A.X.E. : Judgment Day se poursuit cette semaine avec un deuxième épisode qui marque, selon les dires de son scénariste, Kieron Gillen, la fin du premier Acte de cet event. C'est dire si l'auteur ne perd pas de temps et effectivement, le rythme est très soutenu, les situations s'enchaînent sans temps mort et sur plusieurs niveaux. Valerio Schiti suit le mouvement avec une aisance confondante au dessin.
Tout autour du monde, six individus suivent les événements consécutifs à l'attaque menée par les Eternels contre les mutants. L'un d'eux va en mourir.
Krakoa. La bataille fait rage contre les six Hex, ces géants Eternels convoqués par Druig. Les Avengers viennent soutenir les mutants puis partent s'occuper de civils mis en danger par les conséquences.
Cependant, Iron Man, Mr. Sinistre, Makkari et Ajak s'emploient à leur plan pour faire cesser le conflit en révéllant le Progéniteur, ce Céleste mort qui sert de Q.G. aux Avengers.
Leur plan réussit car le Progéniteur se réveille, reprogrammé. Il ordonne aux Hex de se replier. Mais il annonce aussi aux humains et aux mutants qu'il va les soumettre à son jugement...
Et donc, le mot est lancé : le Jour du Jugement est celui où le Progéniteur va estimer si l'humanité (mutants compris) est digne de continuer à exister. Toyt le monde va être jugé, sans exception.
Si ça vous rappelle un précédent event Marvel, c'est normal : dans Original Sin, en 2014, Jason Aaron, avec Mike Deodato Jr. au dessin, sondait aussi l'humanité, et particulièrement la communauté des super-héros, à la suite du meurtre du Gardien Uatu, témoin de tous les secrets de 'Univers et de la Terre en particulier. L'occasion à l'époque pour Marvel de, entre autres, donner un tout autre rôle à Nick Fury, de rendre Thor indigne, de révèler un pan du passé du père de Daredevil, etc.
Ce jugement dernier a évidemment ici des accents bibliques avec un Céleste ressucité dans le rôle de Dieu s'apprêtant à condamner ou éparner l'humanité. C'est aussi une manière pour Kieron Gillen à la fois de prolonger des considérations propres sur la foi (explorées dans plusieurs de ses séries en creator-owned comme The Wicked + The Divine, Once & Future, Die, mais également chez Marvel avec Journey into Mystery) et de donner encore plus d'envergure à son event (si c'était possible).
Le scénariste avait expliqué, en interview, que Judgment Day se divisait en trois Actes et donc ce deuxième numéro marque la fin du premier. On n'a vraiment eu le temps de voir le temps passer, tout est allé très vite, avec une escalade spectaculaire, mais sans que le récit ne soit expédié ou bâclé. C'est un exploit, mais pas un hasard car Gillen a su faire l'économie de tics horripilants dans sa narration, comme la voix-off de la Machine (trop envahissante dans Eternals) ou une sorte d'ironie qui parasitait l'émotion.
Au cours de l'épisode, Gillen dispose trois fils narratifs : le premier, le plus intrigant, met en scène six humains à travers le monde, observant différemment ce qui se joue à Krakoa entre les Hex, ces gigantesques Eternels, et les mutants. Si le scénariste s'arrête sur eux, c'est évidemment qu'on va les retrouver dans les prochains épisodes (un teaser a même indiqué qu'ils étaient les six personnes les plus importantes de la Terre). Pourtant, l'un d'eux périt déjà, frappé subitement pour permettre à un des Hex de ressuciter (la condition établie par Gillen pour le retour à la vie des Eternels étant qu'un mortel soit sacrifié).
Le deuxième fil met en scène la bataille entre les Hex et les X-Men, bientôt aidés par les Avengers (moins Iron Man). Ces scènes permettent de vérifier que Valerio Schiti est un artiste exceptionnel, surpassant aisément tous ses collègues chez Marvel actuellement par sa capacité non seulement à livrer ses pages sans retard mais aussi parce qu'il sait composer des images fortes, grandioses, et où pourtant chaque personnage a droit à son moment de gloire, appréciant la situation avec assurance et bravoure. Grâce à la fluidité du découpage, on peut suivre un échange précieux entre Captain America et Cyclope dans le feu de l'action sans que cela n'encombre la narration.
Enfin, un troisième fil suit les efforts de Iron Man, Mr. Sinistre, Makkari et Ajak pour réveiller le Progéniteur, la montagne des Avengers, ce Céleste mort dans lequel l'équipe de héros a installé son quartier général depuis le début du run de Jason Aaron. Là encore Schiti, au milieu de l'effervescence qui anime ce quatuor, parvient à glisser quelques cases judicieuses pour montrer que Sinistre est toujours aussi barré et inquiétant et pathétique. Gillen, lui, a lu le run de Christopher Cantwell sur Iron Man en faisant une référence discrète au fait que Tony Stark a récemment fait l'expérience d'avoir les pouvoirs d'un dieu (en absorbant les pouvoirs de Korvac), et que maintenant il travaille justement à (re)créer une divinité.
Tout ça en 25 pages ! Il y a de quoi lire dans ce Judgment Day qui ne se résume pas à une cascade de scènes d'action spectaculaires à coups d'enjeux monumentaux. Cette dimension n'est pas occultée, mais elle laisse de la place pour un peu d'interaction entre les personnages et un zeste de mystère (avec les six humains).
Parce que Gillen réussit à nous embarquer et Schiti à nous éblouir, on est franchement curieux de voir ce que la suite nous réserve, sachant là encore que le scénariste a averti que chaque Acte posséderait une tonalité différente. Comment vont réagir les X-Men, les Eternels et les Avengers désormais que la résolution de cette histoire dépasse un affrontement basique ? Si le fait que le plan improbable d'Ajak et Iron Man n'a pas abouti au résultat escompté initialement (reconfigurer un Dieu ne signifie pas en faire un dieu docile ou indulgent) et est plutôt convenu (c'est même une sorte de gag dans la mesure où jamais les plans impliquant Iron Man ne fonctionne - voir Civil War, Avengers vs X-Men), le reste est vraiment accrocheur et imprévisible.
Souhaitons que ça le reste. A cette condition, A.X.E. : Judgment Day peut devenir un event qui se distingue, qui sort du lot.
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