Hawkman, depuis sa relance par Robert Venditti et Bryan Hitch, a réussi un petit exploit : c'est une série qui se passe de vilains. Les Deathbringers sont une menace lointaine, entraperçue, mais le véritable enjeu du récit, c'est son héros lui-même, sa quête d'identité : il n'y a qu'en la résolvant qu'il sera en mesure de faire face à l'adversité. Et c'est tout sauf ennuyeux.
Dans le Microvers, Atom et Hawkman cherchent une arme qu'a caché ce dernier dans une de ses vies antérieures pour vaincre les Deathbringers. Problème : cette arme est à l'intérieur de la planète vivante Mog-Za qui s'est réveillée et n'est pas contente.
Atom a agrandi sa taille pour tenter de maîtriser Mog-Za tandis que Hawkman martèle son sol avec sa massue. Mog-Za se multiplie pour contrer les deux héros et les enterrer vivant. Mais Carter Hall ne renonce pas et atteint son objectif.
Il a la surprise de découvrir que l'arme est en vérité un vaisseau. Il y pénètre et réussit à le démarrer tandis que Atom est submergé par Mog-Za. L'appareil décolle et Hawkman peut avertir son ami qui croit encore sa taille tout en veillant à ne pas dépasser une certaine mesure au risque de bouleverser le Microvers.
Atom rétrécit subitement pour se glisser dans le vaisseau piloté par Hawkman. Il leur faut encore réussir à s'éloigner de Mog-Za... Et c'est alors que Carter Hall actionne sans trop savoir comment un rayon Zeta, semblable à celui qu'utilise Adam Strange.
Hawkman et Atom se trouvent téléportés au "Nucleus", le laboratoire de Ray Palmer dans le Microvers. Après s'être remis de leurs émotions, c'est l'heure du bilan : Carter Hall comprend que ce vaisseau provient de Rann et ses archives mentionnent Avion, une de ses précédentes incarnations. Atom ne peut accompagner plus loin Hawkman... Qui, à l'autre bout de l'univers, est attendu par un individu menaçant...
La construction de la série écrite par Robert Venditti a tout d'une matriochka, une poupée russe : à chaque épisode, Hawkman découvre une part de lui-même qu'il avait oubliée et qui semble le rapprocher davantage de ses origines et aussi du danger des Deathbringers, ces créatures surpuissantes capables de détruire le Multivers.
Chaque strate de son existence envoie Hawkman dans le passé ou le futur, sur Terre ou dans l'espace. Il devient la synthèse vivante de ces deux paramètres dans le DC Univers, et avec lui s'établit une cartographie mais aussi une sorte de calendrier.
C'est une des nombreuses réussites de la série car Venditti parvient à traduire cette profondeur spatio-temporelle de manière plus lisible et efficace que Scott Snyder avec Justice League ou James Tynion IV avec Justice League Dark. Hawkman est une sorte de guide qui découvrirait les coulisses du DCU en même temps que nous : le véritable hôte des fans, c'est lui.
Et parce qu'il se met en danger dans ses déplacements, car il ne sait jamais où cela va le mener, ce qui va lui tomber dessus (il est rarement bienvenu où il arrive), nous vibrons pour lui. Comme il est fort, débrouillard et courageux, nous avons aussi confiance en sa réussite. Tous ces procédés sont ingénieux, habilement déployés par le scénariste.
Quand en plus il nous offre un team-up avec Atom (le vrai, le seul, l'unique : Ray Palmer, dont l'amitié avec Hawkman remonte au "Silver Age", dans les années 50, quand DC réactualisa tous ses héros emblématiques comme Flash, Superman, Batman, Wonder Woman, etc.), le plaisir est total : on voit le duo affronter rien moins qu'une planète vivante et pas ravie qu'on la profane pour déterrer une arme.
Bien entendu, l'ambition visuelle d'un tel titre réclame un dessinateur capable d'assumer le grand spectacle nécessaire au divertissement offert. Et sur ce point, depuis six mois, Bryan Hitch ne cesse d'épater. Il ne se contente plus de respecter les délais en illustrant avec démesure les avancées de Hawkman, désormais il les encre aussi (alors que sur les précédents épisodes il disposait souvent de deux collaborateurs) - et cela, sans que le résultat ne perde en détails.
Je vantais l'énergie déployée par Ivan Reis sur le Superman de Bendis, mais nul ne peut vraiment rivaliser avec Hitch quand il s'agit de représenter des actions aussi démentes, aussi grandioses. On ne l'avait pas vu en aussi bonne forme depuis... la fin de Ultimates ? Il n'a plus sa rondeur influencée par Alan Davis, mais la qualité réaliste de son trait et la générosité de ses compositions, particulièrement appropriée et appréciable quand il s'agit de mettre en valeur les changements d'échelle de Atom ou les efforts de Hawkman, sont dignes de tous les éloges.
Hitch vient d'annoncer le renouvellement de son contrat d'exclusivité avec DC, tout en précisant qu'il ne concernerait pas que Hawkman : cela signifie qu'il ne restera pas indéfiniment sur le titre (et alors là, bon courage à l'editor pour trouver un remplaçant à la hauteur), mais témoigne des bons rapports entre l'artiste et DC (personnellement, je rêve de le voir dessiner du Superman, plutôt Action Comics - puisque l'autre série est prise en charge par Reis).
En attendant, ce nouvel épisode est, vous l'aurez compris, un régal. Il souligne une fois de plus l'intelligence éditoriale de DC, version "Rebirth", qui, quand l'éditeur s'en donne la peine, réunit un auteur et un artiste réellement complices et capables de redonner son lustre à un personnage passionnant.
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