Ce troisième numéro de Wonder Woman par Tom King et Daniel Sampere s'agrémente d'une back-up story par King et Belen Ortega concernant l'enfance de Trinity, la fille de l'amazone aux côtés de Jon Kent et Damian Wayne. Mais j'ai choisi de zapper cette partie pour rester concentrer sur l'intrigue principale, moins mouvementée que le mois dernier mais avec un épatant twist final.
Tandis que le Souverain reçoit chez lui un soldat ayant participé au combat contre Wonder Woman, l'amazone se rend au bureau se Sargent Steel avec l'intention de découvrir ce qu'il sait au sujet d'Emelie, celle par qui tout a commencé...
D'abord, laissez-moi revenir rapidement sur la raison pour laquelle je ne parlerai pas de la back-up story qui complètera dorénavant la sommaire de Wonder Woman. Tom King a voulu y décrire l'enfance de Trinity, la fille de Diana, qu'elle a vécu auprès de Jon Kent (le fils de Superman et Lois Lane) et Damian Wayne (le fils de Batman et Talia Al Ghul).
L'intention est louable mais disons-le tout net, le résultat est calamiteux. King, de son propre aveu, a voulu traiter cela de manière légère et même humoristique, (je cite :) "à la manière de Calvin & Hobbes ou Peanuts" (même s'il ne s'agit pas ici de comic-strips). Et, vraiment, quelle idée lui est passé par la tête ?
King a bien des talents, mais certainement pas celui d'être drôle et surtout d'écrire correctement sur des enfants. C'est niaiseux au possible, complètement raté, horripilant. Belen Ortega fait ce qu'elle peut au dessin mais ne peut sauver ce script ni fait ni à faire.
Bon, ça, c'est fait.
Maintenant, revenons à Wonder Woman. Là aussi, on peut observer quelques éléments notables. Tout d'abord le récit se calme considérablement après l'épisode très spectaculaire du mois dernier. L'action proprement dite est reléguée hors champ.
King semble s'en amuser, comme s'il voulait frustrer le lecteur après lui en avoir donné beaucoup d'un coup. On a droit à des planches découpées en "gaufrier" de neuf cases dont Daniel Sampere s'empare avec brio, prouvant à cette occasion qu'il est un narrateur solide, qui ne lâche rien sur la rigueur de l'histoire telle que veut la raconter son scénariste.
Sampere a quand même de quoi épater la galerie avec quelques splash pages remarquables, comme celle qui ouvre l'épisode ou une autre quand Sargent Steel trouve Wonder Woman dans son bureau (voir ci-dessus). Au sujet de cette dernière page, on pointera, à juste titre, que l'artiste ne donne pas une pose très naturelle à Diana, trop cambrée dans ce fauteuil.
D'une manière générale, depuis le début de ce relaunch, c'est sans doute le reproche qu'on peut le plus facilement adresser à Sampere qui semble vouloir en toutes circonstances représenter l'héroïne en majesté. Comme il lui a donné un physique imposant, elle paraît constamment poser comme un modèle dans l'atelier de l'artiste qui souligne davantage sa beauté sculpturale que son naturel.
Cela peut devenir un tic gênant pour le lecteur qui ne remarque plus que ça. Et c'est gênant parce que, du même coup, Wonder Woman paraît invincible, imperturbable. Or si le lecteur ne sent aucune faille dans un personnage, il devient difficile pour lui sinon de s'y identifier, du moins de croire que quelque chose pourra l'atteindre. Pour le suspense, c'est dommageable.
L'autre observation qu'on fera, c'est que King opère comme dans le précédent épisode, en adoptant une narration parallèle. Cette fois-ci, les deux lignes narratives ne sont pas temporelles, mais spatiales, puisqu'on va et vient entre le bâtiment dans lequel Wonder Woman se fraie un chemin et la somptueuse maison du Souverain qui reçoit un soldat ayant participé à la bataille du mois dernier.
King aime bien jouer avec les possibilités qu'offre la narration et donc il rédige un script très solide. Mais aussi très - trop ! - bavard. C'était l'écueil du premier épisode, et on y est à nouveau confronté. La voix off su Souverain, ce puissant qui tire les ficelles (et joue du lasso) en coulisses, est omniprésente et franchement lourdingue. Je ne sais pas pourquoi King persiste dans cette direction car il n'en a pas besoin, en tout cas pas ici.
Ce procédé est agréable quand il donne un relief particulier à ce qu'on lit, ce qu'on suit, ce qu'on voit. Par exemple, dans Danger Street, la voix off du Doctor Fate, introduit une dimension ironique, exposant les faits comme s'il s'agissait d'un conte. Ici, on a surtout le sentiment d'un verbiage qui encombre la narration, par ailleurs très complète sur le plan visuel puisque Sampere donne beaucoup d'expressivité aux personnages, d'envergure aux situations, et de méticulosité à son dessin. Pour le coup, le scénariste joue un peu contre son artiste.
En surlignant tout de la sorte, King atténue l'impact de scènes qui se suffisaient à elles-mêmes, comme la démonstration du Souverain avec son lasso du mensonge, ou la révélation que fait Steel à Diana (et qu'entendra dans le futur Trinity). Dommage.
Wonder Woman est donc encore une série en rodage. On sent bien l'ambition de King, et l'auteur nous intrigue de manière très habile avec son histoire. Les dessins de Sampere sont somptueux. Mais de grâce, moins de texte ! Et plus de naturel !
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