Pour ce pénultième épisode de cet arc, Mark Waid et Dan Mora ne se retiennent plus. Pour un peu, le titre de la série, Batman - Superman : World's Finest, ne suffirait plus car les guests se multiplient. C'est logique vu l'ampleur de la menace à laquelle font face les héros et qui, jusqu'à le dernière page, maintient le lecteur en haleine.
Les Intelligences Artificielles dirigées par Newmazo prennent le contrôle. Superman et Batman tentent de trouver un moyen avec Will Magnus, le créateur des Metal Men, comment renverser la situation, en commençant par se débarrasser d'Ultramorpho. Les renforts arrivent et parmi eux, Robin et Wonder Woman, sont envoyés à la recherche de T.O. Morrow, le créateur de Red Tornado et rival d'Anthony Ivo...
Comme pour Marvel, les sollicitations de Septembre pour les publications DC Comics sont tombées cette semaine. On y a appris, entre autres choses, que les n° 18 et 19 seront dessinés par Travis Moore, qui revient sur le titre donc, pour non pas un fill-in mais un arc en deux parties (il s'agira d'un flashback sur la première rencontre entre Clark Kent et Bruce Wayne, qui aurait pur empêcher l'amitié entre leurs alter egos).
On a aussi appris que de nouvelles séries allaient émerger au sein de Dawn of DC, comme le retour de Birds of Prey (avec Kelly Thompson et Leonardo Romero). Mais toujours pas de retour annoncé pour Justice League. DC joue la montre et va sûrement maintenir le suspense jusqu'à la fin de l'année.
Pourquoi je vous parle de ça dans la critique de World's Finest #16 ? Parce que, plus que jamais jusqu'à présent, ce numéro montre que si la Justice League n'a plus de série régulière, son souvenir est entretenu, dans les pages de Batman - Superman en particulier.
Mark Waid sera-t-il le futur auteur qui relancera l'incarnation contemporaine de la Ligue des Justiciers ? Ce serait bien, mais aussi improbable vu le nombre de projets sur lequel il est engagé (il va lancer en Juillet World's Finest : Teen Titans, avec Emanuela Lupacchino qui se déroulera également dans le passé, en même temps que la mini-série Superman : The Last Days of Lex Luthor, avec Bryan Hitch, et il continue Shazam !, y compris pendant Knight Terrors, avec Mary Marvel en vedette pendant deux mois).
Non, si Waid entretient la mémoire de la Justice League, c'est d'abord pour son propre profit puisqu'il a développé dans l'arc en cours de World's Finest une intrigue encore plus spectaculaire que d'habitude et qui nécessite la présence massive de super-héros face à un danger global que Batman et Superman sont incapables de contenir seuls.
Alors que Marvel a franchi le Rubicon en employant l'Intelligence Artificielle pour le générique de la série Secret Invasion sur Disney +, ce qui a provoqué une levée de boucliers de plusieurs artistes désirant qu'on en réglemente l'usage, c'est ce même problème qui est au centre de l'histoire de World's Finest, avec une prise de contrôle massive et agressive de robots, androïdes et autres machines, sous l'impulsion de Newmazo, la version perfectionnée et autonome de Amazo.
Waid a eu du nez et prouve qu'il sait exploiter des idées bien dans l'air du temps pour les rendre intemporelles et palpitantes. Finalement, plus que Batman, Superman, c'est bien la Justice League qui empêche la catastrophe ici, avec la présence de Flash (Barry Allen), Wonder Woman, Green Arrow, Green Lantern, Supergirl, Robin, Metamorpho, Firestorm, Hawkman. Et périphériquement les travaux de trois savants concurrents : le gentil Will Magnus, créateur des Metal Men, et les deux méchants, Anthony Ivo, dépassé par sa créature Amazo, et T.O. Morrow, concepteur de Red Tornado.
Au fil des rebondissements spectaculaires, Dan Mora gratifie le lecteur de planches jubilatoires, riches en poses iconiques mais aussi en mises en scène soulignant à la fois le côté désespéré de cette crise et l'émulation qu'elle créé chez les super-héros. Batman est plus que jamais décrit comme un génie tactique, qui n'hésite pas à agir comme un général commandant ses troupes, tandis que Superman est son bras armé le plus puissant mais aussi le plus vulnérable (à cause d'Ultramorpho).
L'arrivée de cette Justice League dans le labo d'Ivo et le twist final sont de grands moments, mais c'est bien dans son ensemble, et parfois dans ces détails, que Mora et Waid nous font le plus plaisir. Ainsi quand Batman réprime une légère vexation lorsqu'il comprend que Ivo a sélectionné les plus grands génies de l'univers DC sauf lui. Ou encore quand on comprend que Newmazo a pris la place d'un des membres de la Ligue sans que personne ne l'ait vu (y compris le lecteur)
On ne peut pas dire que World's Finest réinvente la roue, et sans doute est-ce là une de ses limites : située dans le passé et ne pouvant donc pas trop le réécrire, faisant primer l'efficacité contre l'originalité, la série a le défaut de ses qualités. Elle est impeccable, irrésistible, mais pas novatrice. Si votre exigence n'est comblé que par ce petit plus qui dépasse ces critères, alors vous avez le droit de trouver World's Finest presque routinière, enfermée dans son principe. Sinon, vous pouvez vous en régaler sans modération car c'est parfaitement écrit et dessiné, c'est du popcorn comics absolu, imparable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire