C'est le dernier numéro de cette mini anthologie consacrée à Elektra. Comme d'habitude, nous avons droit à trois courtes histoires suivant la charte graphqiue annoncée dans le titre : Black, White & Blood. Le résultat est honnête, avec des exercices très divers, même si l'ensemble reste souvent anecdotique.
- Powers You Can't Comprehend. (Ecrit par Matthew Rosenberg, dessiné par Alberto Albuquerque.) - Le Caïd envoie Elektra tuer un homme dont elle refuse de savoir pourquoi il est sa cible mais apprenant qu'il est très dangereux et spécial. C'est ainsi qu'elle va affronter Ghost Rider !
- Assassin. (Ecrit et dessiné par Peach Momoko.) - La route d'Elektra, dans le japon féodal, croise celles de samouraïs errants attaqués apr d'étranges créatures. Elle s'en débarrasse et vend leurs dépouilles mais se fait rouler.
- Rendez-vous. (Ecrit par Kevin Eastman et dessiné par Freddie E. Williams.) - Elektra affronte son double dans un combat à mort. Mais cette mort donnera naissance à la véritable tueuse que l'on connaît...
Au bout du compte, cette anthologie sur Elektra déclinée sur trois couleurs (noir, blanc, rouge) aura cruellement manqué de substance. A chaque numéro, seul un segment sur trois aura vraiment retenu l'attention par le soin apporté au créateur qui se sera emparé de la figure iconique de la célèbre assassin ninja. C'est dommage car le personnage a un tel potentiel : c'est même sûrement, avec le Punisher, l'anti-héroïne la plus emblématique chez Marvel depuis une quarantaine d'années.
Ce dernier numéro de Elektra : Black, White & Blood est cependant le plus régulier. Pas forcément le meilleur cela dit. Plutôt celui propose trois histoires de qualité semblable. Pas de grand gagnant, de récit qui sort du lot. Il était certainement temps que ça s'arrête.
Débutons par le segment écrit par Matthew Rosenberg, qui est, de loin, le plus abouti et le plus divertissant. La formule n'est pas originale (le Caïd envoie Elektra exécuter un contrat) mais la cible est, elle, particulièrement inattendue et percutante puisqu'il s'agit du Ghost Rider. Je n'ai pas souvenir que, dans la continuité, les deux personnages se soient croisés, encore moins affrontés, mais c'est ntéressant car Ghost Rider incarne l'Esprit de la Vengeance et le confronter à Elektra donne à celle-ci un adversaire puissant, redoutable en même temps qu'une sorte de test pour qu'elle mesure le danger de son job et le poids des morts qu'elle inflige sur sa conscience.
Malheureusement, cela aurait mérité un story-arc, une mini-série, et on sent que Rosenberg aurait pu aller encore plus loin. Mais Alberto Albuquerque dessine tout ça avec une vraie énergie, un vrai punch. Presque cartoonesque. Ce n'est peut-être pas ce qui est le plus approprié, mais cela donne une autre dimension imprévue à ce duel.
Ensuite, Peach Momoko propose une nouvelle quasiment entièrement muette (seule une phrase en première page situe l'action). Le résultat est pour le moins déroutant et on peut l'interpréter de bien des manières. Ce qui est plus certain en revanche, c'est que la prodige japonaise, chouchoutée par Marvel, établit son chapitre dans l'univers de sa série Demon Days, c'est-à-dire du temps de la féodalité au Japon, ce qui distingue son travail de tous les autres.
Visuellement, c'est splendide et effrayant à la fois. Momoko joue sur les textures (visqueuses, comme le sang, les fluides) pour créer un malaise subtil et en même temps, elle conclut son histoire sur une arnaque subie par Elektra. Là encore, on aurait aimé que ce soit plus long pour découvrir ce qui se passe ensuite. Mais, les fans seront comblés puisque l'artiste signe aussi la couverture (à tomber) de ce numéro.
Enfin, Kevin Eastman, connu pour être un des créateurs des Tortues Ninjas, nous gratifie de l'exercice narratif le plus abouti du lot. Brodant autour d'un poème de Alan Seeger, datant de 1917 (J'ai rendez-vous avec la Mort), il met en scène un duel à mort entre deux Elektra, symboliquement vêtues pour l'une entièrement de blanc, l'autre de noir. A la fin, s'étant entretuées, elle permettent l'émergence de l'Elektra vêtue de sa célèbre tenue rouge.
Ce dispositif est mis en valeur par un découpage extraordinaire de Freddie E. Williams. Si son trait ne me séduit guère, j'ai été épaté par les efforts qu'il déploie pour animer cette bagarre acrobatique et fatale sous la neige, de toit en toit, en passant par un escalier de secours, pour s'achever dans une ruelle. C'est impressionnant de fluidité et de force. Sa complicité avec Eastman (ils sont d'ailleurs crédités comme storytellers et non comme scénariste/artiste) est évidente et logique (Williams ayant lui aussi oeuvré sur les Tortues Ninja, notamment pour un crossover avec... Batman).
Voilà, Elektra : Black, White & Blood, c'est terminé. Aprés Wolverine et Deadpool, et alors que Moon Knight a droit désormais au même traitement, le bilan est moyen, comme si les auteurs ne savaient la plupart du temps pas trop quoi faire avec ce "concept" et ce personnage. Frustrant donc, malgré quelques fulgurances.
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