mercredi 26 septembre 2018

SKYWARD #6, de Joe Henderson et Lee Garbett


Avec ce sixième numéro débute le deuxième arc narratif de Skyward. Pour le scénariste Joe Henderson, comme il l'explique dans la postface du fascicule, il s'agit d'un nouveau défi puisque le récit se déplace hors de sa zone de confort et prend une nouvelle ampleur, pose de nouveaux enjeux. Mais pas d'inquiétude, avec toujours Lee Garbett au dessin, l'aventure est sur les bons rails...


Quelques années après le "G-Day", alors qu'elle était encore enfant, Willa Fowler avait pris le train pour la première fois pour rendre visite, avec son père, à sa grand-mère. Aujourd'hui, elle est en cavale et se déplace avec le même moyen de locomotion, cachée dans le wagon de queue des marchandises, pour éviter les contrôles d'identité.


Edison Davies l'accompagne et lui apporte discrètement des provisions. Elle lui explique qu'ils vont à Kansas City, selon les instructions laissées par son père dans son journal. Elle ignore ce qu'elle doit y faire exactement mais une fois là-bas, ils devront être discrets et rapides car Roger Barrow veut les retrouver à tout prix.


Les allées et venues de Edison éveillent la curiosité d'un journaliste assis à côté de lui dans leur compartiment et il surprend le couple dans sa planque. Il reconnaît immédiatement Willa et lui propose un marché pour ne pas la signaler aux contrôleurs : si elle lui accorde une interview, il rédigera un article en sa faveur.


Mais, soudain, le train ralentit et la gravité est annulée dans le wagon. Willa regarde au dehors par une fenêtre et remarque qu'ils sont arrêtés dans une forêt. Elle suggère à Edison d'en profiter pour fuir mais il le lui déconseille. Intrigué, le journaliste ouvre le wagon et se fait capturer par une libellule géante.


Edison referme le wagon et explique à Willa qu'en l'absence de gravité les insectes se sont adaptés, se dévorant entre eux puis s'en prenant aux humains qui ont déserté les campagnes pour les villes. Aujourd'hui, les bestioles ont atteint des tailles effrayantes. Entre elles et Barrow (qui est responsable de l'arrêt du train), pourtant, Willa décide de tenter sa chance dans la forêt...

Ce sixième numéro est augmenté de quelques bonus sympathiques (comme des dessins, une version non colorisée de la couverture, une planche en noir et blanc du #5), parmi lesquels donc une page rédigée par Joe Henderson. Le scénariste y remercie les lecteurs qui soutiennent le titre et revient sur le dénouement du premier arc, avec la mort héroïque de Nathan Fowler. Un rebondissement imprévu mais acté quand Henderson a compris que, pour a suite, il manquait quelque chose pour rendre l'aventure de Willa plus dramatique et personnelle.

En effet, dans le premier acte, le père était un homme effrayé par le monde extérieur depuis la mort de sa femme, mais qui avait consacré ses années, reclus chez lui, à trouver un moyen de restaurer la gravité terrestre. Sa fille, elle, au contraire, ne rêvait que d'ailleurs, insouciante et naïve, au point de précipiter l'issue fatale de Nathan Fowler et la vengeance de Roger Barrow, qui avait bâti sa fortune sur les conséquences du "G-Day".

Désormais seule, livrée à elle-même, désignée comme une terroriste, mais aussi investie d'une mission (en ayant hérité du journal des recherches de son père pour "réparer le monde"), Willa a franchi, brutalement, une étape. Son insouciance a disparu et ses nouvelles responsabilités lui ont donnée une raison de vivre. Mais le périple qui l'attend est dangereux et déjà semé d'embûches.

Comme à son habitude, Henderson exploite formidablement le concept de sa série avec cette situation physique au potentiel très riche. Il y a le train d'abord, dont on découvre l'utilité pour se déplacer dans un monde privé de gravité, avec un système d'attache bien particulier. Puis, il y a l'environnement hors de la ville. Les forêts offrent un décor dépaysant mais vite inquiétant, avec notamment des insectes qui ont muté pour s'adapter, mais de manière effroyable. Derrière ce côté épouvante, il y a un fondement scientifique très bien employé, et qui se conjugue parfaitement à l'aspect divertissement de la BD. La tension générée, la caractérisation efficace (avec le traumatisme psychologique de Willa), les moyens déployés par Barrow, tout cela est vraiment intense.

Lee Garbett s'est multiplié pour boucler cet épisode qu'il a réalisé en parallèle d'un chapitre de la série Immortal Hulk pour Marvel (en remplacement de Joe Bennett). Mais il n'a pas bâclé sa copie (ni d'un côté ni de l'autre) et on ne peut que louer sa ponctualité.

Bien qu'il assume dessin et encrage, Garbett a trouvé, indéniablement, son rythme et un style qui lui permettent donc de réaliser ce genre de prouesse. Il s'investit en tout cas dans Skyward, comme en témoignent les décors intérieurs du train avec le compartiment voyageurs aux sièges inclinés, le wagon de marchandises, la gare, ou la forêt (même si, là, il a clairement eu recours à un fichier numérique ou, du moins, il a laissé à son coloriste Antonio Fabela se charger de remplir la cadre). 

Ce qui reste en tout cas épatant avec Garbett, c'est sa capacité à faire beaucoup avec peu. Les scène se déroulent en intérieur pour cet épisode, et tout est plutôt dépouillé. Pourtant, il tire parti de cette économie et soigne ses compositions, chaque image a une énergie propre sans qu'on ait vraiment à se plaindre du peu d'éléments entourant les personnages.

Tout est en tout cas bien en place pour... Ne pas tenir en place. Dans ce nouvel environnement, aux menaces nombreuses, la suite de Skyward ne risque pas d'ennuyer le lecteur.

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