vendredi 24 juin 2016

Critique 929 : MARVEL SAGA 1 - THE ASTONISHING ANT-MAN (Juin 2016)


MARVEL SAGA 1 : THE ASTONISHING ANT-MAN - RETOUR AUX AFFAIRES rassemble les épisodes 1 à 6 de la série, écrits par Nick Spencer et dessinés par Ramon Rosanas (#1-5) et Annapaola Martello (#6), publiés en 2016 par Marvel Comics et Panini Comics.
 (Extrait de The Astonishing Ant-Man #1.
Textes de Nick Spencer, dessins de Ramon Rosanas.)

Huit mois ont passé depuis les précédentes aventures de Scott Lang (et les événements de la saga Secret Wars, au terme desquels l'univers Marvel a été reformaté).
Ant-Man est toujours basé à Miami où il dirige son agence "Ant-Man Solutions Sécurité" avec comme adjoints Grizzly et le Technoforgeron, tous deux en liberté conditionnelle. Son bailleur de fonds est encore Mary Morgenstern, ex-super héroïne des années 40 (sous le nom de Miss Patriot), qui essaie de lui décrocher des contrats pour récupérer sa mise.
Ainsi Scott Lang va-t-il postuler à la sécurité des musées de la ville, sous la direction de l'adjoint aux Arts Fritz Harden, et la supervision d'un agent de liaison de la police, Blake Burdick - qui est le compagnon de son ex-femme, Peggy, et donc le beau-père de sa fille, Cassie (avec laquelle il est brouillé depuis qu'il a choisi de se tenir loin d'elle afin que ses ennemis ne lui fassent pas de mal).
Cependant, le millionnaire et malfrat Darren Cross entre en concurrence avec le Marchand de pouvoirs qui commercialise comme lui une application pour smartphone permettant de recruter des super-vilains, de leur procurer du matériel, contre la désignation de missions.
Occupé à seconder occasionnellement Captain America (alias Sam Wilson), à se réconcilier avec Darla Deering (dont il devient le bodyguard après avoir été l'amant quand ils étaient membres des FF), à renouer avec Beetle (une autre de ses ex, qui poursuit ses activités d'avocate et de mercenaire), à former Raz Malhotra (à qui il a donné le costume et le pouvoir de Giant-Man), Scott Lang ignore que sa fille Cassie, désireuse de posséder à nouveau des super-pouvoirs, intègre les rangs de l'organisation du Marchand de pouvoirs... 
(Extrait de The Astonishing Ant-Man #6.
Textes de Nick Spencer, dessins de Annapaola Martello.)

Tout d'abord, saluons la performance de Panini Comics qui publie ces épisodes en France seulement un mois après la parution du 6ème épisode de la série, inclus dans cette revue. Même si "Marvel Saga" a une périodicité bimestrielle et que le prochain numéro proposera le premier arc de Contest of Champions (ce qui est déjà nettement moins alléchant), cette livraison express est notable.

Le contenu permet donc de découvrir The Astonishing Ant-Man, la suite de la série Ant-Man parue en 2015, et la première bonne nouvelle est qu'elle est animée par la même excellente équipe créative. On reconnaît d'ailleurs dans le qualificatif "astonishing", soit "épatant", l'ironie savoureuse du scénariste.

Comme toutes les séries Marvel, après la saga événementielle Secret Wars (de Jonathan Hickman et Esad Ribic), huit mois se sont écoulés depuis la refondation de l'univers de super-héros de la "Maison des idées" et l'éditeur a promis qu'on apprendrait progressivement ce qui s'est passé pendant ce temps : le procédé est pratique pour entretenir un certain de suspense et donc maintenir ou relancer l'intérêt de lecteurs toujours exigeants, parfois capricieux.

Je ne révélerai pas dans quelle situation se trouve donc Scott Lang au tout début de ces six épisodes mais j'attends avec gourmandise d'apprendre comment il s'y trouve. Même ceux qui découvriront ces chapitres ne seront pas égarés car l'essentiel de la narration consiste en longs flash-backs et surtout, donc, le ton de la série est intacte, mélange subtil et efficace d'humour distancié et d'action foutraque.

On retrouve avec plaisir ce sympathique loser de Ant-Man qui est plus que jamais au coeur d'un véritable tourbillon sentimentalo-professionnel : Nick Spencer est toujours à son avantage pour doser ce cocktail délicat qui voit le héros miniature affronter l'adversité sous toutes ses formes (brouille avec sa fille, embrouilles de ses adjoints, association avec Captain America - version Sam Wilson, ce qui nous vaut quelques réflexions jubilatoires sur le fait de reprendre l'alias d'un super-héros emblématique - , retrouvailles orageuses avec Darla Deering - le scénariste prend soin de rappeler l'époque des FF de Matt Fraction où elle et Scott Lang furent partenaires et amants - , liaison "compliquée" avec Beetle...).

Pourtant, cette fois, Spencer a le bon réflexe de nuancer d'un peu d'abattement la bonne humeur de son héros, façon intelligente de signifier que, malgré sa bonne composition, il en bave. Le subplot impliquant Cassie (et qui est développé durant tout l'épisode 6) ajoute de la consistance aux aventures à la fois pathétiques et valeureuses d'Ant-Man : on est curieux de voir où cela mènera et comment cela sera dénoué (d'autant qu'il ne s'agit pas d'une simple affaire de trahison, de double-jeu, de revanche).

L'intrigue sur fond d'application pour super-vilains est originale, s'appuyant sur la technologie actuelle sans se contenter de surfer sur un effet de mode. Spencer s'appuie aussi sur une culture de l'univers Marvel assez bluffante en incluant dans son récit des personnages vraiment très méconnus (merci là encore à Panini qui clarifie les origines de ces seconds rôles dans la postface de la revue), comme le Magicien (tiré de Tales to Atonish #56, dans les années 60) ou Giganto (issu de Fantastic Four #1 en 1961 !), mais l'usage qu'il fait d'eux correspond aux critères de la série, opposant Ant-Man à des ennemis mineurs et volontiers grotesques pour mieux sympathiser avec Scott Lang.

Les dialogues et une voix-off décalée ajoutent au plaisir de la lecture, tout comme les dessins de Ramon Rosanas : l'artiste affiche toujours la grande forme avec ses personnages dotés d'expressions variées, de gestuelles bien typées, et de finitions très soignées pour les décors. Il ponctue chaque épisode, découpé simplement mais avec beaucoup de fluidité, de splash-pages, ce qui aère le récit avec à-propos.

La régularité de l'espagnol n'étant pas en cause (il fait partie de dessinateurs actuels à pouvoir enchaîner mensuellement sans faiblir), le choix de confier le 6ème épisode à l'italienne Annapaola Martello peut surprendre, mais s'avère malin puisque l'action se focalise alors exclusivement sur Cassie Lang. En outre, il n'y a pas de grande rupture esthétique entre elle et Rosanas, donc la cohérence visuelle est assurée et témoigne d'un bon suivi éditorial de la part de Marvel.

Retour gagnant donc. Il ne reste plus qu'à souhaiter que Panini ne nous fera pas trop attendre pour traduire les six prochains épisodes (la série en étant à son 9ème actuellement en v.o.).   

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