Avant tout, un erratum immédiat : je m'étais enflammé il y a un mois en affirmant que ce n°605 de Daredevil serait le premier dessiné par Phil Noto, alors qu'il est en vérité le dernier illustré par Mike Henderson. Charles Soule clôt lui son arc Mayor Fisk, toujours sur les chapeaux de roues, avec une dinguerie aussi surprenante que grisante.
Wilson Fisk surgit dans le bureau du Maire en l'absence de Matt Murdock qui a hérité du poste. Foggy Nelson lui résume la situation et justifie les décisions prises en son absence mais le Caïd, encore mal en point, s'énerve et perd connaissance.
Cependant, après avoir survécu au traquenard tendu par la Bête et la Main, Daredevil et les chevaliers de l'Ordre du Dragon du Père Jordan se sont retranchés dans un immeuble en essuyant de lourdes pertes humaines. Les ninjas les assiègent mais DD veut rejoindre le bâtiment en face pour récupérer les chevaux de la police de New York et contre-attaquer.
Retour à la Mairie : la Bête se présente sur le perron et réclame Samuel Chung au commissaire Nalini Karnik. Mais si Blindspot est prêt à se rendre à qui l'exige en échange de la paix, la policière le refuse. Les ninjas se ruent sur elle.
Mais la cavalerie, au sens propre, arrive alors, conduite par Daredevil, accompagné des chevaliers de l'Ordre du Dragon, et des héros de New York - Spider-Man, Luke Cage, Jessica Jones, Iron Fist, Moon Knight, Echo, Misty Knight, et Elektra. Une bataille terrible s'engage et l'Homme sans Peur s'approche suffisamment de la Bête pour la pourfendre.
Le calme revenu, Matt fait face à Fisk à qui il est disposé à rendre son fauteuil de Maire en échange de l'abandon de son décret contre les super-héros. Toutefois, en quittant son job et le City Hall, Matt entend Wesley, l'assistant du Caïd, exulter en déclarant qu'ils ont réussi à le déloger...
Si je suis incapable de dire si le run de Charles Soule restera dans les annales de la série, il faut reconnaître d'une part qu'il se sera distingué jusqu'à présent par sa volonté appuyée de ne marcher dans les pas d'aucun de ses plus prestigieux devanciers, entraînant Daredevil dans des directions foutraques ; et d'autre part que l'arc narratif qui se termine ici en est l'illustration parfaite.
Le scénariste y convoque, comme il l'a souvent fait depuis qu'il pilote le titre, des éléments familiers - la Main, Elektra, les héros de la rue, la notion de sacrifice - mais en les mixant à une histoire complètement délirante, riche en coups de théâtre improbables mais très divertissants - le Caïd Maire de New York, l'assaut de la Main, l'apparition d'un ordre séculaire de chevaliers. Tout ça à un train d'enfer, comme pour empêcher le lecteur d'estimer la plausibilité des événements.
Bien entendu, c'est du grand n'importe quoi et dans le cadre de ce qu'on peut attendre d'une série avec Daredevil, c'est tellement curieux qu'il est facile de ne pas adhérer à une telle proposition. Mais il faut reconnaître que ça décape sérieusement le titre sur lequel l'ombre de Frank Miller plane toujours et que seuls Ann Nocenti ou récemment Mark Waid sont parvenus à écarter.
Pour mettre en images ce feuilleton où les rebondissements se succèdent, toujours plus énormes, Soule s'appuie sur des dessinateurs au style nerveux (comme Garney), qui collent le mieux à ce qu'il raconte (ses épisodes les plus calmes sont servis par des artistes plus appliqués et sages comme Sudzuka ou Buffagni - dont le passage aura été trop bref, hélas !).
De ce point de vue, Mike Henderson a rempli sa mission car il s'est montré à l'aise dans l'action, le mouvement. En revanche, il m'a moins convaincu pour le reste, quand il s'est agi d'animer des scènes intermédiaires où les dialogues primaient, la faute à un style dont l'expressivité n'est pas le point fort (ou, en tout cas, est limitée). Il espérait sans doute s'installer durablement sur la série mais je vois arriver Phil Noto (cette fois, c'est sûr !) le mois prochain avec soulagement - tout aussi ponctuel, il est aussi plus complet.
Le twist final de l'épisode suggère qu'on est parti pour de nouveaux coups tordus de la part du Caïd. Mais avec Soule, mieux vaut ne pas trop anticiper : tout est possible.
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