mercredi 20 octobre 2021

NIGHTWING #85, de Tom Taylor et Robbi Rodriguez - FEAR STATE


L'event/crossover Fear State se poursuit dans les pages de Nightwing #85, et le résultat n'est pas bien fameux. Parce qu'il est intelligent et se concentre sur son héros, Tom Taylor limite les dégats mais ça ne veut pas dire que ce qu'il raconte est bien passionnant. Robbi Rodriguez met cela en images avec efficacité, sans plus. Bof, quoi !


L'individu qui a piraté Oracle s'identifie auprès de Barbara Gordon sous le pseudonyme de la Voyante en lui affirmant qu'elle l'a définitivement vaincue. Barbara, revêtue de son costume de Batgirl, ne l'entend pas ainsi et convainc Nightwing de l'aider, alors qu'il souhaiterait la protéger.
 

Ensemble ils se rendent à la base Oracle 2, dans un hangar où Batgirl a installé des équipements de secours en cas d'urgence. Après avoir neutralisé des gardes envoyés là par Simon Saint, ils entrent dans le local où ils sont soumis à la toxine de la peur de l'Epouvantail.


Tim Drake/Red Robin arrive en renfort et Batgirl peut se connecter au réseau informatique, mais la Voyante l'a aussi piraté. Toutefois, elle a commis une erreur car désormais Batgirl peut la localiser et confirmer son lien avec Simon Saint, puisqu'elle opère depuis la base volante de ce dernier.


Alors que Nightwing, Red Robin et Batgirl partent pour attaquer la forteresse de Saint, la Voyante annonce qu'elle a piégé l'appartement de Barbara Gordon... Où celle-ci avait justement envoyé Spoiler et Orphan !

Un crossover, c'est un peu comme un diligence : lorsque le cheval de tête (en l'occurrence Batman) fait décroche, tout le reste de l'attelage (ici Nightwing et compagnie) part en sucette. C'est comme ça qu'on se retrouve avec un épisode de la série Nightwing où... C'est Batgirl qui tient la vedette, jusqu'en à assumer la narration en voix off !

Tom Taylor est un scénariste de talent et donc il sauve les meubles en emballant son affaire avec efficacité : on ne s'ennuie, le scénario ne part pas en vrille, le casting est resserré. Mais ça ne signifie pas que ce qu'il raconte est passionnant.

En fait, Taylor touche du doigt ce qui pourrait être un caillou dans son jardin : le rôle exacte dévolue à Barbara Gordon. Lorsque Alan Moore a écrit The Killing Joke en 1988, longtemps après DC a hésité à inscrire cette histoire dans la continuité. Puis Barbara Gordon, dans sa chaise roulante, est devenue Oracle, et y a gagné une étonnante popularité, éclipsant sa carrière en tant que Batgirl. A tel point que pour nombre de lecteurs, il n'était plus nécessaire qu'elle récupère cet alias. Et de fait, d'autres Batgirls sont apparus, dont la plus fameuse est encore Cassandra Cain, aussi connue sous le surnom de Orphan.

Pourtant, lors des New 52, sous l'égide de Gail Simone (qui avait pourtant largement contribué à faire de Babs Gordon en tant qu'Oracle un personnage de premier plan), la Batgirl originelle est revenue sur scène, sans vraiment d'explication sur son miraculeux rétablissement physique. Mais les différentes séries qui l'ont remise en selle n'ont guère convaincu les fans. Jusqu'à ce que finalement, Babs reprenne son rôle d'Oracle sans être clouée à sa chaise roulante.

En arrivant sur Nightwing, Tom Taylor a prévenu qu'il comptait utiliser Babs/Oracle mais aussi Batgirl et tout le monde s'est demandé comment il allait manoeuvrer. Maintenant qu'on sait que l'an prochain, une série Batgirls (au pluriel), mettant en scène Stephanie Brown (Spoiler) et Cassandra Cain (Orphan) sous la direction de Babs Gordon/Oracle, un nouveau statu quo semble établi. Et il paraît évident que Babs ne restera pas Batgirl une fois Fear State passé.

Il n'empêche, ça fait drôle, non seulement de la revoir dans la tenue de Batgirl, mais en plus mener le récit en voix off, comme si Nightwing devenait l'invité de la série qui, pourtant, porte son surnom. Ce qui n'est pas drôle du tout, en revanche, c'est quand à la fin de l'épisode, un clifffhanger explosif survient et qu'on nous informe que pour connaître la suite, il faut lire la back-up story de Batman #115, prélude à la susmentionnée série Batgirls (et pour l'avoir lue, ben, en vérité, c'est dispensable). DC nous prendrait pas un peu pour des pigeons ?

Côté dessin, Robbi Rodriguez assure. Ses planches ont un dynamisme certain, qui contribue au plaisir de la lecture en entretenant le rythme soutenu du script de Taylor. Parfois, malgré tout, on tique un peu sur des expressions pas très flatteuses, un trait un peu trop lâché, un encrage un peu brouillon. L'élégance de Bruno Redondo nous manque, même si on comprend que le dessinateur n'ait pas voulu s'embarquer dans des épisodes comme ceux-là pour mieux préparer son retour en beauté.

Au passage, Taylor et Rodriguez se paient la tête du fameux épisode du Batman de King dans lequel Nightwing prenait une balle dans la tête tirée par KGBeast (prélude à une série d'épisodes lamentables, écrits par Dan Jurgens où Dick Grayson survivait mais était amnésique). D'un côté, l'issue de la scène ici joue sur la note traumatique habilement. D'un autre côté, c'est une façon peu courtoise d'appuyer sur une idée malheureuse de King mais qui a surtout été exploité ad nauseam par Jurgens et DC.

Bref, je trouve le temps un peu long maintenant avec Fear State et les tie-in que j'avais hésité à suivre, ça me servira de leçon. Et ça vous instruira sur le fait qu'on peut zapper ces numéros pénibles.

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