Je ne suis pas un fan des events, ni de Tom Taylor, mais pourtant je me suis trouvé à lire le premier épisode (sur six) de l'event DC de cette fin d'année : Titans Beast World. La présence au dessin de Ivan Reis motive beaucoup et puis surtout l'éditeur a décidé de ne pas faire durer les choses (malgré l'habituel cortège de tie-in qui accompagnera cette histoire) en publiant tout ça entre fin Novembre et début Janvier. Alors ? Est-ce que c'est bien ?
Une expédition spatiale organisée par l'Eglise de l'Eternité atterrit sur Titan, la lune de Saturne, mais réveille la Necrostar, un monstre bien connu du peuple tamaranéen de Starfire. Seul Starro le conquérant a réussi par le passé à la vaincre. Mais méfiant à la perspective d'une telle alliance, Beast Boy propose un plan B risqué...
Je n'avais pas prévu de me lancer dans cet event. Comme je l'écris plus haut, les events me déçoivent trop souvent. En plus celui-ci est écrit par Tom Taylor, un scénariste largement surcoté pour moi. Et je ne lis pas la série Titans qu'il écrit.
Mais quand un ami m'a prêté son exemplaire en me jurant que c'était bon, je me suis laissé tenter. Et, c'est vrai que c'est bon. Pas révolutionnaire mais efficace. Et avec ses quarante pages, ce premier numéro (sur six) se donne les moyens d'embarquer le lecteur dans un récit très spectaculaire.
Le retour de la Justice League n'étant toujours pas d'actualité, DC mise sur les Titans, placée en première ligne, comme les remplaçants de la Ligue de Justice. On s'amusera quand même de voir tous les cadors de la JL aux premiers rangs lors de la réunion de crise, même si c'est bel et bien la bande de Nightwing qui est en haut de l'affiche.
L'événement, retransmis en direct à la télé, alerte aussitôt Starfire qui reconnaît un vieil idiome tamaranéen pour réveiller la Necrostar. Logiquement, c'est aussi Koriand'r qui va expliquer à tout un tas de héros de quoi il ressort, grimoire à l'appui. Tom Taylor semble compter sur une certaine simplicité pour poser les fondements de son intrigue et c'est louable.
Néanmoins le scénariste se garde des munitions - il a raison, quand on part pour un épisode de 40 pages, autant ne pas tout dire d'un coup. La seule entité capable de contenir la Necrostar est Starro le conquérant, mais pour Beast Boy, il est clair qu'attendre de l'aide d'une bestiole pareille revient à soigner le mal par le mal, donc assumer un trop gros risque.
Je ne spoile pas grand-chose en vous révélant que le plan de Beast Boy est de se transformer en une étoile de mer géante rivalisant avec Starro. Le procédé est détaillé de manière à la fois assez détaillée et allusive pour ne pas verser dans l'horreur, et souligne le lien, romantique autant que sacrificiel, entre Gar Logan et Rachel Roth/Raven.
Il est intéressant de voir que le scénario prend en quelque sorte le contrepied des classiques de Marv Wolfman et George Pérez à l'époque des New Teen Titans, où Raven était l'élément instable de l'équipe à cause de ses liens avec Trigon, qui risquait de la faire sombrer du côté obscur à tout moment. Ici, c'est elle qui accompagne Beast Boy vers sa métamorphose, où il risque à son tour de perdre tout contrôle. Et évidemment, pas besoin d'être un génie pour l'anticiper, ça ne va pas manquer d'arriver... Mais avec le concours d'un autre méchant.
Sur ce dernier, en revanche, je resterai discret, même si je dois avouer que je trouve son nom franchement grotesque (et il faut en outre savoir qu'il est apparu un peu plus tôt, à la fin de Knights Terror, l'event estival de 2023, quand Amanda Waller a récupéré la pierre du cauchemar et une autre relique). Il faudra attendre pour voir ce que va en faire Taylor, si la Necrostar est définitivement écartée, et si Starro ne pointe pas le bout de ses branches...
C'est en tout cas efficace et très rythmé. Ivan Reis fait ce qu'on attend de lui et pour quoi il est si insolemment doué : l'épisode regorge de planches généreusement détaillées, avec des angles de vue grandioses. Les décors sont exploités de la manière la plus spectaculaire possible et les scènes d'action ont une envergure que peu d'artistes parviennent à traduire.
Le casting, fourni, n'est pas un souci pour Reis, ni pour son encreur Danny Miki ni pour son coloriste Brad Anderson, qui ont tous eu à les représenter dans leurs carrières. Le vrai défi est bien de faire croire au lecteur que les Titans peuvent être les grands sauveurs de l'humanité comme la Justice League avant eux et pas seulement des substituts pratiques en attendant le retour des justiciers vedettes.
La formation qu'animent Taylor et Reis consiste en Nightwing, Starfire, Donna Troy, Cyborg, Raven et Beast Boy, et ce sextet ne manque pas de charisme. Quiconque a une connaissance minimum de l'univers DC sait qui sont ces personnages, déjà là à la fin des années 70, début des années 80, même si après Wolfman et Pérez leur groupe a connu des fortunes très diverses.
Ce qui est appréciable, c'est que DC semble définitivement sorti de ses tentations de faire des Titans une Justice League junior avec des héros aux compétences équivalentes. Et Taylor s'appuie sur l'historique de cette bande pour ne pas avoir à expliquer au lecteur qui ils sont, d'où ils sortent, pourquoi ils sont en première ligne. Même si la Justice League est présente à l'image et finira pas revenir dans une série mensuelle, pour l'heure, elle n'est ni reléguée artificiellement pas plus que les Titans mis en avant pour l'occasion. D'ailleurs le titre de l'event associe bien Titans et Beast World (alors que DC aurait pu se contenter de cette dernière partie).
Le cliffhanger laisse la porte ouverte à une crise en bonne en due forme (mais sans le ciel rouge ni forcément la fin de l'univers/multivers/omnivers à la clé). Et surtout on n'aura pas à attendre longtemps pour la suite (chaque numéro paraîtra à quinze jours d'intervalle).
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