Devil's Reign : Omega vient conclure "officiellement" (selon le terme employé par l'editor) l'event écrit par Chip Zdarsky. A la lecture pourtant, on a davantage le sentiment que ce numéro d'une trentaine et quelques pages sert surtout de rampe de lancement à trois futures séries (dont deux sont déjà "officialisées") : la relance de Daredevil, toujours par Zdarsky et Marco Checchetto, et la mini Thunderbolts, par Jim Zub et Sean Izaakse. Plutôt dispensable donc, sauf pour les complétistes.
- Fall and Rise. (Ecrit par Chip Zdarsky et dessiné par Rafael de Latorre.) - Luke Cage, Jessica Jones et Danny Rand, entre autres, assistent aux obséques de Mike Murdock, alors que tous croient qu'il s'agit de Matt. Le fils du Caïd est également là, sachant la vérité et jurant de venger son ami. Luke et Danny apprennent par Daredevil et Elektra qu'ils quittent New York pour démanteler la Main.
Désormais maire de New York, Luke Cage doit composer avec l'équipe de Thunderbolts mise en place par Wilson Fisk. Les super-héros sont toujours persona non grata en ville. Jessica Jones décide d'héberger le dernier fils de l'Homme Pourpre qui a des pouvoirs. Kristen McDuffie se receuille devant le cercueil de Mike/Matt et glisse à l'intérieur la Pierre d'Infinité qu'il possédait.
- Cleaning House. (Ecrit par Jim Zub et dessiné par Luciano Vecchio.) - Pressé de se débarrasser des Thunderbolts de Fisk, Luke Cage procède à l'arrestation de leur chef, Crossbones. Il propose ensuite à Monica Rambeau, venue en renfort, de former une nouvelle équipe. Mais elle décline et Luke doit trouver un remplaçant.
- Mayor for Hire. (Ecrit par Rodney Barnes et dessiné par Guillermo Sanna.) - Luke Cage doit s'adresser pour la première fois en qualité de maire à la presse et au public. Il se souvient des épreuves qu'il a traversées et jure d'oeuvrer pour la communauté avec toute son énergie.
Ce qui frappe après avoir lu Devil's Reign: Omega, c'est finalement que tout ce qui y est raconté aurait très bien pu sans doute être intégré aux séries qu'il annonce. Car, pendant plus de trente pages, on assiste à la fois à un bilan post-Devil's Reign et à ce qui se prépare. Evidemment, le plus gros morceau est réservé à Daredevil dont la série va être relancée le 13 Juin prochain. Mais reprenons dans l'ordre.
Un peu noyé dans le dernier épisode de l'event, on n'a pas bien mesuré l'impact de la mort de Mike Murdock, le "frère" de Matt, créé de toutes pièces par un Inhumain (durant le run de Charles Soule). Tué par Wilson Fisk qui l'a confondu avec Matt, Mike lui ressemble en tout point, il est impossible de les distinguer. Toutefois, quelques personnages sont au courant de la vérité.
Parmi eux, évidemment, Foggy Nelson, mais aussi Luke Cage et Danny Rand, et aussi Butch Pharris, le fils de Fisk, qui était devenu le meilleur ami et associé de Mike. Tous ceux-là jouent le jeu lors des obsèques pendant que les autres pleurent la mort du célèbre avocat aveugle. Butch Pharris jure à Nelson qu'il vengera Mike quand il retrouvera Matt. Quant à Luke et Danny, ils rejoignent Daredevil et Elektra sur le départ : ils partent de New York pour accomplir une mission à haut risque, démanteler la Main.
Chip Zdarsky est donc très transparent sur ce que racontera le nouveau volume de Daredevil à partir de Juin prochain : loin des intrigues urbaines, avec Elektra, l'Homme sans Peur va engager un combat épique contre une organisation de ninjas criminels. Il sera accompagné de Marco Checchetto au dessin (au moins au début car Guillermo Sanna est déjà crédité au n°3 en Août !). Il n'est pas le premier à délocaliser DD pour tenter de lui donner une nouvelle dimension (on se souviendra du deuxième acte du run d'Ann Nocenti et John Romita Jr, sans croire une minute que ce sera égalé en qualité).
Toutefois, je reste dubitatif, parce que je n'ai pas été conquis par le premier run de 36 épisodes de Zdarsky, et aussi parce que visiblement Elektra va continuer à partager le nom de Daredevil avec Matt, ce qui, je trouve, rend l'affaire inutilement confuse et dénature les deux personnages (Elektra n'a même plus besoin de faire ça).
Par ailleurs, Zdarsky se penche sur le nouveau statut de Luke Cage, élu sans opposant à la mairie de New York (puisque Fisk a filé avec Typhoid Mary - bizarrement, personne ne semble préoccupé par cette fuite alors qu'il est recherché pour le meurtre de Mike/Matt, aucun héros ne se lance à sa poursuite !). Dans cette perspective, il s'agit surtout pour le scénariste de passer le relais à Jim Zub pour le segment suivant de ce numéro. Toutefois, il ajoute l'adoption par Jessica Jones du dernier fils de l'Homme Pourpre à qui il reste les pouvoirs de son père, mais sans qu'on sache qui va exploiter cette situation.
Enfin, on voit Kristen McDuffie, création de Mark Waid (durant son run avec Chris Samnee) complètement sous-exploitée par Soule et Zdarsky ensuite, pleurer sur le cercueil de Mike/Matt et y glisser la Pierre d'Infinité (laquelle, je l'ignore, n'ayant pas lu les épisodes où il l'a acquise, et j'ai eu la flemme de chercher). Manière en tout de prévenir que Mike va sûrement ressuciter un de ces quatre (était-ce bien nécessaire ? Oui, si on considère qu'il faut bien trouver de futures emmerdements pour Daredevil...).
Au dessin on a Rafael de Latorre (et non Roberto - maxima mea culpa) qui ne livre pas une prestation très enthousiasmante. J'ai même cru à un clone de Billy Tan désormais. Ses planches sont laides ou au mieux quelconques, ce n'est pas tout simplement pas à la hauteur.
Passons donc à la deuxième partie avec Cleaning House, une sorte de teaser pataud pour la mini-série Thunderbolts de Jim Zub, qui devait débuter ce Mercredi 25 Mai et qui a été reporté à fin Août (!). Luke Cage n'est pas content car les T-Bolts établis par Fisk sont toujours actifs en vertu de l'application de sa loi contre les super-héros. Il décide donc de couper le mal à la racine en arrêtant le chef de cette milice, Crossbones (dommage qu'on l'ait déjà en vu en prison dans Captain America : Symbol of Truth #1...).
Il propose ensuite à Monica Rambeau de former une nouvelle équipe de T-Bolts, mais elle décline. On lui suggère alors Clint Barton, ce qui est logique puisqu'il a déjà dirigé ce groupe. Tout ça aurait pu tenir en moitié moins de pages que ce qu'on a là, et surtout on s'étonnera que ce soit dessiné par le faiblard Luciano Vecchio et non par Sean Izaakse, qui signera la future série avec Zub.
Je ne sais pas trop quoi penser de cette énième relance de Thunderbolts, titre complètement vidé de son idée initiale au fil des incarnations. Souvenons-nous tout de même que Kurt Busiek avait imaginé cela comme une énorme escroquerie montée par le Baron Zemo suite à l'event Onslaught, avec des criminels remplaçant les héros disparus sous de nouvelles identités et des costumes inédits. Ce ne sera pas le cas du projet de Zub (qui, déjà, avait écrit une précédente série Thunderbolts), dont l'objectif sera beaucoup plus classiquement de faire le ménage après les troubles de Devil's Reign en traquant les criminels recrutés par Fisk pour sa police secrète. Le casting réunit des personnages sans série fixe, ce qui fait douter de la confiance de Marvel dans le projet (scénariste peu connu, dessinateur en devenir, casting improbable, raison d'être sans rapport avec l'histoire du titre, ça ne vend pas du rêve).
Enfin Mayor for Hire est le segment le plus étrange du lot dans la mesure où on devine qu'il annonce là encore une (mini ?) série, mais sur laquelle Marvel n'a rien dit ! Luke Cage fait ses premiers pas comme maire en s'adressant à la presse et à la foule devant l'hôtel de ville, après avoir mesuré le chemin parcouru depuis son enfance.
Attention ! C'est une idée que je trouve pleine de potentiel et j'aimerai bien voir ce que donnerait une série sur le Maire Luke Cage. Brian K. Vaughan a développé Ex Machina sur un postulat similaire (un super-héros édile) et Tom Taylor, actuellement, avec Nightwing, fait presque la même chose. Mais qui peut bien imposer un titre pareil ? Et surtout qui d'autre que moi aurait envie d'acheter ça ? A part Bendis, qui était vraiment sincèrement attaché à Luke Cage (dont il avait fait l'étendard de New Avengers), personne n'a employé dignement le premier Power Man depuis (du moins en solo, puisque David Walker et Sanford Greene avait signé une série Power Man & Iron Fist qui valait le détour mais qui n'a pas excédé les quinze épisodes).
Du coup, ce "to be continued" à la fin de ce Mayor for Hire laisse perplexe. Rodney Barnes n'a pas le temps de briller avec si peu de pages, et les dessins de Guillermo Sanna sont sympas mais sans plus (quand on sait qu'il va donc être le fill-in artist de Checchetto sur Daredevil, c'est pas gagné).
Je n'attendais pas de miracle de ce Devil's Reign : Omega, je l'ai acheté simplement pour compléter l'event. Je ne suis donc pas déçu, mais pas emballé non plus par ce qu'il promet. Mais si vous me demandez si c'est dispensable, alors, la réponse est oui.
2 commentaires:
Le caractère méconnaissable du style s'explique par le fait qu'il ne s'agit pas de Roberto mais Rafael De Latorre (Black Widow).
La boulette ! Un De Latorre peut en cacher un autre...
Je corrige ça. Même si Rafael ne m'enthousiasme pas plus.
En tout cas, merci de m'avoir signalé cette erreur.
Enregistrer un commentaire