lundi 4 septembre 2017

UNCANNY AVENGERS (VOLUME III) #15-17, de Gerry Duggan et Pepe Larraz

Après un épisode de transition, le dernier dessiné par Ryan Stegman, le scénariste Gerry Duggan refait la paire avec Pepe Larraz pour un nouvel arc des Uncanny Avengers : Going Rogue, en trois parties - qui se situe, chronologiquement, après la saga globale Civil War II, ce qui a son importance puisque Captain America (Steve Rogers), en désaccord avec Rogue et Cable (menant des recherches pour guérir les mutants des brumes terratogènes des Inhumains), a dissous l'équipe "Unité"...


... Mais cette information, Rogue et Deadpool (dont le Q.G. a été détruit entre temps) ne l'ont pas encore communiqué à leurs acolytes. Est-ce la fin des Uncanny Avengers ? Pas pour Rogue qui veut profiter de ne plus avoir de comptes à rendre à Rogers convainc Deadpool de rester unis. Mais pour quelle mission ?


La réponse ne tarde pas : le Dr. Voodoo apparaît subitement devant eux et les informe que la Main, l'organisation terroriste basée au Japon, a profané la tombe de Bruce Banner (tué lors de Civil War II) pour faire de Hulk leur arme. Avertie de la situation, le reste de l'équipe (moins Cable, occupé donc par les brumes terratogènes) se téléporte grâce au sorcier pour empêcher la cérémonie qui ressusciterait Hulk.  

Rogue, Deadpool, Dr. Voodoo, Quicksilver, la Torche Humaine, la Guèpe arrivent trop tard et doivent affronter le colosse de jade possédé. 

Pour les guider sur place, Elektra se joint à eux tandis que Cable interrompt ses investigations scientifiques provisoirement pour renforcer le groupe. La bataille est dévastatrice et les répliques des Uncanny Avengers (la tentative de brûler vif Hulk par la Torche Humaine notamment) n'aboutissent à rien d'autre qu'à décupler sa rage. Voodoo se prépare à un exorcisme dans un endroit isolé, sur une île, sur la suggestion d'Elektra qui, avec l'Inhumaine Synapse, a aveuglé le géant.

Encore faut-il entraîner Hulk jusqu'à Voodoo et le soumettre à l'expérience magique ! Et celle-ci ne présente aucune garantie de réussite...


Malgré tout, le sorcier s'emploie contre son adversaire et, face au démon de la Main qui possède Bruce Banner, fait un sacrifice radical...

Gerry Duggan, en entamant cet arc aussi bref qu'explosif, doit d'abord justifier la poursuite des activités de l'équipe que Steve Rogers a dissoute. Selon qu'on suit (ou, au moins, qu'on se tient au courant) de ce qui se passe dans d'autres séries depuis avant Civil War II, on apprécie plus ou moins ce qui a vraiment motivé le choix de Rogers. 

D'abord, actuellement, il y a deux séries consacrées à Captain America - l'une dans laquelle Sam Wilson a pris la relève et le bouclier (initiée par Rick Remender), l'autre avec Steve Rogers qui après un vieillissement accéléré a retrouvé sa jeunesse et un autre bouclier. Dans le titre avec Rogers, écrit (comme celui avec Wilson) par Nick Spencer, dès le début, on apprend que le héros est à la solde de l'Hydra, organisation nazie, et le trouble est entretenue - est-ce le cas depuis toujours ? Ou est-ce plus récent (depuis la récupération de ses moyens physiques par Rogers) ? Le Rogers que nous voyons est-il un double, un clone ? 

Tout cela aboutira à la prochaine saga globale, dont la parution vient de s'achever aux Etats-Unis, Secret Empire : une interminable fable métaphorique où l'Hydra prend le contrôle de l'Amérique et du monde face à une poignée de héros résistants, dont le propos vient de percuter, accidentellement mais malheureusement, les événements bien réels survenus à Charlottesville (où une manifestation entre pacifistes et néo-nazis a causé la mort d'une militante du premier camp, tout ça dans le climat délétère et dénoncé mollement par Trump, mais qui, en vérité, ne fait que prolonger les tensions raciales qu'Obama n'a jamais su apaiser).  

Bref, une fois qu'on est dans la confidence sur ce vrai-faux Cap, qui est Rogers sans l'être vraiment, mais qui prépare un coup d'état, on saisit différemment sa décision de dissoudre une équipe aussi bigarré que les Uncanny Avengers.

Le titre de l'arc joue d'ailleurs habilement sur le sens du mot "Rogue" qui renvoie aussi bien au personnage qu'au fait d'être considéré comme un ennemi, quelqu'un qui agit en dehors des clous (Going Rogue donc). Et en la matière, Rogue, l'héroïne, la X-woman, a toujours été une spécialiste : ex-vilaine repentie, dont les pouvoirs consistent à absorber ceux des autres en les touchant, ayant déjà eu plusieurs équipes à diriger, et dont Remender, durant son long run sur la série, avait fait la forte tête de la formation, son choix, à elle, d'outrepasser l'ordre de dispersion de Rogers est logique, naturelle, évident. Désormais, elle est la chef du groupe.

L'intrigue est très simple et efficace, et Duggan réussit la prouesse d'intégrer en seulement trois épisodes une multitude de références, parfois récentes (le rappel des faits de CW II), parfois lointains (le bilan des pertes par Rogue à la fin de l'aventure où elle estime qu'Avengers comme X-Men ont payé un lourd tribut depuis toujours et que si les héros sauvent des innocents, ils sont incapables de se préserver eux-mêmes). 

Ces cadres mémoriels servent de prologue et d'épilogue à un récit épique où l'équipe affronte donc un Hulk possédé, ramené d'entre les morts. La bataille proprement dite, qui occupe quasiment les 2/3 finaux de l'histoire, est spectaculaire et donne à voir le colosse de jade plus puissant que jamais mais aussi une équipe qui apprend sur le tas, use de ruses successives pour tenter de le maîtriser... Jusqu'à la cure finale à la fois mélodramatique à souhait (le dilemme posé à Dr. Voodoo) et poignant (le sort de Banner). Le tout pimenté par les plaisanteries délirantes de Deadpool, finalement vraiment drôles quand il est dans un groupe (alors que, seul, le personnage n'est qu'un fatigant bouffon).

Pepe Larraz m'avait fait forte impression sur son précédent passage et il confirme tout le bien que je pense de lui avec des trois épisodes survitaminés : ses personnages sont expressifs, son découpage d'un dynamisme imparable (et il faut qu'il le soit vu le rythme effréné du scénario), ses compositions pleines d'énergie, toujours lisibles. Si Marvel lui confie sur la durée un titre exposé dans un avenir proche (puisqu'il a quitté, comme Duggan, la série après le prochain arc), il a tout pour devenir "the next big thing" (attendu que Samnee, lui, va dessiner Captain America post-Secret Empire, qu'Immonen est au moins pour un an encore attaché à Amazing Spider-Man, et que ni Smallwood ni Schiti n'ont pas encore de projet désigné).

La dernière page de l'épisode 17 indique l'ennemi qui va tracasser les Uncanny Avengers : je ne spoilerai pas mais le projet est clair, il s'agira de boucler la boucle, celle ouverte depuis le tout début du titre par Remender.

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