Comment Brian Michael Bendis et David Marquez allaient-ils rebondir après le précédent épisode qui semblait marquer la fin d'un premier acte dans la série ? Réponse dans ce numéro 5, un peu en deçà des espérances mais dont le dénouement relance dramatiquement la partie...
En route pour le pénitencier dans le même fourgon que le Punisher, Diamondback ne cesse durant le trajet de le provoquer sur son passé et les choix divergents qu'ils ont faits. Tant et si bien que le véhicule a un accident et que Diamondback se fait la belle (non sans avoir assommé Frank Castle pour n'être pas poursuivi). Depuis la clinique de la Night Nurse où Iron Fist se fait examiner le dos (après son combat contre le fugitif), Daredevil apprend l'évasion du malfrat en interceptant, grâce à son ouïe sur-développée, la radio de la police.
Les Defenders se séparent en deux groupes pour retrouver Diamondback avec la certitude qu'il va vouloir se montrer rapidement pour persuader les dubitatifs que rien ne peut l'arrêter. Jessica Jones entraîne Luke Cage chez Raindrop Lilly, une informatrice, mais elle préfère ne rien leur dire pour sa propre sécurité (et aussi parce qu'elle ne croit guère à l'efficacité de l'équipe).
Cependant, Daredevil et Iron Fist se rendent là où Diamondback agressa Luke Cage la première fois. Le diable rouge devine qu'Elektra les a devancés mais son attention est détournée quand il perçoit de lointaines détonations : Diamondback a trouvé refuge chez Black Cat et n'apprécie pas qu'en lui accordant une cachette, elle veut lui prouver qu'elle est le vrai nouveau caïd de la ville...
J'avertissais en préambule que ce 5ème épisode me semblait un peu inférieur aux quatre précédents. Cela ne signifie pas que c'est mauvais mais simplement que la tension baisse, logiquement, après le crescendo du premier acte. De fait, l'action se situe de deux côtés opposés : d'une part, le groupe repart traquer Diamondback qui, d'autre part donc, a réussi à s'évader.
Bendis fait le pari de scinder l'équipe, fraîchement constituée, en deux pour faciliter sa recherche et délaisse l'action pour des scènes où le dialogue prédomine. Ses détracteurs auront à nouveau le loisir de critiquer son penchant pour ces pages très verbales (en particulier la scène chez Raindrop Lilly, et, dans une moindre mesure, le face-à-face Diamondback-Punisher ou la discussion sur les masques entre DD et Iron Fist).
Si on accepte de prendre ce chapitre comme une transition avant un très probable nouvel emballement (renforcé par la présence, surprenante, de Deadpool au prochain épisode !), on sera indulgent. Sinon, ces vingt pages, vite lues, paraîtront un brin faciles.
David Marquez rend une copie plus inspirée en réussissant à dynamiser par un découpage inventif ce creux narratif : voyez comme il met en scène le moment où Daredevil surprend les liaisons radio de la police après l'évasion de Diamondback (voir ci-dessus) sans changer de cadre et l'élément au premier plan (le visage de DD de profil), ou encore cette double page chez Raindrop Lilly (14 plans, dont 13 avec des talking heads, sans jamais lasser). Une série se joue aussi là-dessus : quand le scénariste fait traîner un peu les choses, l'artiste doit compenser.
Ce sentiment de déception est toutefois contrebalancé par les dernières pages où intervient un cliffhanger remarquable et dramatique, prouvant une fois de plus la dangerosité du méchant de l'histoire mais aussi rebattant les cartes (sans oublier que, désormais, on sait qu'Elektra n'est pas loin, une garantie supplémentaire pour pimenter les affaires).
En sachant être imprévisible, capable de produire des fins de chapitres mémorables, Defenders éprouve le lecteur avec science. On quitte donc ce 5ème numéro frustré mais très accroché.
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