mercredi 11 juillet 2018

COSMIC GHOST RIDER #1, de Donny Cates et Dylan Burnett


Je vais vous faire un aveu : je ne lis jamais une BD en suivant l'avis d'un critique (moi-même, je considère que ce que je pense doit plutôt être consulté après avoir lu un comic-book). Tout simplement parce que j'aime me faire mon propre avis, sans être influencé par la hype ou l'opinion d'un expert. Pourtant, j'ai fait une exception avec ce n°1 de Cosmic Ghost Rider après avoir jeté un oeil à l'article que lui a consacré Xavier Fournier sur la page Facebook de "Comic Box" : j'ignorai jusqu'à la publication de ce titre issu du "Fresh Start" de Marvel !


Thanos a attaqué une énième fois la Terre et ses super-héros, et a remporté une victoire écrasante. Durant la bataille, parmi tant d'autres, Frank Castle, le Punisher, a trouvé la mort. Il arrive en Enfer où il pactise avec Méphisto pour sauver la Terre et tuer Thanos. Mais le Diable est sournois...


Devenu le nouveau Ghost Rider, Castle est renvoyé sur Terre mais des siècles après les ravages causés par Thanos et juste à temps pour rencontrer Galactus qui a renoncé à dévorer notre monde mais cherche de l'aide pour affronter Thanos. Castle est nanti de pouvoirs cosmiques et devient le nouvel héraut de Galactus... Qui est tué par le titan fou devenu Roi... Dont le Cosmic Ghost Rider devient le bras droit... Jusqu'à ce le Surfeur d'Argent, détenteur de Mjolnir (le marteau de Thor), le tue à nouveau !


Castle repose désormais au Valhalla en compagnie de dieux nordiques, sous le règne d'Odin. Ce paradis des guerriers ne convient pas à la nature guerrière et à la soif inextinguible de vengeance du Punisher et Odin lui propose alors de remplir sa mission en lui redonnant ses pouvoirs de Cosmic Ghost Rider, mais sans lui garantir que cette puissance n'affectera pas son esprit.


Odin envoie Castle sur la planète natale de Thanos, Titan, dans le passé, lorsque ce dernier était encore bébé ! Bien que déjà enragé, le nourrisson attendrit le Cosmic Ghost Rider qui ne peut se résoudre à l'abattre froidement.


Que faire de cet enfant innocent sinon lui offrir une chance de rédemption et altérer son destin ? Ni une, ni deux : Castle décide de l'enlever, espérant qu'en l'arrachant à son environnement, il pourra conjurer la malédiction !

Donny Cates fait partie de ces scénaristes sur lesquels Marvel semble prêt à investir pour l'avenir, conscient que ses vedettes sont toutes parties pour d'autres aventures - à l'exception de Jason Aaron. Cet auteur, qui a fait ses armes chez Boom ! Studio, Dark Horse Comics, s'est distingué en succédant à Jeff Lemire sur la série Thanos avec son ami dessinateur Geoff Shaw et des histoires spectaculaires et sombres. C'est lors du dernier arc qu'il a introduit le Cosmic Ghost Rider en entretenant le mystère sur l'identité de ce héros passé entre les mains successives de Méphisto, Galactus et Thanos avant d'être définitivement tué dans le futur par un Silver Surfer détenant Mjolnir de Thor.

En mourant par l'arme du dieu du tonnerre d'Asgard, quoi de plus logique que de le retrouver au paradis des guerriers de la mythologie nordique, en compagnie d'Odin ? On n'est plus à ça près et c'est ce qui frappe d'ailleurs : en effet, si ce n'était déjà pas suffisamment abracadabrantesque, le destin de Frank Castle change complètement de registre en gagnant sa série cosmique. Thanos, malgré ses extravagances, était un titre grave mais, là, Donny Cates a choisi la pure comédie.

Ce n'est pas un humour aussi direct que Deadpool, mais plutôt un gros délire à la Nextwave, avec une narration déployée comme un What If...? illimité. En effet, Marvel va relancer une série Punisher classique, avec Frank Castle à nouveau en guerre contre des criminels traditionnels, donc Cosmic Ghost Rider se déroule dans sa propre continuité. Le héros, qui a déjà passé pas mal de temps dans un futur lointain où Thanos a tué tous les super-héros et même Galactus (en précisant au passage que ce dernier n'est plus un dévoreur de mondes mais au contraire un préservateur de la vie désormais, d'où son antagonisme avec Thanos), est renvoyé dans un aussi lointain passé par Odin, qui lui rend ses pouvoirs cosmiques.

Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les épisodes de Thanos pour comprendre l'intrigue de cette série (moi-même, je ne l'ai pas lue, j'ai appris ce que j'écris ici dans la critique de Xavier Fournier), les premières pages de ce premier épisode résume, sans un mot, le parcours chaotique de Frank Castle jusqu'à son arrivée au Valhalla. Il faut par contre accepter d'adhérer à ce gros délire qui revisite le personnage d'une manière encore plus foutraque que dans le Franken-Castle de Rick Remender - et dont les dernières pages font penser au premier arc de son Uncanny X-Force quand le commando de Wolverine déccouvrait Apocalypse adolescent en se demandant s'il fallait l'exécuter pour épargner des vies mutantes (comme lorsqu'on imagine un voyage dans le temps pour tuer Hitler avant la Shoah). A cette condition, on passe un moment vraiment jubilatoire, marrant et alerte.

Ce sentiment est souligné par le choix de l'artiste, un autre partenaire fidèle de Cates, Dylan Burnett. Son style s'inscrit dans le registre semi-réaliste et flirte avec le cartoony, le dessinateur s'encre et le résultat est tonique, avec une prédominance dans le découpage pour de larges vignettes, qui force à soigner les arrières-plans (sans qu'ils soient trop chargés).

La colorisation est assurée par Antonio Fabela, qui s'occupe aussi de celle de la série Skyward (par Joe Henderson et Lee Garbett, chez Image Comics), et la palette utilisée privilégie les tons vifs, sans beaucoup d'effets de nuances, à l'exception des flammes entourant le crâne du Ghost Rider ou de quelques éléments de sa bécane cosmique. Ces options graphiques renvoie Cosmic Ghost Rider à Lobo, le biker galactique de DC, et c'est assez savoureux quand on sait qu'en ce moment, via la collection "The New Age of Heroes", la Distinguée Concurrence s'amuse à produire des variations de célèbres personnages Marvel. Chacun emprunte donc à l'autre, c'est de bonne guerre, même si Cates et Burnett empruntent une voie plus franchement comique qui manque à DC.

Mine de rien, et c'est ce qu'il ne faudrait pas occulter, derrière la blague, le titre a un joli potentiel et il est très bien fichu, intelligemment édité. C'est incontestablement plus "fresh" que beaucoup de séries relancées récemment, même si évidemment un tel projet ne peut qu'être marginal. A suivre donc.    

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