Dimanche 14 Août se terminait la quatrième saison de Westworld - peut-être la dernière car la série n'a pas été renouvelée pour une cinquième livraison par HBO et comme le souhaitent ses créateurs, Lisa Joy et Jonathan Nolan qui avaient planifié leur saga en cinq actes. La question qui se pose après avoir vu ces huit nouveaux épisodes est surtout : est-ce bien nécessaire de continuer tant cela a été ennuyeux ?
7 ans se sont écoulés depuis la débâcle du programme Rehoboram de Serac.. Un hôte à l'image de William acquiert le barrage de Hoover Dam pour founrir l'énergie à un important stock de données. A New York, Christina, qui ressemble à Dolores Abernathy, travaille comme scénariste de jeux vidéos pour la société Olympiad Entertainment et subit le harcélement d'un homme, Peter, qui l'accuse d'avoir détruit sa vie avec ses histoires avant de se suicider devant elle. Maeve vit loin de tout mais des hôtes assassins la débusquent. Elle les élimine et apprend qu'ils ont été envoyés par William. Elle part en Californie prévenir Caleb que sa famille est en danger.
La copie maléfique de Dolores, Charlotte Hale, remplace depuis quelques temps plusieurs personnalités haut placés du gouvernement américain par des hôtes à leur image puis soumet ceux qu'elle a enlevés à des expériences avec un parasite qui doit les assujetir. Maeve et Caleb recontre le sénateur Whitney et sa femme, remplacés par Charlotte, et espèrent, après les avoir neutralisés, remonter la trace de Charlotte. Ils montent ainsi dans un train qui conduit des touristes dans une réplique de Westworld mais avec un décor évoquant les année 1930. Christina enquête sur Peter et découvre qu'il était le donateur d'un hôpital aujourd'hui désaffecté et où elle remarque le dessin d'une mystérieuse tour qui lui semble familière.
Bernard se réveille après avoir exploré le Sublime. Stubbs le veille depuis 23 ans et le suit pour trouver une bande de rebelles cachés dans le désert. A Westworld, Maeve et Caleb découvrent les laboratoires souterrains de Charlotte où elle pratique des expériences sur des humains. Ils capturent Charlotte et fuient dans une réserve du parc où William les retrouve et s'entretue avec Meve. Caleb comprend alors que Charlotte l'a piégé dans une simulation depuis 23 ans en trnsférant son esprit dans un hôte à son image.
Christina accepte d'accompagner sa co-locataire Maya à un speed-dating où elle recontre Teddy sans le reconnaître. Bernard et Stubbs trouvent les rebelles dans le désert et les convainquent de fouiller une zone précise. Ils déterrent les corps de Maeve, laissée là après son dernier affrontement contre William. Caleb tente de s'échapper de la tour de Charlotte mais échoue à chaque fois en constatant que son corps d'hôte s'affaiblit. Charlotte s'interroge sur ces dysfonctionnements et l'acharnement de Caleb à rester indépendant malgré ses reprogrammations successives..
Teddy revoit Christina après leur speed-dating et lui explique qu'elle orchestre la vie de tous les new yorkais à travers les scénarii qu'elle imagine, comme le lui reprochait Peter. Mais elle peut changer cette situation en aidant les citoyens à redevenir autonomes. Charlotte envoie William exécuter une humaine, Lindsay, car elle pense avoir deviné que lorsque les hôtes fréquentent trop les humains, ils reproduisent leurs comportements, interrogent leur condition et préférent mettre fin à leurs jours. Lindsay est sauvée in extremis par les rebelles. l'hôte William commence alors, lui aussi, à se demander s'il ne peut outrepasser les directives de Charlotte.
Caleb réussit, cette fois, à sortir de la tour et à envoyer un message radio à destination des rebelles en espérant que sa fille en fasse partie. Charlotte le tue ensuite puis façonne une nouvelle copie de Caleb afin de piéger Frankie, sa fille, et ses amis quand ils ariveront à New York. Bernard et Frankie, justement, réparent Maeve lorsqu'ils reçoivent le message de Caleb. Mais Bernard doit remplir une mission de son côté avec Maeve et envoie Stubbs aider Frankie sauver son père.
Maeve suit Bernard jusqu'au barrage de Hoover Dam où ils rouvrent la porte donnant sur le Sublime, puis ils repartent pour New York affronter Charlotte et William. Christina, soutenue par Teddy, modifie le programme d'assujettissement des new yorkais en faisant détruire les données de Olympiad Entertainment. Puis elle accède au plan de la ville et localise la tour de Charlotte au large. Au même moment, tandis que Bernard atteint le sommet de la tour et en modifie les données, Maeve affronte Charlotte. William tue les deux femmes puis abat Bernard avant de reconfigurer le programme d'assujettissement des humains pour qu'ils s'entretuent.
New York est à feu et à sang comme William le voulait pour que seuls survivent les plus forts. Il part pour le barrage Hoover Dam, poursuivi par Charlotte, qui a été réparée par ses drones et qui emporte avec elle la perle de Christina/Dolores. Charlotte tue William et ferme le Sublime en y transférant Dolores. Celle-ci entreprend alors de tester une dernière fois l'humanité pour déterminer si elle doit survivre ou s'éteindre. A cette fin, elle recréé dans le Sublime le premier Westworld.
Voyage au bout de l'ennui : voilà comment j'aurai sous-titré cette saison 4 de Westworld, la plus décevante depuis le début de cette série. Pourtant, ça démarrait fort : il le fallait, la saison 3 avait déçu (sauf moi, qui l'ait adoré, mais je dois être le seul) en ayant voulu s'échapper du parc Westworld, des machniations de Delos, Ford, William, Charlotte Hale. Les créateurs, Lisa Joy et Jonathan Nolan, avaient opté pour un récit plus linéaire et plus riche en action et en grand spectacle, articulé autour de la confrontation entre Serac, un milliardaire mégolomane, et Dolores, introduisant le personnage de Caleb, redéfinissant Charlotte, relançant William, reconfigurant Maeve. Les fondamentaux étaient là, mais plus rythmés, plus directs.
Mais les puristes de la première heure, trop nostalgiques du parc Westworld, ont boudé cette précédente saison, les audiences ont chuté, et Joy et Nolan ont passé les deux dernières années à chercher un moyen de recoller les morceaux sans se répéter.
L'idée qu'ils ont eu, c'est d'inverser le principe de Westworld : en lieu et place d'un parc fréquenté par des touristes humains et peuplé d'hôtes robotiques, Charlotte Hale a transformé New York City en un vaste terrain de jeu où les hôtes s'amuseraient avec des humains assujettis. C'est aussi ingénieux que terrifiant, mais cela ne suffit pas à Charlotte, qui doit faire face à des défaillances de la part de certains hôtes, restés trop longtemps au contact des humains et devenant suicidaires, à la présence de rebelles à son autorité dans le désert, et à la menace de Maeve (bien qu'elle soit introuvable).
Pourtant, ces bonnes idées et ces nombreuses pistes, à même d'alimenter des nouveaux épisodes palpitants, semblent vite écrasées par leur propre ambition. Comme si la série elle-même se mettait à dysfonctionner. Quand on sait à quel point Westworld a ébloui par sa rigueur scénaristique, c'est embêtant.
Pourtant, notre intérêt reste vif car l'autre idée de Joy et Nolan, c'est de jouer avec le temps : on comprend assez vite que le récit se joue sur deux lignes temporelles, une première située sept ans après les événements de la saison 3, et une seconde vingt-trois ans après le début de cette saison 4. C'est à ce moment-là que Bernard se réveille, couvert de poussière dans une chambre d'hôtel, tel qu'on le dévouvrait dans la scène post-génrique de fin de la saison 3, après avoir passé tout ce temps dans le Sublime, ce paradis virtuel où de nombreux hôtes ont trouvé refuge et immortalité à la fin de la saison 2.
Ce séjour, Bernard l'a passé à explorer tous les scénarii possibles pouvant aboutir à la défaite de Charlotte et William. Pour cela, il faut une arme : ce sera Maeve, tuée par William. Et il faudra plusieurs sacrifices pour Dolores réémerge avec l'accord de Charlotte afin de gouverner le Sublime et de le préparer à un ultime test qui déterminera si la race humaine peut être sauvée par les hôtes ou doit s'éteindre en s'auto-détruisant.
Mais là encore, hélas ! ça ne prend pas : même si Joy et Nolan renoncent à mi-chemin aux circonvultions narratives qui avaient plombé la saison 2, ils accumulent alors des séquences absurdes, aussi ennuyeuses que grotesques. Entre des duels ridicules et expédiés (Charlotte vs Maeve), des déchéances misérables de personnages (Caleb), l'arrivée de nouveaux héros peu charismatiques (Frankie et les rebelles), des reprogrammations qui s'enchaînent (William), des protagonistes horriblement écrits (Christina entre fantôme et déesse), et des actions franchement pathétiques (la course-poursuite finale entre William et Charlotte est affligeante : lui traverse tous les Etats-Unis en cheval et réussit à arriver au barrage avant elle, qui se déplace pourtant dans un petit engin aérien), rien ne nous est épargné.
La série ne s'en relève jamais et les épisodes se suivent sans plus nous captiver. C'est long, laborieux, désolant. On résiste à l'envie d'abandonner avant la fin en espérant un twist, un de plus, qui, par exemple reviendrait sur le sort de William à la fin de la saison 2 (enfermé on-ne-sait-où et visité par le fantôme de sa fille) - mais rien n'arrivera. A la place, on est perdu avec ce subplot concernant le Sublime, le plan ultime de Dolores (dont on se demande vraiment bien pourquoi elle se préoccupe encore des humains et de leur extinction/survie, et comment le Westworld originel recréé dans cet espace virtuel va pouvoir résoudre quoi que ce soit).
Le dernier épisode ressemble à un jeu de massacre tel qu'on s'interroge sur qui sera présent dans cet hypothétique saison 5 puisque Bernard, Caleb, Maeve, William, Charlotte meurent tous, apparemment défintivement (leurs perles sont détruites). On souhaiterait presque pour eux qu'ils le restent tant cette saison 4 les a maltraités. Dans le cas où la série aurait droit à une prolongation, je pense que ce sera pour un nombre réduit d'épisodes et avec l'injection de nouveaux personnages autour de Dolores, mais par expérience, je sais que c'est rarement une bonne idée (voir des antécédents comme Dr. House, Urgences, Lost).
L'interprétation n'est pas mauvaise, car les acteurs sont excellents, mais ils font quand même souvent peine à voir, comme s'ils devaient jouer une partition imbitable. Thandie Newton est celle qui s'en sort le mieux avec Jeffrey Wright, leurs deux personnages bénéficiant des mielleurs arcs. Mais quelle misère pour Evan Rachel Wood qui erre durant huit épisodes sans avoir l'air de savoir ce qu'elle doit faire. Idem pour James Marsden, de retour mais cantonné à un rôle accessoire. Aaron Paul passe son temps à l'écran à mourir, dépérir, agité de tics. Et Ed Harris n'a plus rien d'autre à jouer que la caricature de William (le comédien n'a pas caché que depuis la saison 2, il ne comprenait plus rien à l'intrigue de la série et c'est vrai pour que pour s'y retrouver avec son personnage, il y a de quoi s'arracher les cheveux). Tessa Thompson doit incarner la méchante de service avant sa rédemption finale, mais elle aussi paraît ailleurs, jamais convaincue, donc jamais convaincante.
C'est donc un désastre complet. Lisa Joy et Jonathan Nolan auraient certainement dû en rester à la saison 3 ou alors raconter les conséquences directes de son dénouement, quitte à se priver de certaines des stars de la série et se couper définitivement de leur fanbase initiale. Mais je ne vois pas comment une saison 5 va pouvoir sauver ce titanic qui comme le célèbre navire a fait une fausse route tragique.
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