Fables #154 est la quatrième partie de l'histoire The Black Forest. Le cap du premier tiers de cette saga est franchi ici. Bill Willingham semble pourtant se moquer de ce décompte et poursuit, à un rythme de sénateur, son intrigue, toujours centrée sur la famille Wolf et la nouvelle Jack in the Green. Mark Buckingham nous gratifie de planches une nouvelle fois superbes. On passe un bon moment, même si on aimerait que la suite s'anime davantage.
Dans la forêt noire, l'écuyer Polly a rassemblé les animaux pour les convaincre de l'aider à chasser Bigby Wolf et sa famille. Mais l'apparition inattendu d'un visiteur sème la panique.
Connor Wolf rencontre un chevalier errant qui souhaite avoir un épéiste à ses côtés. Blossom trouve des coffres scellés qu'une voix veut lui faire ouvrir. Winter plonge dans un royaume inconnu.
De son côté, Ambrose, toujours captif de Mr. Kyrkogrim, reprend ses esprits et repart après avoir dominé sa peur. Il promet qu'il reviendra voir son hôte.
Gwen, accompagné de M. Ours, décide de s'engager dans une quête sans savoir où cela va la mener pour mériter son titre de Jack in the Green.
Les épisodes se suivent et se ressemblent. On a l'impression, ne nous le cachons pas, que la saga de la Forêt Noire fait un peu du surplace depuis que Bill Willingham nous a ramnés dans le monde des Fables et nous a introduits aux protagonistes de sa saga.
Partir pour une intrigue de douze épisodes, c'est faire une long voyage, sur une année (si la série ne prend pas de retard en cours de route), et on attend, légitimement je crois, à ne pas s'ennuyer. Pourtant, est-ce vraiment possible ? Peut-on écrire un récit aussi long sans creux, sans passage à vide, sans baisse de régime ?
Ce qui est certain, c'est que le pari initial - nous faire revenir dans cet univers si spécial après dix ans d'absence - est gagné. J'ai pour part du plaisir à renouer avec les héros de la série, à déambuler dans ces décors, à découvrir de nouvelles situations, à voir se dessiner de nouvelles aventures.
Non, le souci est ailleurs : c'est une question de rythme. C'est un peu trop tranquille, un peu... Mou. On arrive au quatrième sur les douze que comptera cet arc narratif, ce qui signifie qu'on franchit un tiers du projet, et pour l'instant, les connections entre les différents pistes narratives sont loin d'être claires. On navigue à vue, on prend son mal en patience.
Si on fait, comme moi, confiance à Willingham, alors il suffit d'attendre, même si c'est frustrant. Par contre, si on trépigne un peu plus, je peux admettre que cest compliqué. Le scénarist semble semer des bouts d'intrigues un peu aux quatre vents sans donner au lecteur de direction d'ensemble, sans doute parce qu'il veut s'économiser, en garder sous le pied et peut-être aussi pour nous tester. Il est vrai que si rien ne semble avoir beaucoup changé, ce n'est pas non plus la même chose qu'il y a dix ans : à part Bigby, Blanche Neige, leurs enfants, un peu Cendrillon, tout le reste a disparu. De nouveaux protagonistes apparaissent, aux desseins troubles comme Gwen, Peter Pan et les créatures croisées dans cet épisode.
L'essentiel de l'épisode est en effet une succession de saynètes avec les "Cubs" qui parcourent la forêt noire et y font des rencontres ou des découvertes. Connor croise un chevalier errant qui l'embarque dans son voyage parce qu'il a besoin d'un épéiste à ses côtés (pourquoi ?). Blossom découvre des coffres cadenassés et enchaînés et une voix la conjure des les ouvrir, malgré sa réticence (évidemment elle va le faire et évidemment ça n'augure rien de bon). Quant à Winter, elle atterrit dans un royaume inconnu dont on ne revient normalement pas.
Willingham conclut cependant l'aventure d'Ambrose pris au piège dans une maison. La façon dont la situation se retourne en dit long sur la malice d'Ambrose, qui est moins benêt qu'on ne l'imagine, plus puissant aussi. Et tout indique que ce segment n'est pas terminé.
Enfin, Gwen avec M; Ours part pour New York sans le savoir. J'ai d'abord cru qu'elle allait croiser les "Cubs" mais maintenant il me semble bien que sa quête pourrait la mener à Cendrillon ou Peter Pan. Ce ne sont que des hypothèses personnelles, et il est donc très possible qu'elles soient incorrectes, que Willingham me réserve des surprrises. Mais quoi qu'il en soit, pour ce personnage comme les autres, j'attends du mouvement.
Heureusement, cette baisse de règme narrative est en quelque sorte compensé par les dessins de Mark Buckingham. L'artiste affiche une complicité telle avec son scénariste que ce dernier lui donne ce qu'il préfère dessiner. Et ça commence fort avec une double page somptueuse avec les animaux de la forêt réunis par l'écuyer Polly. Buckingham est tujours excellent pour représenter les animaux qu'il anime comme de véritables acteurs et la scène est à la fois tendue et électrique avec une chute (au sens littéral) amusante.
Le reste ne déçoit pas non plus. L'environnement de la forêt offre à l'artiste l'occasion de composer des images détaillées qui accrochent le regard et permettent d'admirer son investissement graphique. Les enfants sont campés avec réalisme, la seule à échapper à une forme de normalité étant Winter (la plus puissante de la meute) avec son costume stylisé.
Les couleurs de Lee Loughridge (qui les assure depuis le tout début de la série !) établisssent des ambiances soignées, correspondant à chacun, en particulier Gwen dont l'habit vert lui sert presque de camouflage dans la nature sauvage de la forêt mais devient folklorique quand elle se téléporte aux abords de la ville.
Un épisode en demi-teinte donc. Je ne suis pas découragé car j'adore Fables et son retour me ravit. Tout ce que j'espère, c'est que l'intrigue se bouge un peu plus et qu'on y voit plus clair dans ce qui lie tous ces personnages.
La variant cover de Mark Buckingham.
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