Avengers Inc. confirme avec ce troisième numéro qu'il s'agit d'une série vraiment atypique. Al Ewing continue de développer le titre avec des histoires done-in-one mais qui possèdent un fil rouge bien intriguant. Leonard Kirk est moins en forme cette fois-ci, soutenu par un encreur médiocre.
Jane Foster/Valkyrie sollicite les services de Janet Van Dyne et Victor Shade pour une affaire qui sort franchement de l'ordinaire : une enquête sur la mort de Skurge l'Exécuteur. Sauf que ce dernier a été tué au Valhalla, où reposent les vikings ! Donc la victime était déjà décédée...
Interrogé sur le statut de sa série par rapport à celle écrite par Jed MacKay, Al Ewing a précisé que son projet n'était pas un spin-off mais plutôt un titre cousin et il promettait en prime des bouleversements importants pour la suite.
Le scénariste ne surprendra guère ses fans en disant cela car il écrit souvent ses séries avec un plan sur le long terme. Maintenant il reste à Avengers Inc. à bien se vendre pour que Al Ewing aille au bout de ses idées. Et c'est un sacré pari.
Car, à bien des égards, Avengers Inc. prend le lecteur à rebrousse-poil. Son concept même écarte une bonne partie du folklore associé aux Avengers en particulier et aux super héros en général : pas de héros costumés, pas de bastons spectaculaires, pas de personnages stars. Mais de bonnes histoires qui déroulent un fil rouge encore ténu.
Mais pour qui veut bien jouer la partie proposée par Ewing, c'est un régal. Le scénariste s'y amuse visiblement beaucoup et c'est contagieux. Cet épisode en apporte encore la preuve avec une histoire loufoque et efficace.
La Guêpe est sollicitée pour enquêter sur la mort d'un dieu asgardien, à ceci près qu'il était déjà mort avant qu'on ne fasse appel à ses services ! En effet, l'épisode a pour cadre le Valhalla, l'au-delà des vikings où Skurge l'Exécuteur a été assassiné. Pourquoi ? Par qui ?
Avec son duo de détectives, Avengers Inc. a un air de Chapeau melon et bottes de cuir qui est très plaisant. Surtout c'est la première fois depuis Uncanny Avengers période Remender et Tony Stark : Iron Man de Dan Slott que Janet Van Dyne y est si bien traitée : non pas en fonction de l'homme qu'elle courtise ou qui la séduit mais bien comme une héroïne à part entière, pourvue d'une personnalité complexe, dans un rôle original.
Elle est à la fois au coeur de l'affaire, en tant qu'investigatrice, mais aussi un personnage témoin, à travers qui tout un chacun peut relever des indices semés là par Al Ewing. Par exemple, ici, en plein coeur de l'action, on remarquera que Victor Shade reconnaît le Moissonneur alors qu'en principe il ne le connaît pas (ou alors seulement de réputation, mais cela n'explique pas qu'il sache sa véritable identité). Le même Vic Shade qui se trouble quand un asgardien semble lui rappeler des éléments d'un passé qui n'est pourtant pas le sien.
C'est tout le sel de cette série que de nous entraîner dans des affaires saugrenues tout en piquant notre curiosité avec le cas Victor Shade. J'en viens presque à regretter que Ewing ait si vite éventé qui est derrière la résurrection de la Toupie de cette manière. Mais ça ne m'empêche pas d'attendre avec intérêt comment le scénariste va développer ce subplot.
la résolution de l'enquête sur la mort de Skurge est particulièrement retorse et impacte la construction même de la série puisqu'on sait qu'il va y avoir des répercussions rapides. Ewing en tout cas se montre très inspiré dans sa façon d'échafauder ses detective stories et si, un jour, il en vient à écrire Batman, il sera parfait.
On ne peut pas en dire tout à fait autant de Leonard Kirk qui, sur cet épisode, se montre moins en forme. On remarque qu'il dessine et encre l'épisode comme auparavant mais a aussi reçu le renfort de Belardino Barbo comme encreur. Et cette contribution est peu concluante, pour dire le moins.
A plusieurs reprises, on sent des visages bâclés, aux expressions maladroites, quand il n'y a pas carrément des éléments faciaux complètement foirés. C'est tellement inhabituel chez Kirk qu'on ne peut que penser qu'il s'agit d'erreurs de l'encreur venu l'aider.
Certes, Kirk est depuis longtemps maintenant en deçà de ce qu'il a pu produire quand il était au top (notamment à la fin des années 90-début 2000, lorsque justement il avait des encreurs vraiment compétents pour le soulager). Son dernier taf vraiment exemplaire reste sans doute Agents of Atlas. Mais il reste un pro solide, régulier, chez qui ces faux pas n'ont pas leur place. Espérons qu'il se ressaisisse vite.
Quoi qu'il en soit, même si on peut juger Avengers Inc. peu ambitieux, c'est tout de même bien supérieur à The Avengers de MacKay actuellement. Et cela suffit pour affirmer que Al Ewing est peut-être le meilleur scénariste de Marvel en activité.
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