Superman : Son of Kal-El #9 est la suite de Nightwing #89, paru le 15 Février dernier, qu'il faut absolument avoir lu avant. En revanche, autant être clair tout de suite : cette histoire ne trouve pas son terme ici et il semble bien qu'il faudra suivre Superman : Son of Kal-El pour en connaître la fin. En revanche, Bruno Redondo signe encore les dessins, ce qui est toujours une bonne nouvelle.
Suite aux meurtres de trois méta-humains, Oracle prévient les super-héros de ne plus sortir seuls. Nightwing et Superman (Jon Kent) enquêtent et attirent l'attention des tueurs. Ceux-ci, au nombre de trois, se font appeler l'Ascension et entendent bien exécuter d'autres victimes.
Mais face à Superman et Nightwing, ils sont défaits. L'un est fait prisonnier tandis que les deux autres battent en retraite. Mais avant d'avoir pu interroger leur prisonnier, Superman et Nightwing assistent à sa désintégration ordonnée à distance par Henry Bendix.
De retour chez les Kent, Dick Grayson confie à Lois Lane qu'il va financer "La Vérité", le site d'infos de Jon Kent, et il aimerait qu'elle en soit le visage. Puis il monte à l'étage réconforter Jon à qui il offre d'être son mentor.
Sur ces entrefaîtes surgit Jay Nakamura que Jon présente à Dick comme le créateur de "La Vérité". Celui-ci montre sur une tablette une vidéo mise en ligne par Gamorra (donc Bendix) et suggérant que Superman a tué un des membres de l'Ascension...
Bon, on va commencer par être désagréable. J'espérai lire ce crossover en deux parties, entre les séries Nightwing et Superman : Son of Kal-El, en ayant une histoire complète. Ce n'est pas le cas et c'est frustrant. On a quand même le sentiment que Tom Taylor a voulu alpaguer au passage les fans de Nightwing pour les convaincre de lire aussi Superman : Son of Kal-El, et la démarche est trop grossièrement affichée pour ne pas déplaire.
Qu'un scénariste écrive plusieurs séries, ce n'est pas un problème. Ce qui me pose davantage problème, c'est quand ils les connectent en croyant que les lecteurs de l'une vont forcément, apr un tour de passe-passe éditorial et narratif, aussi acheter l'autre. Le principe d'un crossover, ce n'est pas d'hameçonner les fans pour leur tordre leur poignet mais plutôt les inviter temporairement à naviguer d'un titre à l'autre.
Donc, vous l'auree compris, on ne connaîtra pas le terme de l'intrigue amorcée le mois dernier dans Nightwing #89 dans ce Superman : Son of Kal-El #9. L'épisode se conclut sur un cliffhanger déplaisant parce que, justement, Tom Taylor a profité de Nightwing pour débuter une histoire qui sera développée dans Superman : Son of Kal-El. Or, moi, et je ne pense pas être le seul, je n'ai aucune intention de suivre cette série, même pour connaître le fin mot de cette intrigue.
Superman : Son of Kal-El... Déjà, c'est un mauvais titre. On peut comprendre évidemment que ni DC ni Tom Taylor n'ait voulu renoncer à conserver le nom de Superman car il reste attractif. Mais ce "Son of Kal-El" alourdit l'énoncé et sème la confusion. On pourrait dire que tout est la faute de Brian Michael Bendis qui a accéléré (un peu artificiellement, il est vrai) l'âge de Jon Kent et que, désormais, il faut bien faire avec, et donc qu'il est nécessaire de préciser que Superman est désormais incarné dans la série éponyme par son fils.
Mais on peut également objecter que DC aurait pu donner à Jon Kent un pseudonyme propre et une série avec cet alias, car honnêtement, personne n'est dupe : Superman, c'est Kal-El, Clark Kent, pas le fils de Kal-El. Et d'ailleurs, c'est ce qu'illustre le traitement du personnage par Tom Taylor.
Car, si on met de côté l'intrigue, le propos véritable de ce crossover, c'est bien le malaise existentiel de Jon Kent, qui assume difficilement de succéder à son père en portant le même pseudo que lui - et c'est compréhensible. Par ailleurs, Taylor revient, avec à-propos, sur l'épreuve qu'a vécu le jeune homme durant le run de Bendis, et qui a accéléré sa croissance. Un trauma de plus dont il n'a jamais parlé à personne de proche. Etait-il si incongru de titrer cette série simplement Superboy ? En tout cas, ç'aurait été plus approprié. Car Jon Kent est encore un Superboy.
Dans un dialogue éloquent, Dick Grayson évoque le fait que lui et Jon Kent sont les fils (même si Dick n'est qu'un fils adoptif) de légendes. C'est difficile de vivre, de grandir, et d'exister dans l'ombre de héros tels que Superman et Batman. Dick parle avec d'autant plus d'expérience qu'il a endossé à plusieurs reprises le costume et l'identité de Batman et a pu mesurer quelle resposnabilité écrasante cela induisait. En tant qu'ex-Robin, il s'est émancipé de Batman en devenant Nightwing. Mais aucun scénariste ni editor n'a fait l'erreur de publier une série intitulée "Batman : Son of the Dark Knight"...
Ce sont ces moments-là, où Nightwing endosse le rôle de grand frère pour Jon qui fournissent le meilleur de cet épisode (et du crossover). On voit bien la différence entre les deux héros, Dick ayant hérité du surnom de Nightwing par Superman (Kal-El), en échappant à Batman, et en ayant juré à Superman qu'il veillerait sur son fils. Au fond, Jon Kent est encore un gamin avec l'âge mental d'un ado de seize ans dans le corps d'un jeune adulte et quand on prend en compte ce décalage, on comprend son malaise (par rapport à fait de ne pouvoir sauver tout le monde, de remplacer son père, de voir un ennemi mourir sans qu'il puisse l'empêcher, d'être accusé de meurtre....). Je me répéte mais avec une série Superboy, tout cela serait beaucoup plus percutant, éloquent.
En revanche, l'excellente surprise de cette deuxième partie du crossover, c'est que Bruno Redondo la dessine. Ainsi le projet conserve son unité esthétique et sa qualité graphique. Redondo peut parfois être un poil lassant par son usage de l'infographie (notamment dans les décors, impersonnels au possible), mais c'est un vrai narrateur, qui veut bien faire et soigne ses détails.
Il met en valeur de manière brillante la complicité sur le terrain de combat entre Nightwing et Superman, chacun pouvant compter sur l'autre. Sa maîtrise de Nightwing offre au lecteur les meilleures pages, avec un découpage des acrobaties toujours aussi dynamique. Au passage, on découvrira une nouvelle capacité du costume du justicier de Blüdhaven, sans que cela ne soit un gadget un peu facile (après tout ce costume a été conçu par Mr. Terrific et on admet donc qu'il en a peaufiné les attributs).
Néanmoins, Redondo n'est pas non plus maladroit quand il met en scène Superman, dont il souligne la force tranquille, mais aussi, donc, la fragilité émotionnelle. Avec ce dessinateur, on en a pour son argent car il sait comment rendre vivante aussi bien une bagarre qu'une discussion dans une chambre, sans même avoir à recourir à des pages farfelues. On notera aussi que Redondo a reçu le soutien pour l'encrage de Wade von Grawbadger, dont l'expérience avec Stuart Immonen lui permet de se fondre dans n'importe quel style (et effectivement, on ne voit absolument pas sur quelles planches il est intervenu, collant parfaitement au trait de Redondo).
Bref, s'il fallait tirer un bilan de ce crossover de poche, je dirai qu'il est frustrant, et même un peu triché, mais tout de même sympathique et touchant.
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