Comme ce sera une semaine très maigre en nouveautés à critiquer, je vais revenir sur des lectures que je n'ai pas commentées quand elles sont parues. Et quelque chose que j'aime bien lire pour, disons, me changer les idées, ce sont les one-shots ou mini-séries Hellboy and the B.P.R.D.. C'est rapide, souvent divertissant, on n'a pas besoin d'être très cultivé sur cet univers. Et The Seven Wives Club par Mike Mignola et Adam Hughes est un régal.
Savannah, Georgie. 1992. Hellboy vient au secours de Jane Howell, une amie passionnée par les maisons hantées, et qui vient d'être arrêtée pour avoir tué accidentellement son fiancé.
L'agent du BPRD Pauline Raskin présente à Hellboy Joey Ford dont la mère fut infirmière durant la première guerre mindiale et qui pratiqua plusieurs autopsies sur le corps de Walter Wakeman.
C'est dans la maison de ce dernier que Jane a tué son fiancé et où la mère de Ford avec six autres infirmières commirent des atrocités avant d'être victimes d'étranges accidents.
Hellboy, c'est toujours un peu la même chose :des histoires de monstres, de Grands Anciens inspirés par la littérature de H.P. Lovecraft, de maisons hantées, de fins du monde, de sorciers, etc. Si lire ces histoires intégrées à des séries au long cours, comme celles de Hellboy (en solo) ou du B.P.R.D. (le Bureau de recherche et de défense sur le paranormal, au sein duquel opérent les amis de Hellboy comme Liz Sherman et Abe Sapien) peut être fastidieux, en revanche il existe des productions plus modestes et sympathiques patronnées par Mike Mignola.
Aujourd'hui, alors qu'il prépare(rerait) son retour à sa table de dessin, Mignola est plus actif comme scénariste, ou en tout cas comme chef d'orchestre de son univers aux côtés d'autres auteurs (John Arcudi, Chris Roberson, Chrsitopher Golden...). Mais de temps à autre, le maestro s'offre une escapade en compagnie d'un prestigieux collègue artiste pour un one-shot sur les années de formation de Hellboy au sein du BPRD (avant qu'il y soit rejoint par Sapien et Sherman et compagnie).
C'est ainsi qu'il a écrit The Seven Wives Club pour Adam Hughes, avec lequel il avait déjà collaboré sur Hellboy : Krampusnacht (par ailleurs assez décevant). C'est donc un mini-événement parce que, comme Mignola, Hughes ne dessine plus guère de pages intérieures, ayant acquis gloire et fortune comme cover-artist. Ajoutez-y le coloriste Dave Stewart et vous avez l'équipe complète et prestigieuse de ce numéro.
Comme je l'écrivais en préambule, Hellboy fonctionne sur des recettes éprouvées par son créateur et donc il ne faut pas chercher une quelconque originalité, plutôt le confort qu'assure une histoire complète de vingt pages.
Ici, on a donc droit à une affaire de maison hantée qui a causé le meurtre accidentel d'un jeune homme par sa fiancée, qui se trouve être une amie de Hellboy. L'action se situe en 1992 dans l'Etat de Georgie dans le Sud-Est de l'Amérique. Flanqué de l'agent Pauline Raskin du BPRD, Hellboy promet de sortir la malheureuse de prison. Pour cela il va devoir suivre Joey Ford dans la demeure précitée où il s'en est passé de belles.
Mignola convoque des motifs familiers avec une sombre histoire qui évoque Barbe-Bleue, dans une ambiance de série Z, avec des infirmières déjantées qui pratiquent des autopsies peu orthodoxes sur un cadavre et unissent leurs âmes à celle de leur cobaye, avant de toutes succomber à d'étranges accidents comme autant de punitions pour leurs péchés. On ne peut réprimer un sourire en lisant ces scènes, voir même un rire franc tellement c'est croquignolet. Mignola s'autoparodie (ou alors se prend vraiment trop au sérieux en croyant nous faire peur) et c'est effectivement très efficace.
La contribution d'Adam Hughes est ici plus concluante que sur Krampusnacht. L'artiste produit des planches somptueuses, dans un style plus expressionniste qu'à l'accoutumée. En effet, il n'a pas ici le loisir de s'adonner à la représentation de jolies filles girondes comme il sait si bien le faire (même si c'est loin d'être son unique talent, mais enfin après toutes ces couvertures de Wonder Woman ou Catwoman, difficile d'occulter cette spécialité).
Son trait réaliste donne une dimension moins effrayante à Hellboy dont, par ailleurs, la caractérisation est plus bonhomme, moins bougonne. La beauté de Pauline Raskin ne parasite pas son tempérament téméraire et résolu. Et Joey Ford s'avère un vrai trouillard dès qu'il entend la voix de sa défunte maman lui conseiller de ne pas rester dans le sous-sol de la maison Wakeman. L'apparition des spectres est d'une élégance funeste imparable tandis que celle du cadavre de Wakeman fait son petit effet (le seul véritable horrifique du récit).
Les couleurs de Dave Stewart sont merveilleuses. Bien que Hughes ait employé un encrage très marqué avec des effets de clair-obscur prononcés, la palette employée créé des contrastes intéressants et habille le dessin sans jamais chercher à le concurrencer. C'est de la très belle ouvrage.
San surprise donc, Mignola et Hughes donnent le meilleur d'eux-même dans cet exercice où affleure une bonne dose d'auto-dérision. Mais avec quelle classe !
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