Trois ans après ses tonitruantes premières aventures, Poupéé Russe (Russian Doll en vo) revient pour une deuxième (et sans doute dernière) ssaison. Le show créé par Natasha Lyonne (également premier rôle), Amy Poehler et Leslye Headland est encore plus fou, plus troublant, et retombe toujours aussi miraculeusement sur ses pattes.
Quelques jours avant son quarantième anniversaire, Nadia Vulvokov découvre que le métro de la ligne 6 de New York lui permet de remonter le temps jusqu'en 1982. Son esprit occupe alors le corps de sa mère, enceinte d'elle. Elle est séduite par un malfrat, Chezare Carrera, avec lequel elle cambriole le domicile de sa propre grand-mère, Vera, la délestant d'un sac rempli de pièces d'or. De retour dans le présent, Nadia interroge sa tante Ruth sur Carrera et apprend qu'il était effectivement devenu l'amant de Nora après ce vol. Nadia met ensuite en garde son ami Alan contre le métro de la ligne 6 puis repart en 1982 récupérer les pièces d'or. Mais Carrera, intrigué par le comportement de Nora, s'enfuit avec le butin.
Toujours en 1982, Nora (toujours possédée par l'esprit de Nadia) reçoit la visite de sa mère, Vera, qui l'accuse de l'avoir dépouillée. Nadia revient de nos jours et consulte Internet pour remonter la trace de Carrera. Elle le retrouve, âgé, mais il lui explique avoir en 1982 vendu les pièces d'or et remis l'argent à Nora.. Nadia repart en 1982 et avec l'aide de la jeune Vera rachète les pièces d'or chez le joaillier. Puss elle laisse un message sur le répondeur de Vera, la suppliant de se ranger. Mais, alors qu'elle repart à notre époque en métro, elle est distraite en apercevant Alan dans une autre rame et perd de vue son sac rempli des pièces d'or.
Nadia, désespérée, questionne sa grand-mère, Vera, et sa tante, Ruth, pour découvrir la provenance des pièces d'or. Il s'agissait de la fortune familiale, spoliée par les nazis durant la guerre à bord d'un train parti de Budapest. Mais à la fin du conflit, ni ke train ni ses trésors ne furent retrouvés. Nadia demande à sa meilleure amie Maxine de l'accompagner pour un voyage en Hongrie sur les traces de ce train fantôme.
Pendant ce temps, de son côté, Alan n'a pas résisté à l'envie d'emprunter le métro de la ligne 6. Il a atterri à Berlin-Est en 1962 dans le corps de sa grand-mère qui y faisait ses études universitaires. Elle fréquentait un certain Lenny et ses amis qui voulaient passer à l'Ouest en se fiant au plan hasardeux d'un tunnel entre les deux zones de Berlin. Nadia, elle, arrive à Budapest avec Maxine, qui souffre du jet-lag et part se reposer à l'hôtel. Alan découvre que Lenny et ses amis ne l'ont pas attendu pour passer à l'Ouest, malgré ses mises en garde sur le danger d'une telle expédition.
Pendant que Maxine se repose, Nadia emprunte le métro de Budapest et remonte le temps jusqu'en 1944. Elle occupe à cette époque le corps de Vera, sa grand-mère, et s'introduit dans un entrepôt de Budapest où les nazis stockent les biens volés aux juifs. Elle récupère quelques pièces d'argenterie puis les cache dans les égoûts. Elle remet ensuite le plan de la cachette au Père Laszlo avec l'assurance que, une fois la guerre finie, il le lui enverra par courrier. Comme prévu, un an plus tard, Vera récupère ses biens dans les égoûts et va les vendre contre les pièces d'or - celles-là même que lui voleront Nora et Carrera en 1962. Réalisant que rien n'empêchera cela, Nadia enrage en passant de compartiment en compartiment dans le métro jusqu'en 1962. Elle sort sur le quai où l'attendent Ruth et Vera et perd les eaux.
Nora accouche de sa fille mais Nadia, qui occupe son esprit, lui fait kidnapper le bébé (elle-même donc), craignant que Vera ne lui en retire la garde. De retour à notre époque avec le nourrisson, Nadia reçoit un appel de Maxine la prévenant que Ruth est hospitalisée. Sur place, Nadia se rend compte que la présence de son double tout juste né provoque une importante distortion temporelle et s'enfuit. Alan la retrouve à la fête d'anniversaire de ses 36 ans chez Maxine.
Alan tente de convaincre Nadia de ramener le bébé en 1962 car le temps va s'effondrer sur lui-même. Elle refuse d'abord, ne voulant pas que le nouveau-né vive dans les mêmes conditions déplorables qu'elle, puis, comprenant qu'elle peut sauver Ruth, elle se résigne. Ne voyant pas le métro de la ligne 6 arriver, Alan et Nadia s'enfoncent dans les tunnels avant que deux rames ne les percutent de chaque côté. Séparés par le choc, ils tombent dans le Vide temporel : Alan retrouve sa grand-mère qui lui dit de faire son deuil d'elle tandis que Nadia retrouve Nora à qui elle remet l'enfant. Alan et Nadia se retrouvent à la fête donnée par Maxine pour le quarantième anniversaire de Nadia.
Disponible depuis Avril dernier sur Netflix, j'avais complètement zappé cette seconde saison de Poupée Russe, quand bien même j'avais adoré la première il y a trois ans. Après avoir regardé Sandman, j'avais besoin d'une série capable de me changer les idées tout en n'étant de qualité similaire, donc j'ai rattrapé mon retard ces derniers jours.
Cette saison compte sept épisodes (contre huit pour la précédente), mais on n'y perd pas au change. Surtout les créatrices du show - Natasha Lyonne, Amy Poehler et Leslye Headland - ont su motiver leurs scénaristes pour imaginer une histoire cnore plus folle et pourtant aussi habile sur une trame de leur invention.
Dans sa première saison, l'influence de Un Jour sans Fin était très présente, même si, in fine, la série parvenait à s'en distinguer, explorant comment deux individus pris au piège d'une boucle temporelle s'en libéraient en comprenant que leurs destins étaient liés. Cette fois, on peut dire que Poupée Russe s'émancipe complètement en osant repartir dans des voyages temporels mais aussi en sondant des motifs plus troubles, plus troublants.
Evidemment, la comédie reste présente, et l'abattage énorme de Natasha Lyonne, qui campe Nadia, y est pour beaucoup. C'est une vraie tornade et elle le sait, elle joue en sachant très bien qu'elle est filmée, en comptant sur la complicité du spectateur, mais aussi en souhaitant visiblement le surprendre, non par sa manière de réagir aux événements mais par la nature des péripéties qu'elle traverse.
Lyonne en fait des caisses mais le personnage qu'elle compose est irrésisitible, avec une démarche unique, des mimiques savoureuses, ce côté à la fois buté et incrédule, irresponsable et justicier. En découvrant qu'une ligne de métro lui permet de remonter jusqu'à l'époque où sa mère était enceinte d'elle, elle se trouve embarquée dans une aventure épique digne d'une chasse au trésor, en l'occurrence une centaine pièces d'or qui constitueront son héritage. Ce magot passe de main en main, et son origine l'entraîne jusqu'au coeur de la Hongrie durant la seconde guerre mondiale.
Mais en vérité, on va l'apprendre en même temps que Nadia, ce butin n'est qu'un prétexte à un récit initiatique. Qu'importe si elle peut récupérer cette fortune en la récupérant, en la rachetant, en la cachant, l'important est que cela la conduise à découvrir l'histoire de sa famille et la sienne propre. Spoliée par les nazis, la grand-mère Vera ruse pour obtenir ces pièces d'or au nez et à la barbe des barbares et des filous. La mère de Nadia, Nora (incarnée par Chloë Sevigny), atteinte de shizophrénie, est le grain de sable qui, invariablement, fait tout dérailler; Et Nadia, désirant s'offrir bébé une nouvelle vie, va encore faire empirer les choses en créant une distortion temporelle.
On retrouve aussi Alan (excellemment joué par Charles Barnett), le garçon largué par sa fiancée et suicidaire que rencontrait Nadia dans la première saison et qu'elle fréquente toujours. On relève alors que Nadia est une personne toxique dans la mesure où, en voulant préserver son ami, elle le contamine en lui parlant de la ligne de métro "magique". Ce qui, évidemment, va l'inciter à l'emprunter à son tour et le précipiter dans un périple tout aussi déjanté. On déplorera juste que, dans cette saison 2, contrairement à la précédente, la série ne développe pas autant le fil narratif d'Alan alors qu'avec quelques épisodes de plus on aurait eu droit à une intrigue parallèle aussi fournie, dans le cadre de Berlin-Est en 1962.
Ce qui impressionne surtout, c'est la déconcertante facilité apparente avec laquelle la série retombe toujours sur ses pattes, justifie ses excentricités. Par exemple, lorsque Nadia occupe le corps de sa grand-mère Vera en 1944, cela coïncide évidemment avec son bref séjour à Budapest où Vera se trouvait à l'époque. Sa relation avec sa tante Ruth (tante par alliance) donne aussi cours à des échanges émouvants et pétillants, au cours desquels Lyonne et Annie Murphy (qui interprète Ruth jeune), comédienne géniale (comparée par Nadia à Melanie Griffith, ce qui est parfaitement vrai), affichent une complicité merveilleuse. Enfin, quand arrivent les deux derniers épisodes où règne un chaos incroyable à cause des initiatives irresponsables de Nadia, la série parvient à résoudre son intrigue avec une adresse remarquable sans que cela paraisse expédiée ni capillotractée (enfin, dans le contexte de la série).
Mine de rien, le propos est souvent complexe et poignant : les notions de maternité, d'héritage, de transmissions, de sacrifice, d'amour familial sont travaillées avec une subtilité et une verve rares, sur un rythme soutenu mais toujours clair. Un exercice d'écriture et de mise en scène virtuose.
Poupée Russe n'a pas la reconnaissance qu'elle mérite. Avec un titre pareil par les temps qui courent, pas certain que de nouveaux fans penseront à jeter un oeil à cette seconde saison (il semble que Netflix ne renouvelera pas le show pour une troisième fois). Pourtant, c'est une des productions originales de la plateforme parmi les plus originales et les plus abouties. Alors, donnez-lui sa chance !
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