Il y a parfois des couvertures trompeuses, mais celle-ci par Alex Ross ne ment pas au sujet du contenu de cet épisode de The Immortal Thor. Al Ewing et Martin Coccolo livrent un numéro qui sert un peu de transition entre les précédents, entièrement tournés vers le dieu du tonnerre, et la suite évidente, avec son nouveau combat contre Toranos. C'est superbe et avec deux dernières pages qui vont vous retourner le cerveau...
Thor a compris qu'il ne pourrait affronter à nouveau Toranos seul sans y risquer sa vie. Il décide donc de recruter et commence par Tornade. Mais celle-ci n'est pas ravie que le dieu du tonnerre l'ait arrachée à Arakko...
Il y a quelque chose de jouissif dans chaque épisode de The Immortal Thor, à commencer par ce sentiment que ses auteurs s'amusent eux-mêmes beaucoup avec leur série. Tout ça forme une sorte de boucle à l'intérieur de laquelle s'établit une complicité entre scénariste, dessinateur et lecteur.
Je doute que vous puissiez trouver quelqu'un qui ne ressente pas ça en lisant cette série. Ou alors ce sera quelqu'un de difficile. Mais que vous aimiez la dimension épique d'un personnage comme celui-ci ou que vous soyez plus sensible à la caractérisation, il y en a vraiment pour toutes les bouches.
Al Ewing a expliqué que si Immortal Hulk était un équivalent à l'Ancien Testament, alors il fallait considérer son plan pour The Immortal Thor comme le Nouveau Testament.
Dans cet épisode, on est clairement dans une forme de transition : il s'est déjà passé des actions d'envergure, avec l'apparition d'un antagoniste surpuissant (qui ne semble être que le premier d'une équipe), une victoire à l'arrache de Thor, un test de Loki envers son demi-frère. Mais la promesse affichée est que ce n'est vraiment que le début.
Donc, Al Ewing prépare le terrain et le lecteur en conséquence. Il nous a montrés que Thor ne suffisait pas, seul, contre Toranos. Il nous a aussi montré que Thor devait aiguiser de nouvelles armes en vue du match retour. Il nous montre cette fois qu'il doit avoir du soutien.
Un peu comme Gerry Duggan qui a lié Iron Man au destin des X-Men depuis Fall of X, Ewing décide de mêler celui de Tornade à celui de Thor. Ces deux-là se sont déjà croisés par le passé lors d'une célèbre histoire impliquant les mutants dans des guerres asgardiennes et au cours de laquelle Ororo Munroe prouva qu'elle était digne de brandir Mjolnir, le marteau magique.
Ewing est un des très rares auteurs à avoir su écrire Tornade depuis X-Men Red, alors que tant d'autres auparavant s'y sont cassés les dents. Lui a choisi de la représenter en majesté, mutante oméga explosive, leader intransigeante, voix de Sol, résidente d'Arakko. C'est indéniablement une des grandes réussites de l'âge de Krakoa.
Que Thor la veuille à ses côtés pour combattre Toranos relève de l'évidence, surtout que, dans un premier temps, Tornade n'est franchement pas ravie d'être convoquée. Une bagarre éclate entre Thor et elle et on mesure à quel point Ewing a refaçonné le personnage de la mutante pour en faire l'égale d'un dieu asgardien, qu'elle réussit presque à battre.
Comme je le disais en intro, la couverture d'Alex Ross résume parfaitement ce que contient ce numéro : c'est Mjolnir la vedette, qui, en passant entre plusieurs mains, va former le Corps des Thors. Le casting est idéal même si on peut aussi un peu lui reprocher d'être convenu : Beta Ray Bill, Loki, Jane Foster... Il ne manque guère que Throg, mais cela aurait sans doute donné une tonalité comique trop incongrue à un scénario qui ne veut pas s'éloigner trop de la gravité du moment. Toutefois, j'espère que, dans l'avenir, Ewing saura utiliser d'autres personnages asgardiens, comme Lady Sif (que je trouve désolant de circonscrire à son rôle de gardienne du Bifrost) ou Balder ou les Trois Guerriers...
Visuellement, en revanche, l'épisode conserve un cachet admirable. Les couleurs de Matt Wilson sont véritablement splendides et donnent au dessin de Martin Coccolo un esthétisme que peu de séries possèdent.
Coccolo se révèle de plus en plus comme un choix idéal pour cette série. Il était fait pour dessiner Thor et il ne ménage pas ses efforts pour nous en mettre plein la vue. Mais ce n'est pas que pour l'épate : son découpage est intelligent, ses images ont un vrai souffle et la valeur de ses plans comme la puissance de ses compositions attestent du fait qu'il a compris ce qu'il fallait pour ce héros et ses histoires.
Enfin, il y a ces deux dernières pages. Je n'en dirai rien, rassurez-vous, mais elles vont certainement vous surprendre autant que moi. On peut déjà phosphorer sur ce qu'elles veulent dire et ce que Ewing mijote. Mais c'est tellement fou que c'est aussi follement excitant.
Bref, The Immortal Thor, c'est un gros kif.
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