Ces derniers temps, j'ai volontiers privilégié le visionnage (et leur critique) de séries télé grâce à l'offre exceptionnelle disponible actuellement. Néanmoins, c'est un plaisir chronophage puisqu'on en prend facilement pour une dizaine d'heures, et comme je ne suis pas un adepte du "binge-watching", j'étale ça sur plusieurs jours.
J'aurai apprécié tout autant vous parler de longs métrages de cinéma, mais les affiches de ces derniers mois dans la petite ville où j'habite ou ce que la télé propose (beaucoup de redifs comme toujours, encore davantage durant la période estivale) ne m'ont guère permis d'y accorder plus d'attention (j'avais par exemple espéré voir Baby Driver d'Edgar Wright, mais il n'est pas arrivé jusque chez moi).
Et puis, encore une fois grâce à Netflix, voilà une séance de rattrapage pour un film sorti mi-Mai dernier en salles : Message from the King, de Fabrice Du Welz.
Jacob King (Chadwick Boseman)
Jacob King débarque de Cape Town, en Afrique du Sud, à Los Angeles, pour y retrouver sa jeune soeur, Bianca, dont il est sans nouvelles depuis plusieurs semaines. Il se rend à sa dernière adresse connue et apprend qu'elle a quitté les lieux avec son fils, Armand, après une énième dispute avec son fiancé Alex.
Un message de la part du King
Les renseignements que Jacob glane dans son voisinage le conduisent jusque chez un garagiste slave, même si les sbires de ce dernier lui affirment ne rien savoir de Bianca. Pourtant, il est clair que la jeune femme a eu des ennuis avec eux et leurs (riches) complices à propos de quelque chose qu'elle leur a subtilisés et qu'ils veulent récupérer à tout prix.
Jacob King et Kelly (Chadwick Boseman et Teresa Palmer)
Présentant une photo de Bianca chez les commerçants, Jacob se résout à visiter la morgue. Il y trouve le corps de sa soeur, mutilée, et torturée. Il ne s'agit plus alors de la retrouver mais de la venger. Taiseux, King ne semble percé à jour que par Kelly, résidant dans le même motel sordide où il loge et mère d'une fillette de 8 ans, qui accepte de lui prêter sa voiture.
Paul Wentworth (Luke Evans)
Grâce au véhicule, Jacob étend ses investigations et prend en filature le Dr. Paul Wentworth, un dentiste dont l'adresse figurait dans le répertoire de Bianca. L'homme est en relation avec un producteur de cinéma, Preston, avec lequel il participe au financement de la campagne électorale d'un certain Leary, et dont la luxueuse villa abrite des parties - auxquelles a participé Bianca.
Qui est vraiment King ?
Lorsque Wentworth convainc Preston d'éliminer King comme Bianca, même s'ils n'ont pas récupéré ce qu'elle leur a volé, Jacob, après avoir échappé de justesse à deux faux flics lancés à ses trousses, élabore un plan pour piéger ses adversaires, sauver son neveu et protéger Kelly et sa fille...
Plus que son intrigue classique mais solide, inscrite dans le (sous) genre du "film de vengeance", ce qui fonctionne le mieux dans Message from the King tient à son identité même : en effet, au parcours violent d'un héros en milieu étranger et hostile correspond celui de son réalisateur, belge parti tenter l'aventure américaine après avoir attiré l'attention du milieu cinématographique européen.
Fabrice Du Welz est arrivé à Los Angeles sans y avoir mis les pieds auparavant et privé de son habituelle équipe technique. Il a dû composer avec un budget dérisoire, un temps de tournage réduit (28 jours), des producteurs interventionnistes (qui sont intervenus sur le montage final, en particulier sur les scènes d'action que le cinéaste avait filmé en plans-séquences). Mais aussi avec une alliée précieuse, sa chef op' Monica Lenczewska (avec laquelle il a effectuée les repérages et pu filmer sur pellicule en 35mm, ce qui donne une image superbe, à la fois sensuelle et brute), et le soutien de ses acteurs.
Le résultat, malgré des concessions, satisfait Du Welz et, malgré son aspect conventionnel (l'histoire ne réinvente rien), il est percutant et racé. Jacob King, incarné par le charismatique Chadwick Boseman (retenez bien ce nom : remarqué dans Captain America 3 : Civil War, c'est probablement l'acteur noir le plus impressionnant et prometteur actuellement, et son interprétation du super-héros Black Panther, en salles l'an prochain, va en faire une star), est de tous les plans, on a presque le sentiment d'un film embedded tant la caméra ne le lâche pas. Justicier taciturne, mais à la détermination inébranlable, il est d'abord un bloc insondable puis, brisé par la mort de sa soeur, une sorte de croisé, rusé, endurant, que plus rien n'arrêtera dans son entreprise.
D'où lui vient ses qualités de combattant ? Plusieurs fois est évoqué le gang des Nombres en Afrique du Sud, dont son frère fit partie avant d'être tué pour avoir voulu le quitté. Mais il faut attendre la toute fin de son aventure, à la faveur d'un twist vraiment imprévisible, pour comprendre qui est ce King, corrigeant sévèrement ses ennemis avec ce curieux chapelet enroulé autour de son poing.
La narration épouse la sécheresse verbale du personnage et peut donc frustrer quand on espère voir les seconds rôles, positif comme Kelly (la très belle et émouvante Teresa Palmer) ou négatifs (Luke Evans abominable en dentiste maître-chanteur ou Alfred Molina en pédophile couard), plus développés. C'est la limite du projet.
Mais cela n'empêche pas cette série noire d'être envoûtante : série B nerveuse, intense, Message from the King a tout du polar qu'on a plaisir à voir et revoir, avec en prime un acteur fascinant.
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