mercredi 1 juin 2016

Critique 907 : ULTIMATE SPIDER-MAN, VOLUME 22 - ULTIMATUM, de Brian Michael Bendis, David Lafuente et Stuart Immonen


ULTIMATE SPIDER-MAN : ULTIMATUM rassemble l'Annual 3 et les épisodes 129 à 133 de la série, écrits par Brian Michael Bendis et dessinés par David Lafuente (Annual 3) et Stuart Immonen (#129-133), publiés en 2009 par Marvel Comics.
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 (Extrait de Ultimate Spider-Man : Annual 3.
Textes de Brian Michael Bendis, dessins de David Lafuente.)

- Annual 3. La relation amoureuse de Mary-Jane Watson et Peter Parker est à un tournant : les deux adolescents vont-ils coucher ensemble pour la première fois ? En attendant de se décider, Spider-Man assiste la police de New York qui traque un cambrioleur surnommé Mysterio, qui a un complice parmi les forces de l'ordre.
(Extrait de Ultimate Spider-Man #133.
Dessins de Stuart Immonen.)

- Ultimatum. Magneto, le leader des mauvais mutants, est dévasté par la mort de ses deux enfants (Quicksilver et Scarlet Witch, membres des Ultimates, tués en mission) et ravage la Terre en provoquant de terribles tsunamis. New York est submergé, de nombreux super-héros meurent dans la catastrophe ou en combattant Magneto.
Peter Parker, qui était sorti se promener avec des amis, les quitte pour porter secours, en tant que Spider-Man, aux civils lorsque Hulk réapparaît. Le monstre accepte d'aider le tisseur mais perd le contrôle de ses nerfs quand il découvre le cadavre de Daredevil (Matt Murdock fut l'avocat de Bruce Banner).
La situation devient encore plus désespérée lorsque le manoir du Dr Strange est détruit, libérant des démons dans la ville. Hulk provoque une gigantesque explosion en voulant juguler cette invasion. Spider-Woman se rend sur place avec Kitty Pryde pour retrouver Spider-Man...

Avec ce 22ème tome s'achève non seulement la prestation de Stuart Immonen comme artiste de la série mais aussi le premier cycle de Ultimate Spider-Man (le titre fera l'objet d'un relaunch avant de reprendre sa numérotation normale moins de deux ans après).

Avant cela, l'album s'ouvre avec le troisième Annual, un épisode plus long qu'à l'accoutumée (une trentaine de pages), dans lequel Brian Michael Bendis aborde la question de la sexualité du couple formé par Peter Parker et Mary-Jane Watson : le traitement est sobre, en vérité la question est juste effleurée, souvent sur le ton de la comédie. Le scénariste n'oublie pas que la série a pour fonction de raconter les exploits de Spider-Man et il introduit pour l'occasion la version Ultimate de Mysterio.

Ce chapitre permet aussi de présenter l'artiste qui illustrera les aventures du tisseur ensuite : l'espagnol David Lafuente connaîtra la lourde (insurmontable ?) tâche de succéder à Mark Bagley et Stuart Immonen qui étaient capables d'enchaîner les épisodes avec une régularité d'horloge suisse. Ses prestations ne seront jamais à la hauteur de ses illustres devanciers (à la fin de son passage, il partagera même ses épisodes avec Sara Pichelli, qui lui succédera avant elle-même de passer le flambeau à David Marquez, le seul qui aura été capable de soutenir le rythme). Pour ma part, j'ai toujours été réservé vis-à-vis de Lafuente : lorsqu'il dessine les personnages en civil, son style cartoony, parfois aussi influencé par le manga, est sympathique ; en revanche il est plus inégal quand il s'agit de composer des scènes d'action sans sacrifier des éléments visuels (en particulier les décors, comme beaucoup de ses collègues sous pression).

Le dernier arc dessiné par Immonen est en fait un tie-in au crossover Ultimatum écrit par Jeph Loeb et dessiné par David Finch : je ne l'ai pas lu, échaudé par des critiques très négatives et parce que je n'aime guère ce scénariste et cet artiste. Il s'agissait à l'époque de bouleverser l'univers Ultimate après 9 années d'existence, en sacrifiant plusieurs personnages dans une saga spectaculaire et violente. Avec le recul, cette initiative a surtout marqué le début de la fin pour cette collection : Marvel aurait sans doute été plus inspiré de confier les séries de la gamme à de nouveaux auteurs et artistes aussi novateurs que Millar, Bendisn, Hitch, Bagley, Ellis, plutôt que d'infliger cet électrochoc qui n'a rien revitalisé. Aujourd'hui, les parutions Ultimate ont disparu, même si une série Ultimates (sans rapport avec celle originale de Millar et Hitch) est publiée et que le Ultimate Spider-Man toujours écrit par Bendis a été transféré dans l'univers classique de l'éditeur. Quel triste gâchis...

Bendis se sort pourtant excellemment de la contrainte consistant à aligner sa série fétiche à une ligne narrative qu'il n'a pas choisi : il respecte les rebondissements imaginés par Loeb et décrit leurs conséquences sur la vie de Spider-Man et ses proches. La présence de Hulk, les dommages subis par le sanctum santorium du Dr Strange fournissent des péripéties très bien exploitées. Mais le plus fort est ailleurs.

Le scénariste choisit en effet de clore son arc avec un épisode entièrement muet, ce qui est à la fois un pied-de-nez à sa réputation de dialoguiste bavard et un défi narratif. Le résultat est de toute beauté, avec un dénouement poignant - qui aurait été une conclusion à la carrière de Peter Parker bien meilleure que celle qui aura lieu plus tard.

Pour réussir cela, il fallait un artiste du calibre de Immonen, dont le génie expressif, le talent pour rendre compte de la gestuelle des personnages, et le soin apporté aux décors (New York sous les eaux) transcendent l'exercice de style en démonstration graphique. Les doubles pages qui émaillent ces derniers épisodes sont fabuleuses, l'encrage de Wade Von Grawbadger parfait et la colorisation de Justin Ponsor est extraordinaire.

En 21 épisodes, le tandem formé par Bendis et Immonen auront régalé les amateurs de cette version alternative de l'homme araignée : la complicité évidente entre les deux partenaires ne faisait que commencer, puisqu'ils renouèrent avec des épisodes de New Avengers et surtout All-New X-Men.

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