Loués soient Robert Venditti et Bryan Hitch pour avoir redonné du lustre à Hawkman, et, surtout, de la clarté. Depuis son démarrage, cette nouvelle série consacrée au héros ailé permet vraiment d'apprécier un personnage pourtant complexe dans une intrigue en forme de jeu de pistes. Même si le procédé commence à être un peu systématique...
Involontairement téléporté sur la planète Thanagar, Hawkman est aussitôt pris en chasse par son double, le policier volant Katar Hol. Et celui-ci est d'autant moins accueillant qu'il le prend pour Blyth, l'assassin de son père !
Auparavant, dans un autre monde, loin de là, des géants ailés, les Deathbringers (les Porteurs de Mort) apparaissent devant la foule de leurs anciens fidèles qu'ils accusent de les avoir oubliés, eux et leur saint patron, Gold Wing. Leur planète est ravagée en guise de châtiment.
De retour sur Thanagar, Hawkman réussit à entraîner Katar Hol jusqu'à la statue géante de Kalmoran. Là, il lui explique qu'ils sont le même individu mais à des époques et dans des lieux différents. Pour éviter un catastrophe cosmique, Hawkman a besoin d'un artefact local dont Katar Hol lui indique l'emplacement en faisant mine de le jeter dans le vide quand des renforts armés arrivent pour l'appréhender.
Revenu sur Terre, Carter Hall est soigné par des amis qu'il aida jadis en Indonésie. Puis il considère avec perplexité l'artefact ramené de Thanagar. En se souvenant des paroles de Mme Xanadu, il l'active avec une goutte de son sang.
L'effet est immédiat : Carter est de nouveau déplacé dans un décor exotique qui n'est autre que... Le microvers où il retrouve son ami Ray Palmer/Atom !
Il y a quelques années, lors de la parution de la saga Blackest Night, un article de Xavier Fournier dans le magazine "Comic Box" soulignait la situation particulière de Green Lantern et Flash dans l'univers DC : le premier figurait l'espace (il en était le flic au sein du Corps des Green Lanterns), le second incarnait le temps (ayant été le premier héros du "Silver Age" et l'acteur central des différentes Crisis).
Robert Venditti, qui jusqu'à récemment encore écrivait la série Green Lantern, est peut-être arrivé à la même conclusion lorsqu'il a hérité de Hawkman (qui était au départ promis à Jeff Lemire, auteur d'un épisode tie-in de la saga Dark Nights : Metal, réintroduisant le personnage dans le statu quo "Rebirth"). En tout cas, il en a profité pour faire de Carter Hall une synthèse vivante de l'espace-temps autrefois symbolisé par Green Lantern et Flash.
En effet, le scénariste a compris qu'un grand ménage s'imposait pour Hawkman qui, à chaque relance, voyait ses origines et donc sa condition changer. Tour à tour extraterrestre ou prince égyptien se réincarnant après avoir été au contact du Nth Métal, Carter Hall était un héros devenu trop complexe pour être compréhensible.
Venditti a fusionné les deux aspects du personnage : Hawkman est un individu qui se réincarne depuis la nuit des temps, non seulement sur Terre mais aussi dans l'espace - et pas seulement en provenance de Thanagar. Fort de cette généalogie spatio-temporelle, le héros est devenu le sujet de sa propre histoire. En apprenant qui il est et pourquoi et comment, il accédera au moyen d'empêcher la fin du Multivers.
Comme les trois précédents épisodes, celui-ci est riche en action et on ne s'ennuie pas. Mais pour la première fois, à cause de la répétition du procédé narratif de Venditti (un épisode, un indice qui conduit à une prochaine étape, une prochaine révélation), le lecteur a le sentiment d'un mécanisme un peu trop voyant, et systématique surtout. Nous ne sommes pas plus avancés que le héros et si chaque chapitre réserve son lot de péripéties, de grand spectacle et d'exotisme, on a l'impression que ça pourrait durer encore longtemps comme ça sans avancer concrètement, sans aboutir à un vrai twist, un niveau supérieur (même si l'apparition des Deathbringers suggère une progression timide).
La série profite à plein de la contribution au dessin de Bryan Hitch qui, comme Reis sur Superman ou Maguire sur Supergirl ou Janin sur Batman, affiche une forme olympique. Cela faisait vraiment longtemps que l'artiste britannique n'avait était aussi convaincant et inspiré.
Chaque page regorge de décors fabuleusement fournis et d'un découpage dynamique, même le trait de Hitch retrouve parfois sa rondeur inspirée par Alan Davis. Le dessinateur est bien accompagné par trois encreurs, dont Andrew Currie (qui le soutenait au début de Ultimates). Il est évident que, dans d'autres mains, Hawkman n'aurait pas le même attrait.
L'avenir du titre n'est pas menacé, c'est encore une lecture très agréable, qu'on n'a pas envie de lâcher. Il faudrait juste que Venditti ose un peu plus, avance plus vite. Et ne perde pas Hitch...
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