Ce pénultième épisode de Uncanny Avengers en relation avec Fall of X est une fois de plus une lecture réjouissante : Gerry Duggan donne au lecteur ce qu'il faut d'action pour le divertir et accorde assez de soin à la caractérisation pour s'attacher aux personnages. Javier Garron est de retour en grande forme avec des planches très dynamiques et détaillées. Un sans-faute ? Presque...
Tandis que Ben Urich dévoile publiquement au Dr. Stasis qu'il reste un témoin humain du massacre commis lors du Hellfire Gala, la division Unité remonte, grâce au traceur posé sur les Fenris, la piste du Front de Libération Mutant. Mais Captain Krakoa a reçu l'ordre de faire taire Urich...
Comme j'ai (peut-être) eu l'occasion d'en parler auparavant, je suis quelques Youtubeurs qui causent comics. Parmi ceux-ci Max Faraday qui travaille dans une librairie du Nord de la France et qui se distingue pour son amour des comics des années 90, notamment les débuts d'Image Comics. C'est un type qui n'a pas sa langue dans sa poche, qui fait de petites vidéos spontanées.
Comme ces derniers jours il a prévenu ses abonnés qu'il serait absent, il a posté sa dernière vidéo, préenregistrée, ce mardi où il explique pourquoi, selon lui, le niveau a baissé. Je n'ai pas été d'accord avec ce qu'il a dit et je lui ai laissé un commentaire pour argumenter (mais je n'ai pas l'impression qu'il réagit beaucoup aux commentaires).
Bref, pour résumer son propos, le problème se situerait, notamment chez Marvel, par le fait que les séries ne disposent ni de scénaristes ni de dessinateurs suffisamment excitants, même s'il y a des talents qu'il estime sous-exploités. Pour ma part, je trouve que c'est un jugement déséquilibré.
Et Uncanny Avengers en est un exemple parfait. Gerry Duggan n'est effectivement pas ce que je qualifierai de grand scénariste. Il est inspiré de manière inégale mais sur ces derniers mois, en ayant orienté largement la course des mutants depuis le dernier Hellfire Gala, il a démontré sa capacité à se dépasser, sans nul doute parce qu'il est maître du jeu.
Donc, on peut dire qu'en ce moment Duggan se situe dans une fourchette haute chez Marvel : ses histoires sont d'une qualité remarquable, elles collent au statu quo, proposent un divertissement efficace. Cet avant-dernier épisode de Uncanny Avengers le prouve : il y a beaucoup d'action, du spectacle et encore des pistes bien creusées dans l'intrigue.
L'essentiel du numéro oppose dans une baston musclée et même sanglante la division Unité au nouveau Front de Libération Mutant. Les héros ont envie d'en découdre et les membres mutants de l'équipe tranchent dans le vif, notamment Psylocke déchaînée. Captain America reprend le leadership du groupe et distribue les rôles tout en étant lui-même en première ligne à la fin.
Ben Urich est également utilisé à bon escient, à la fois dans sa partie journalistique qui met dos au mur le Dr. Stasis et dans une partie plus délicate où il est la cible de Captain Krakoa. A la fin, ces deux lignes narratives se rejoignent de manière fluide et percutante à la fois.
Le "presque" sans faute que je mentionnais en intro concerne essentiellement l'identité du Captain Krakoa qui est dévoilée à la toute dernière page. Je ne vous la spoilerai pas, mais comme c'était l'hypothèse la plus souvent évoquée, la voir se confirmer déçoit quelque peu. J'aurai aimé être plus surpris (sans pour autant avoir en tête un candidat particulier).
Visuellement, l'épisode bénéficie avec Javier Garron d'un artiste qui n'est pas encore une superstar mais qui a suffisamment de talent et de potentiel pour le devenir (même si on peut estimer que Marvel mise déjà beaucoup sur lui après lui avoir confié la partie graphique des Avengers de Aaron). On ne peut pas, comme le suggère Max Faraday dans sa vidéo, réduire Garron à un artiste peu excitant juste parce qu'il ne jouit pas de la reconnaissance d'un Bryan Hitch par exemple (Hitch, lui-même, a ramé avant d'être consacré grâce à The Authority et The Ultimates).
Tout ça fait donc de cette mini-série une production digne de considération et c'est aussi au lecteur d'assumer sa responsabilité en ne se cantonnant pas au fait que les comics ne sont bons que parce que des vedettes les réalisent. Duggan et Garron, ce n'est sans doute pas aussi ronflant que Millar et Hich, Johns et Reis, mais ce qu'ils font ensemble a d'évidentes qualités.
Pour ma part, et j'ai eu déjà l'occasion de l'écrire dans ce blog, il y a une équité dans le succès ou l'échec d'un comic-book. Si les lecteurs ne soutiennent pas une série et ensuite se plaignent qu'elle soit annulée, il faut qu'ils comprennent que sans bonnes ventes c'est le sort réservé à tout titre, et donc il ne suffit pas de se lamenter. Chacun d'entre nous a une responsabilité : il faut acheter les comics et en parler autour de soi pour que d'autres aient envie de les acheter et les lire.
Cela n'exonère pas l'auteur, l'artiste, l'équipe éditoriale, qui doivent aussi livrer une histoire de qualité. La question du prix est devenue aussi un enjeu, pas seulement à cause de l'inflation mais parce qu'on est en droit d'attendre d'en avoir pour son argent. Perso, ça ne me dérange pas de payer plus si le contenu est plus substantiel (comme par exemple pour le premier épisode de G.O.D.S. et ses 10 $ pour plus de 60 pages). Mais quand il s'agit d'acheter un floppy à 4,99 $, je suis exigeant et je n'hésite plus à arrêter les frais si vraiment le compte n'y est pas.
Mais ce qui est sûr, c'est que je n'achète ni ne lis un comic-book pour la célébrité de ses auteurs. Je préfère une BD bien foutue par des inconnus qu'une plus faible par des stars. Donc, non, le souci ne provient pas de la notoriété des auteurs. Uncanny Avengers, je radote, est une excellent comic-book et je doute qu'il ait été meilleur fait par des gens plus renommés. Il justifie son prix et qu'on suive son histoire jusqu'au bout, qui plus est parce que cette histoire ne dure que cinq mois.
La nostalgie pas plus que la curiosité fondée sur le star-system ne garantissent les bons comics. Penser que avant c'était mieux ou que réalisé par des vedettes est un gage de qualité est une erreur : avant aussi il y avait autant de bons que de mauvais comics comme aujourd'hui, et les vedettes de demain se trouvent immanquablement dans les quasi-inconnus ou seconds couteaux d'aujourd'hui. Il en va de cela comme de la lecture même d'un livre : c'est en tournant les pages qu'on le sait, pas en relisant sans cesse ses anciens mensuels.
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