, le mois dernier, a été un tel plaisir de lecture que ce deuxième numéro était attendu avec un mélange d'excitation et d'appréhension. Dan Slott et Valerio Schiti allaient-ils faire au moins aussi bien ? En tout cas, ils ont réussi à enchaîner avec panache : la série est bien partie pour devenir un rendez-vous incontournable.
James "Rhodey" Rhodes souffre de stress post-traumatique depuis qu'il a été tué par Thanos et ressuscité par Tony Stark. Pourtant, il ne dit rien à ce dernier qui l'a précisément choisi pour couvrir ses arrières au combat. Et justement du grabuge s'annonce car Bethany Cabe, la chef de la sécurité de "Stark Unlimited", a trouvé qui a tenté de pirater la compagnie.
La coupable est une concurrente, Sunset Bain, P.D.G. de "Baintraonics". Tony compte l'empêcher de détourner sa technologie à des fins militaires et embarque "Rhodey" pour cette mission.
Sunset Bain présente à ses clients sa dernière arme, inspirée par les recherches de Stark : le Manticore, capable de frappes précises comme de destructions massives. Iron Man et War Machine interrompent la démonstration et affrontent cet engin mais aussi Joseph Green alias Gauntlet, le chef de la sécurité de "Baintronics".
Cependant, au siège de "Stark Unlimited", Andy Bhang n'en revient toujours pas d'avoir appris qu'Amanda Armstrong est la mère biologique de son patron : il en était son plus grand fan lorsqu'elle était chanteuse de rock autrefois. Bethany Case, elle, s'en prend à Jocaste après l'avoir surprise, dissimulée sous une apparence humaine, parmi le personnel auquel elle voulait mieux s'intégrer.
Pendant ce temps, Iron Man découvre le malaise dont souffre "Rhodey" mais, ensemble, ils parviennent à neutraliser le Manticore et Gauntlet. Tony convient d'un accord avec Sunset Bain pour qu'elle n'exploite plus sa technologie. En rentrant à la base, Iron Man s'interroge sur ce qu'il a fait à son ami et si lui-même ne souffre pas de troubles depuis son retour aux affaires...
Le meilleur du premier épisode de la série se retrouve dans ce nouveau numéro : en passant de Peter Parker/Spider-Man à Tony Stark : Iron Man, c'est comme si Dan Slott avait non seulement récupéré un personnage qu'il souhaitait ardemment écrire mais qui surtout lui permet d'aller au bout des idées qu'il avait expérimentées avec le Tisseur.
Ce qui est aussi appréciable, c'est que Slott n'opère pas comme si le run de Brian Michael Bendis, qui a précédé le sien, ne valait rien ou, du moins, pouvait être négligé : au contraire, il s'appuie volontiers dessus pour développer ses intrigues. Ici, en l'occurrence, il remonte jusqu'à la saga globale de Bendis, Civil War II, en revenant sur ses conséquences pour "Rhodey" et Stark : le premier avait été tué par Thanos et le second (auto) plongé dans un coma artificiel suite à son affrontement contre Captain Marvel. Les deux hommes sont revenus à la vie durant les derniers épisodes écrits par Bendis, mais revient-on impunément d'entre les morts ?
A l'évidence non : "Rhodey" reste hanté par Thanos et cela se manifeste par des insomnies mais aussi des crises d'angoisse quand il revêt l'armure de War Machine. Ce malaise hante l'épisode et fournit un suspense consistant à un moment-clé, compromettant la victoire de Iron Man. Parce qu'il a une personnalité plus extravertie, l'incitant à éluder ses tourments, Stark ne se pose pas tant de questions et jouit de son retour à la vie. Mais, à la dernière page, il est rattrapé par ce qu'il a traversé : et si, en ayant passé volontairement plusieurs mois dans le coma, il en était sorti profondément changé, son jugement altéré ? Le doute va-t-il ronger le héros. A suivre...
Bien entendu, pour aborder ces questions, Slott a recours à une confrontation-prétexte assez sommaire avec le Manticore et Gauntlet via Sunset Bain : c'est une béquille scénaristique facile, mais pas déplaisante car Valerio Schiti entre alors en scène et dynamise cette partie de l'épisode avec beaucoup de vigueur.
L'artiste italien a designé des dizaines de nouvelles armures pour la série, en ne se refusant aucun délire. Dans le premier épisode, on avait ainsi droit à une version inspirée des Transformers par exemple. Il semble bien que Slott ait l'intention d'exploiter les essais de Schiti pour casser la routine et surprendre autant que possible le lecteur puisque Iron Man enfile une nouvelle combinaison dans ce numéro, plus classique, encore à l'état de prototype (et qui génère une discussion éthique avec Jocaste). War Machine est de retour également.
Schiti s'amuse, c'est une évidence, à dessiner la série et son plaisir est contagieux. Le découpage est très vif, les dimensions et formes des cases varient sans arrêt, les scènes de combat sont imparables, et les dialogues sont mis en scène de manière à souligner l'expressivité des personnages.
Avec deux subplots discrets mais intrigants (la relation Jocaste-Aaron Stack, la manipulation de Bethany Case par le Controller), le titre s'enrichit de strates accrocheuses. C'est jubilatoire et rondement mené. Vivement la suite.
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