Je crois qu'avec ce troisième épisode de Catwoman, sauf improbable redressement de la situation, la messe est dite : Joelle Jones n'a pas les épaules pour donner à son héroïne la série qu'elle mérite. Il est difficile de passer après Tom King, qui avait si bien su exploiter Selina Kyle dans Batman... Et la dessinatrice est aussi à la peine puisque Fernando Blanco est déjà là pour l'épauler.
Selina Kyle est reçue au "Rancho Rodeo" par Adam Creel, le fils du gouverneur, et l'inspecteur Ylmaz. La salle des fêtes est bondée de vieillards qui se gavent de pilules et autres potions offertes par la société pharmaceutique qui finance la soirée. Creel avoue d'emblée être le chef des imitatrices de Catwoman et, désormais qu'il a l'attention de l'originale, il souhaite parvenir à un accord pour qu'elle ne se mêle pas de son business.
Mais Selina ne l'entend pas de cette oreille. Elle est agressée par les vieillards dont une femme la défenestre. Cependant, Raina Creel rejoint Edmond, son mari, le gouverneur qui vient d'annoncer son retrait car on lui a diagnostiqué un cancer. Il promet à son épouse de vaincre la maladie et l'invite à lui parler de son précédent mariage.
Raina avait épousé un pasteur après avoir empoisonné ses deux filles et fait porter la responsabilité sur leur mère. Dans leur contrat de mariage, elle héritait de ses biens et pour les acquérir, elle maquilla la mort de son mari en suicide.
Puis Edmond Creel fit fructifier son pactole tandis qu'elle facilitait son ascension politique par la corruption. Aujourd'hui, elle l'assassine car il ne lui sert plus à rien en démissionnant de son siège de gouverneur. Pendant ce temps, Selina est rentrée à sa planque où elle prend un bain de glace pour soulager ses blessures. Carlos lui recommande de se reposer mais elle a un rendez-vous.
Catwoman rejoint, de nuit, un bâtiment dans lequel elle s'introduit par effraction jusqu'à une pièce. Là se trouve une femme en fauteuil roulant qu'elle appelle sa soeur...
Bien entendu, il peut paraître sévère de juger irréversible l'échec d'une série au bout de trois épisodes. Mais l'indulgence se mérite et, là, on ne voit vraiment pas comment Joelle Jones pourrait renverser la vapeur. Depuis le début, en tant que scénariste, elle semble avancer à tâtons, développant une histoire étrange mais sans rythme, où toute la partie super-héroïque est maladroitement exploitée.
Pour ne rien arranger, elle s'essouffle déjà à accumuler les fonctions de scénariste et de dessinatrice car elle doit être secondée par Fernando Blanco au dessin pour quatre pages (correspondant au récit du passé de Raina Creel). L'artiste qui avait brillé sur Batwoman devait de toute manière suppléer Jones à partir du mois prochain, mais justement son arrivée précipitée ne dit rien de bon - même s'il rend une copie de qualité.
Le pire dans tout ça, ce n'est pas tant un sentiment de gâchis (il ne s'agit pas de dire que Jones n'a aucun talent) que celui de lire quelque chose sans rien y trouver d'intéressant, d'accrocheur, de captivant. On se fiche de ce récit, de son déroulement, de son mystère, et c'est terrible alors qu'on en est seulement au troisième épisode.
Qu'apprend-on dans ce numéro ? Que le fils de Raina Creel a organisé toute cette manigance avec des imitatrices de Catwoman dans le but d'attirer son attention et de convenir avec elle qu'elle se mêle pas de ses affaires. Le stratagème est bien compliqué, surtout que Selina Kyle n'avait pas l'air d'être venue à Villa Hermosa pour compliquer la vie des Creel. On voit également que l'inspecteur Ylmaz est de mèche avec Adam Creel et là, je suis perplexe : ce flic est donc un ripou mais dans le premier épisode, il cherchait à arrêter Selina après le meurtre d'un de ses collègues par une imitatrice de Catwoman. WTF ?! (Sans compter que dans le #2, il dissuadait un de ses partenaires de se mêler de l'enquête sur Catwoman...)
Jones s'amuse visiblement à perturber avec certains éléments lorsque des vieillards drogués s'en prennent à Selina - mais comment celle-ci, combattante émérite, peut si facilement se faire défenestrer par des adversaires pareilles (et comment également n'a-t-elle pas vérifié que les gadgets achetés à Carlos ne fonctionnaient pas ?). Cela ne fait qu'ajouter à la confusion puisqu'on ne sait toujours pas ce qui a défiguré Raina Creel (alors qu'on aurait pu penser que Catwoman l'avait blessée autrefois... Mais Adam Creel jure que sa mère désapprouvait l'implication des imitatrices). Je ne comprends rien à tout ça.
Mais en vérité Selina/Catwoman ne semble pas préoccuper beaucoup Jones : la majeure partie de l'épisode est consacrée à Raina Creel dont on découvre le passé criminel avant d'avoir épousé Edmond, le gouverneur. Au passage, quand on veut faire passer un meurtre pour un suicide, abattre un homme en lui tirant dans la tête par derrière ne trompera pas longtemps une brigade scientifique... Mais ça n'embarrasse pas la scénariste !
Et puis il a le cliffhanger, nébuleux au possible : qui est donc cette femme en fauteuil roulant que visite la nuit Catwoman et qu'elle appelle "ma soeur" ?
Beaucoup de questions, peu (voire pas) de réponses. Joelle Jones réclame beaucoup de patience à ses lecteurs sans lui donner de quoi le rassasier. On lui pardonne quand elle dessine divinement Selina, mais ce n'est pas suffisant pour excuser cette production ennuyeuse. Je vais tâcher d'aller jusqu'au bout de cet arc, mais déjà, je n'en entends plus rien. Peut-être serais-je spectaculairement surpris. Mais j'en doute fort.
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