Ce troisième épisode de Doctor Strange par Jed MacKay et Pasqual Ferry promet beaucoup mais ne comble pas suffisamment. Il semble avoir été écrit sans beaucoup d'inspiration et dessiné avec peu d'application. Pour ne rien arranger, on a droit à une back-up story par Amy Chu et Tokitoro mettant en scène Strange et surtout Nico Minoru, d'une laideur repoussante.
Alors que Wong informe Doctor Strange et Clea du meurtre de Agammon, sorcier suprême de la dimension pourpre, Stephen doit se préparer pour sa rencontre annuelle avec Dormammu, l'oncle de Clea, afin que ce dernier n'envisage pas de nouvelles attaques dans notre dimension.
Que s'est-il passé pour que ce troisième épisode soit aussi raté, tombe autant à côté ? Jusqu'ici, ce relaunch de Doctor Strange faisait un sans-faute avec un scénariste qui avait bien en main ses personnages et un dessinateur à même de représenter ses aventures avec toute la fantaisie requise. Et là, patatras !
Déjà, le mois dernier, alors qu'on pouvait s'attendre à un développement concernant le meurtre d'Agammon, le sorcier suprême de la dimension pourpre survenu à la toute fin du premier épisode, Jed MacKay nous embarquait dans le royaume de Cauchemar. Bon, les formes y étaient, donc ça passait.
Cette fois l'épisode s'ouvre par une communication de Wong à son ancien maître au sujet de l'assassinat d'Agammon et on se dit : cette fois, on va en savoir plus. Mais non ! Et c'est parti pour une histoire qui n'a rien à voir, très bavarde et qui s'achève sur un cliffhanger encore sans lien avec ce qui nous intéresse.
On dit que le plaisir est dans l'attente, à condition de toutefois ne pas en abuser. Et c'est bien pourtant ce que fait Jed MacKay en différant toujours un peu plus l'intrigue qu'il a lui-même initiée. Il est donc question d'une rencontre se déroulant sur toute une journée entre Stephen Strange et Dormammu au cours de laquelle ils vont parlementer pour que ce dernier renonce à attaquer notre dimension.
Pour subsister sur ce plan de la réalité, Dormammu doit habiter un corps humain, celui d'un individu qui le vénère. Il a jeté son dévolu sur un ambitieux conseiller financier qu'il consume à mesure que les heures passent. Strange le sait mais ne semble pas pressé de sauver le pauvre bougre.
On assiste donc à un long dialogue entre les deux ennemis sur un ton badin et au cours duquel Strange rappelle le nombre de fois où il a affronté et défait Dormammu, parfois seul, parfois avec de l'aide. On en retient que Dormammu n'a jamais abdiqué, jamais abandonné le projet de vaincre le sorcier suprême et du coup, on se demande s'il est complètement idiot ou tout simplement entêté. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on n'a jamais le sentiment qu'il est un quasi-dieu, doté d'une puissance colossale, dans cet échange très mondain.
Jed MacKay écrit tout cela avec une telle désinvolture qu'on se demande s'il ne se moque pas un peu de nous comme quand Dormammu, qui est aussi l'oncle de Clea, la compagne de Strange, constate que ces deux-là se sont retrouvés mais se demande combien de temps leur couple va durer cette fois. D'un côté, on peut admettre que Strange ne considère pas Dormammu avec beaucoup de sérieux puisqu'il joue à domicile. Mais sa nonchalance confine à la suffisance et son interlocuteur encaisse ses moqueries avec une impassibilité étonnante. et difficilement concevable.
A la fin de l'épisode, enfin, Strange s'inquiète de l'hôte de Dormammu et utilise une manoeuvre risquée pour le sauver. Je vous laisse la découvrir mais encore une fois, ça ne ressemble guère au Doctor de jouer au feu de cette manière et surtout d'agir aussi tardivement. Sans compter que notre conseiller financier ne paraît pas très entamé physiquement et psychologiquement alors qu'au début de l'épisode on nous a expliqué que plus Dormammu passait du temps dans notre dimension, plus son hôte se décomposait.
Visuellement, c'est à peine si on reconnaît le Pasqual Ferry des deux premiers épisodes. Même informatisé, son trait paraît à peine esquissé, et à plusieurs reprises pour représenter les décors de la ville, il a recours à des fichiers photographiques qu'il ne retouche pas. L'effet est affreux, on se croirait revenu au temps où Kirby faisait des collages. Comment un artiste digne de ce nom peut-il croire que le lecteur ne va pas remarquer ces effets grossiers et peu esthétiques.
Ferry est également incapable de donner à Dormammu une présence inquiétante. Seule sa tête enflammée permet de l'identifier clairement puisque le reste de son corps est celui du conseiller financier, en costume noir. Mais justement le visage de Dormammu est suffisamment spectaculaire habituellement pour qu'on ressente le mal qui en émane, sauf que Ferry renonce à tout détail et laisse à sa coloriste, Heather Moore, le soin de remplir ses lignes et le résultat n'est franchement pas à la hauteur.
Sachant que le prochain épisode sera entièrement consacré à Wong et l'unité dédiée à la magie du SHIELD, le W.A.N.D., dessiné par le médiocre Andy MacDonald, je pense que je vais zapper. Mais Ferry a intérêt à revenir en meilleure forme pour le #5 - et encore, il sera remplacé ensuite au #6 par Juan Gedeon... Tout ça est fort dommageable pour un titre qui revient juste.
Encore un mot : l'épisode est complété par une back-up story écrite par Amy Chu et mettant en scène Nico Minoru, membre des Runaways, avec en guest-star Dr. Strange. Je vais être honnête en avouant avoir renoncé à la lire parce que c'est dessiné dans un style manga par Tokitoro. Et moi, le manga, désolé, mais je n'y arrive vraiment pas.
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