Depuis quelques semaines, on trouve dans les grandes surfaces Carrefour une dizaine d'albums softcovers à bas prix (3,99 E) d'une collection intitulée Marvel Gold. Panini Comics permet ainsi de (re)découvrir des séries mettant en scène des équipes où, je cite, "parfois les super-héros ne sont pas la solution, mais le problème". J'en ai profité pour faire quelques acquisitions, comme ce volume consacré aux Uncanny Avengers (vol. 3), datant de 2015, rassemblant les épisodes 1 à 6 et 9 à 12.
Lancé Décembre 2015, après l'event Secret Wars, ce volume de Uncanny Avengers succède donc au run sur le titre de Rick Remender. La série est alors confiée à Gerry Duggan, pour le scénario, et Ryan Stegman (les épisodes 0 à 4), Carlos Pacheco (les épisodes 5-6) et Pepe Larraz (les épisodes 9 à 12) pour les dessins. On trouve donc trois arcs dans cet album et si les n°7 et 8 manquent, ce n'est pas grave car il s'agissait de tie-in au crossover Standoff.
Dans un premier temps, nous faisons donc connaissance avec la nouvelle formation des Uncanny Avengers, aussi appelée équipe unité. Le rôle des Inhumains dans l'event Infinity (au terme duquel Flèche Noire a réveillé des Inhumains "dormants") a pour conséquence que ce groupe accueille désormais des héros traditionnels, des mutants et des inhumains : Steve Rogers (qu'il est devenu un vieillard dans la série Captain America écrite par Rick Remender) commande Malicia, Doctor Voodoo, la Torche Humaine (Johnny Storm), Synapse, Deadpool, Spider-Man qui sera vite remplacé par Vif-Argent. Et leur premier adversaire est l'Homme Broyé, un inhumain qui veut purger la Terre des humains qu'il juge écocides.
L'astuce tient principalement au fait que l'Homme Broyé, Ivan Guerrero, est l'oncle de Synapse, Emily Guerrero. Gerry Duggan expédie cette affaire à un rythme effréné, congédiant Spider-Man avant la fin du 1er épisode (au motif qu'il ne peut travailler avec Deadpool, bien que celui-ci ait été recruté par Steve Rogers) et invitant Cable dans la partie. Le scénariste, qui a écrit de nombreux épisodes de la série Deadpool n'a pas résisté à l'envie de réunir le mercenaire grande gueule avec le mutant voyageur temporel avec qui il se chamaille couramment.
Néanmoins, Duggan laisse de la place aux autres membres et notamment il exploite l'idée que la brume tératogène des Inhumains rendent malades les mutants et les tuent à petit feu, comme c'est le cas chez Malicia. Editorialement, à cette époque, Marvel ne fait pas mystère de son intention de remplacer les mutants (dont l'éditeur n'a pas les droits d'exploitation cinématographique) par les inhumains (au point de co-produire avec AMC une série télé, catastrophique), mais l'idée fera long feu à cause de la colère des fans.
Malgré ces contraintes, Duggan mène sa barque avec beaucoup de maîtrise et d'efficacité, la lecture est tonique. Et au dessin, même si je ne suis pas fan, Ryan Stegman ne s'économise pas. Son style détaillé et son trait qui n'hésite pas à exagérer les expressions, à jouer avec les proportions, est dynamique.
Suit un arc très bref en deux numéros où le scénario se concentre sur une mission avec Malicia, Deadpool et la Torche (et un peu Cable). Les trois co-équipiers se rendent à Bagalia pour savoir où se cache Crâne Rouge qui, rappelons-le, s'est fait transplanter le cerveau de Charles Xavier, héritant du même coup de ses puissants pouvoirs télépathiques.
En parallèle, on suit Synapse qui est approché par les Inhumains pour rejoindre la Nouvelle Attilan. Mais après le combat contre son oncle et alors qu'elle en est encore à composer avec ses pouvoirs fraîchement acquis, la jeune femme hésite...
On ne peut pas lire ces deux épisodes sans un pincement au coeur puisqu'ils sont dessinés par le regretté Carlos Pacheco. Et l'artiste espagnol livre une prestation de haut niveau, produisant des planches magnifiquement composées, de ce trait si élégant, avec des décors soignés et des personnages à l'allure charismatique. C'est un fill-in de luxe dont le coup de crayon donne une classe indéniable à cet entracte.
Duggan, lui, reprend une intrigue amorcée durant le run de Rick Remender et qui va alimenter le reste de ses épisodes jusqu'au dernier arc. Bien entendu, la manière dont Crâne Rouge a hérité des pouvoirs de Xavier (tué par Cyclope au terme de Avengers vs. X-Men) n'est pas l'idée la plus fameuse de Remender, mais Duggan en fait un usage très malin.
Le petit détour par la Nouvelle Attilan souligne encore une fois la volonté d'alors de Marvel de mettre les Inhumains sous les feux des projecteurs (ils étaient les stars de plusieurs séries : Uncanny Inhumans, All-New Inhumans, Inhuman, Karnak). Et l'on se dit que, entre les mains d'un auteur ambitieux (comme Hickman), sans vouloir remiser les mutants, l'éditeur aurait pu en faire quelque chose d'intéressant (même si Charles Soule, à l'époque, n'a pas démérité).
Enfin, après deux épisodes non retenus dans cet album, en relation avec le crossover Standoff, une troisième partie exploite encore une idée de Rick Remender (on notera que, comme aujourd'hui sur X-Men, Duggan poursuit des plots lancés par ses prédécesseurs) puisque, à la fin de l'épisode 4 on assistait au retour sur Terre de Hank Pym/Ultron.
Pour bien tout comprendre, dans le graphic novel Rage of Ultron, Rick Remender imaginait la confrontation ultime entre Hank Pym et Ultron qui finissaient par fusionner et se neutraliser, dérivant dans le vide sidéral au terme d'un combat épique. Gerry Duggan décide que le créateur et sa créature ont fusionné et sème le doute sur lequel des deux a pris l'ascendant sur l'autre en revenant sur Terre. La suite est prévisible mais spectaculaire.
Entre temps, on peut voir que Steve Rogers a rajeuni et arbore un nouveau costume et un nouveau bouclier (il y a alors deux séries Captain America, écrites par Nick Spencer, et cette situation aboutira à l'event Secret Empire et à la révélation que Steve Rogers a été remplacé en vérité par un agent de l'Hydra).
La bataille qui oppose Pym/Ultron nécessite l'intervention de Iron Man (dans son armure Hulkbuster), de la Guêpe (qui intégrera ensuite les Uncanny Avengers) et de Vision. Et c'est Pepe Larraz qui dessine tout ça. Déjà, le prodige espagnol impose son style énergique et racé dans des planches grandioses, surclassant Stegman et Pacheco, bien avant House of X.
Larraz va devenir le regular artist du titre, tout juste suppléé de temps en temps. Duggan, qui retrouvera Larraz sur X-Men, s'appuie sur la virtuosité de son partenaire pour lâcher les chevaux avec une histoire spectaculaire, au rythme soutenu, avec des coups de théâtre, et une issue incertaine jusqu'au bout. A eux seuls, ces épisodes justifient l'achat de cet album.
A l'occasion je vous parlerai des autres tomes que je me suis procurés dans cette collection et que je vous encourage à acheter, vu leur prix et leur contenu.
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